Arpejeh : les entreprises jouent la gamme !

Cinq grandes entreprises privées ont crée, en 2008, Arpejeh, une association qui a pour but d'informer, d'accueillir et d'accompagner les collégiens, lycéens et étudiants en situation de handicap. Le point avec Boris Bertin, délégué général.

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Que signifie le sigle Arpejeh ?
Accompagner la Réalisation des Projets d'Etudes de Jeunes Elèves et Etudiants Handicapés.

Comment cette association a-t-elle vu le jour ?
En février, SFR réalise, avec TH Conseil, une grande enquête sur la scolarité des jeunes handicapés. L'entreprise, en particulier son directeur de l'innovation, avait constaté un déficit de qualification des travailleurs handicapés, qui l'empêchait, notamment, d'atteindre les 6% d'embauche, et souhaitait étudier, en amont, les raisons du problème. Les conclusions de l'étude ont été présentées en juillet 2007. Nous avons ensuite mis en place des groupes de travail et les premiers statuts d'Arpejeh (association loi 1901) ont été signé en avril 2008 avec cinq entreprises signataires : SFR, Air France, LVMH, RTE et L'Oréal.

Certaines de ces entreprises sont très haut de gamme. S'investir dans des questions de handicap n'est-ce pas un peu « compromettant » pour leur image ?
Avoir une démarche en faveur de la diversité, c'est au contraire très porteur. Mais ce ne sont pas les raisons qui les motivent. Elles ont trouvé, par le biais d'Arpejeh, un moyen d'affirmer leur responsabilité sociale. C'est aussi souvent une affaire de personne : certains responsables de ces entreprises sont touchés de manière plus ou moins personnelle par le handicap. Leur engagement suffit parfois à impliquer l'adhésion de l'ensemble de leur société.

S'il n'y avait pas cette obligation d'embauche, ces entreprises auraient-elles la même implication ?
Oui, évidemment, cette initiative à vu le jour « à cause » des fameux 6% et on pourrait considérer qu'elles ne s'impliquent que parce qu'elles y sont contraintes. Mais rien ne les obligeait à travailler en amont et à s'intéresser au sort des élèves et étudiants handicapés. Elles souhaitent vraiment faire évoluer la situation pour favoriser leur formation et leur qualification et faciliter, au terme, leur insertion professionnelle.

Ces entreprises fondatrices ont-elles atteint ce quota des 6% d'embauche de travailleurs en situation de handicap ?
Non, et c'est bien là tout le problème. Elles oscillent entre 1 et 4 %, ce qui correspond à la moyenne de toutes les grandes sociétés du CAC 40.

Elles sont donc tenues de verser une contribution légale à l'Agefiph ? C'est ce budget qui est réinvesti dans Arpejeh ?
En effet, depuis 2005, elles ont la possibilité de signer un accord avec les partenaires sociaux pour conserver le montant de la contribution et mener des actions favorisant l'emploi des personnes handicapées. Il a donc fallu rencontrer la Direction générale de l'emploi et de la formation professionnelle pour valider la légitimité de notre projet.

Quelles ambitions, quel avenir pour votre association ?
Nous avons démarré avec 5 entreprises il y a moins d'un an. Aujourd'hui nous sommes 18, et je souhaite que nous puissions diversifier les secteurs professionnels, donc développer les propositions en directions des élèves et des étudiants.

De quelle manière Arpejeh s'implique-t-elle auprès des étudiants ?
Nous les informons sur leur parcours professionnel, nous répondons à leurs interrogations et nous les aidons à trouver des stages au sein des entreprises membres. C'est avant tout un accompagnement humain et professionnel.

Ce qui signifie qu'en aucun cas vous ne les aidez financièrement ?
Nous avions prévu cette possibilité à la genèse du projet mais nous n'avons pas donné suite car Arpejeh ne veut pas devenir une « Agefiph bis » pour étudiants et nous ne souhaitons pas venir en substitution des organismes publics en charge de ces questions.

Tous les étudiants peuvent vous solliciter, quelle que soit leur filière ?
Il faut évidement que leurs études puissent s'intégrer dans les domaines d'activité des entreprises membres. Pour le moment, nous n'avons pas grand-chose à proposer à ceux qui font un master en musique ou en histoire de l'art. Mais, avec l'arrivée de nouveaux partenaires, nous ne désespérons pas d'étendre nos opportunités à de nombreux secteurs.

Dès lors qu'un étudiant a fait un stage dans une entreprise, peut-on imaginer qu'il y soit embauché ?
C'est évidemment une possibilité. Même si nos actions ne s'inscrivent pas dans une démarche de pré-recrutement (a fortiori pour les collégiens qui sont en 3ème), on peut facilement imaginer qu'une rencontre dans le cadre d'un stage puisse faire naitre une histoire commune et générer ensuite une embauche.

Combien d'étudiants avez-vous déjà placés depuis la création de l'association ?
27 pour le moment mais nous n'en sommes qu'au début. Même si, pour l'instant, les stages sont surtout proposés en Ile-de-France, nous menons des actions de communications pour étendre notre réseau à toute la France. Il faudra, à terme, que notre existence soit connue dans tous les établissements scolaires, par plusieurs biais : les inspecteurs d'académie et les enseignants référents, le réseau associatif, et le CNSA, chef d'orchestre des MDPH.

Comment les étudiants peuvent-ils vous joindre ?
Sur notre site, www.arpejeh.com, rubrique « Contact ». Nous répondons dans la semaine. Mais je précise que nous ne sommes pas une hotline et notre vocation actuelle est principalement de répondre aux demandes de stages.

Propos recueillis par Emmanuelle Dal 'Secco

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