Témoignage : AVS : une maman en colère !

Laurence Sandeau est la maman de Maxime, 15 ans, IMC. Les galères de l'intégration scolaire, elle connaît. Depuis quinze ans, elle lutte, pour son fils, pour les autres... Et, malgré la loi de 2005, elle prétend que les choses ne s'arrangent pas.

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Handicap.fr : Pourquoi êtes-vous en colère ?
Laurence Sandeau : Parce que j'en ai ras le bol d'entendre dans les médias que tout est fait pour l'intégration scolaire de nos enfants handicapés et leur accompagnement par les AVS (Auxiliaire de vie scolaire).  On se fout de nous, de nos enfants, des AVS, on rajoute encore davantage au désarroi et au désespoir face à un avenir scolaire bien sombre, en évoquant un soi disant peut-être futur métier d'« auxiliaire de vie scolaire ».

H : Quelle est la situation aujourd'hui ?
LS : Lors d'une réunion la semaine passée, j'apprends, malgré les déclarations dans les médias, qu'il n'y aura plus de recrutement d'AVSI mais seulement d'EVS (emploi de vie scolaire), et recrutement fait par les établissements eux-mêmes... On est face à un désengagement de l'Education nationale sur les établissements, mais aussi de l'Etat par rapport à la gestion administrative des AVS.

H : Depuis le début de son intégration, Maxime a-t-il déjà souffert de ce manque d'AVS ?
LS : Non, pas lui, mais à quel prix ! Il est intégré depuis la maternelle et il a toujours eu une AVS à partir du primaire. Nous avons eu de la chance. Alors je me démène aussi pour les autres. J'apprends que, lors de cette rentrée, il y a encore des élèves qui n'ont pas d'AVS affectés, alors qu'ils ont obtenu l'accord de la MDPH. Certains enfants restent chez eux, d'autres sont accueillis avec les moyens du bord. Et leurs parents sont parfois obligés d'arrêter de travailler. Bref du blabla, toujours du blabla, de la poudre aux yeux ... Y en a vraiment marre ! Oui, globalement, on obtient gain de cause, mais pas toujours, car il faut tout le temps maintenir la pression sur nos interlocuteurs. C'est épuisant

H : Pourquoi le système ne fonctionne-t-il pas ?
LS : Evidemment, c'est faute de moyens ! La loi de 2005 est ambitieuse mais, en l'absence de budget, elle n'est pas viable. Pas la peine de voter des décrets si les financements ne suivent pas. Je plains vraiment les parents qui commencent leur parcours car cela me semble plus difficile qu'il y a quelques années.

H : Quels moyens d'action avez-vous choisis pour alerter les parents ?
LS : Je me suis « lâchée » sur le forum « Magic maman », ainsi que sur celui des auxiliaires de vie scolaire. J'attends les réactions ! Enfin s'il y en a que cela intéresse...

H : Et les politiques, ils vous connaissent ?
LS : Les politiques reçoivent mes courriers et ceux des autres parents qui comme moi se battent, mais de là à me connaître... Pratiquement tous les ministres de l'Education ont eu droit à un courrier. Luc Chatel va bientôt avoir le sien. Mais à quoi bon, je suis habituée aux réponses toutes faites. J'ai écrit à Monsieur Fillon et même à Nicolas Sarkozy pour réclamer la pérennisation des AVS compétents car, dans ce domaine, il y a de tout. J'ai reçu une réponse complètement à côté de la plaque du chargé de mission de la présidence, c'est dire le peu d'intérêt accordé à la question de l'intégration. Je me suis également adressée à Ségolène Royal lorsqu'elle était secrétaire d'Etat, et, elle, a été particulièrement réactive. Il faut dire que la situation était ubuesque : des enfants handicapés ne pouvaient pas intégrer leur école car les contrats des AVS étaient en attente de signature dans un carton...

H : Maxime a-t-il été confronté à des problèmes liés à l'incompétence de certains AVS ?
LS : Je ne vous citerai que 2 exemples : une jeune fille qui n'avait aucune connaissance en termes de handicap, à part pousser le fauteuil de sa voisine, une vraie gamine qui passait ses journées à jouer avec son portable et traitait mon fils d'andouille, en lui rappelant qu'il était handicapé, et une dame plus âgée maladroite et sans vocation qui, lors des sorties poussait le fauteuil roulant en dehors des passages cloutés. On a du jouer sur la notion de sécurité pour faire changer cet accompagnement inadéquat. Il ne faut pas se leurrer, il y a parfois des recrutements inadaptés, des gens fragiles et pas forcément compétents. Mais ne généralisons pas, il y a tout de même des AVS formidables!

H : Etes-vous une vraie militante ?
LS : Je ne me considère pas comme militante. J'agis par bon sens, pour mon fils et pour tous les autres. J'aimerais que tous puissent être intégrés convenablement. Je pense à tous ces parents qui n'ont pas la force de se battre ou qui ont peur de s'exprimer car ils redoutent peut- être des sanctions.

H : Votre fils, Maxime, partage-t-il votre engagement ? Est-il sensible aux actions que vous menez pour lui ?
LS : C'est un ado, un peu dans sa sphère mais il apprécie qu'on bataille. Il vient parfois manifester et a même accepté de témoigner dans un reportage pour Envoyé Spécial, à l'occasion de la rentrée des classes.

H : Comment voyez-vous l'avenir dans ce domaine ?
LS : Bien sombre ! Et encore bien des soucis pour toutes les familles et les enfants qui ont déjà assez des tracas du quotidien inhérent au handicap. Je crains que ce système ne tienne pas longtemps, il est trop fragile. Et sur cette question, les associations me paraissent bien frileuses. On devrait déjà tous être dans la rue...Alors, s'il faut monter à Paris, je serai en première ligne avec mon fils !

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