Fondation Steria : cyber mécénat

Lorsque les entreprises s'engagent à réduire la fracture informatique... Interview à tout clic de Dominique Lambert, déléguée générale de la Fondation Steria-Institut de France, qui met l'informatique au service de l'Homme.

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Handicap. fr : Pourquoi l'entreprise Steria, société de services en informatique, a-t-elle créée cette Fondation Steria-Institut de France ?
Dominique Lambert : C'est lié à l'histoire de l'actionnariat salarié, mis en place dès la création de la société en 1969. Lors de notre entrée en bourse en 1999, la société de portage qui alimentait le marché de l'actionnariat interne n'avait plus lieu d'être. Que faire de ces fonds ? Un comité de réflexion s'est réuni. Nous pensions qu'il était possible de faire collectivement un pas de plus en engageant l'entreprise dans une démarche de solidarité sociale, notamment pour réduire la fracture numérique. C'est ainsi qu'est née l'idée d'une Fondation Steria, en avril 2001, sous l'égide de l'Institut de France.

H : Quelles sont les ambitions des bourses accordées par votre fondation depuis 5 ans ?
DL : La Bourse de la Fondation Steria - Institut de France, dont le montant s'élève à 15 000 euros, vise à soutenir les « projets solidaires » d'étudiants d'écoles d'ingénieurs ou de commerce, mettant les technologies de l'information au service de publics en difficulté, qu'ils soient handicapés ou non, en France mais aussi dans des pays en voie de développement. L'idée est de donner un coup de pouce à des projets innovants soit technologiquement soit socialement. En dehors de cette bourse dédiée aux étudiants, la Fondation soutient également des projets proposés par des associations ou des collaborateurs de l'entreprise.

H : Quelques exemples de projets étudiants?
DL : Un clavier virtuel pour handicapés moteur gratuit et paramétrable pour tous types de handicap, un outil pour faciliter l'accès à l'informatique des seniors, la création d'un centre informatique au Bénin et la formation du personnel enseignant...

H : Pourquoi avoir choisi de soutenir, notamment, le handicap ?
DL : Parce que c'est un domaine où les technologies de l'information, au cœur de notre expertise, peuvent apporter un bénéfice réel. Steria délivre des services qui s'appuient sur ces nouvelles technologies et permettent de faciliter la vie du plus grand nombre et notamment des publics handicapés.

H : En dehors d'un mécénat financier, vous mettez également à disposition votre savoir-faire ?
DL : Oui, d'une certaine façon puisque tous les projets bénéficient du soutien humain d'un parrain bénévole, collaborateur de Steria, qui agit en tant de chef de projet pour faire en sorte que le cahier des charges soit respecté, et qui accompagne l'association soutenue jusqu'à la réalisation.

H : Quel est le projet primé par la Bourse de la Fondation cette année ?
DL : En réalité, il y en a deux, le jury ayant estimé qu'ils étaient tous deux de qualité et méritaient d'être soutenus. Le premier, proposé par des étudiants de Télécom Sud Paris, a pour objectif la création d'un cursus de formation à l'informatique au Bénin. L'autre, c'est VAO (Vision assistée par ordinateur), proposé par les étudiants de l'ESIEA, qui vise à concevoir un logiciel de traitement de l'image s'intégrant dans une loupe numérique portable, par exemple dans des lunettes, pour les personnes atteintes de déficit visuel. C'est un peu compliqué mais très prometteur et terriblement innovant ! Il a pour objectif d'aider les malvoyants à lire des documents sur un écran informatique comme sur des supports physiques.

H : Steria emploie 19 000 collaborateurs dans 16 pays mais, au regard de cette implication, respecte-t-elle l'obligation d'embauche de 6% de travailleurs handicapés imposée par la loi ?
DL : Nous avons signé un accord avec l'Agefiph il y a 2 ans pour nous aider à employer et recruter davantage de personnes handicapées et nous rapprocher des 6% requis. En parallèle, une mission handicap, devenue « diversité » a été mise en place. Comme la plupart des entreprises, nous avons bien du mal à atteindre ce quota. Nous recrutons surtout des employés à Bac +3 mais les personnes en situation de handicap ont souvent des parcours chaotiques qui pénalisent leurs études. Nous sommes malgré tout en train de mettre en place un partenariat avec des organismes spécialisés pour favoriser la formation des étudiants handicapés. C'est une réelle volonté en cohérence avec le travail de Steria. Et certains des outils développés grâce à nos bourses, comme le clavier virtuel, sont évidemment proposés à nos employés handicapés.

H
: D'autres entreprises de votre secteur s'impliquent-elles de la même façon ? Est-ce une « mouvance » dans l'air du temps ?
DL : Dans ce domaine, la loi sur les fondations, qui permet une défiscalisation, a été incitative. On remarque un réel changement dans la prise de conscience des entreprises, notamment par le biais de politiques de mécénat. On parle beaucoup des responsabilités sociale, économique, environnementale, et sociétale de l'entreprise. Il y va aussi de son attractivité.

Propos recueillis par : Emmanuelle Dal'Secco

 

 

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