Tourisme et handicap : label affaire !

En 2001, l'association Tourisme et handicaps voit le jour. Bilan : 3205 sites labélisés et seulement 6 départements récalcitrants. Le point sur une initiative d'envergure avec Annette Masson, sa présidente.

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Handicap.fr : Pourquoi cette association ?
Annette Masson : Elle a été créée en 2001 à l'initiative de trois professionnels du tourisme, dont moi, à la demande d'associations de personnes handicapées comme l'AFP ou l'UNAPEI. On a beaucoup ramé jusqu'en 2004. Question de mentalité ! On nous écoutait gentiment mais c'était un peu « Cause toujours ! ». Et puis les professionnels du tourisme se sont rendus compte que les personnes handicapées avaient un travail, des ressources, une famille, des amis. Et surtout les même attentes que les valides.

H : Avez-vous été confrontés à des réticences au début de votre démarche ?
AM : Oui, on entendait quelques réactions surprenantes, certainement par peur : « Ils n'ont qu'à venir hors-saison, ca va faire mauvais effet dans un hôtel grand luxe... ». Mais plus du tout aujourd'hui. Depuis trois ans, ce sont les pros du tourisme qui viennent à nous. Il est vrai qu'ils ont une contrainte : l'application de la loi de 2005 en 2015 puisque tous les établissements recevant du public devront être accessibles aux quatre familles de handicap, sauf dérogation.

H : Tous les départements se sont désormais impliqués dans vos actions ?
AM : Il n'y en a que six où le label n'est pas mis en œuvre, notamment les deux départements corses. Nous n'arrivons pas à les mobiliser et je crois que le handicap n'est pas une priorité. Il y a aussi la Guadeloupe et la Réunion mais je ne désespère pas car des prémices sont en train de se mettre en place. La Guyane aussi mais j'avoue que nous ne les avons pas démarchés. Et enfin la Creuse, et là, je ne comprends pas vraiment pourquoi...

H : Et quels sont les départements qui font figure de leaders?
AM : Dans notre hit parade, figure en tête le Gard, avec 157 sites, mais il est vrai qu'il avait une longueur d'avance car il faisait partie des partenaires lors de la création de l'association. Viennent ensuite le Haut-Rhin (135 sites), le Nord (128), la Charente (102) et la Charente-Maritime (100).

H : Certaines personnes handicapées disent ne pas connaître votre existence. Vous restez discrets...
AM : Nous avons une grande campagne de communication les 21 et 22 mars prochains à l'occasion des « Journées nationales tourisme et handicap ». 450 sites labélisés proposent différentes actions comme des portes-ouvertes ou des gratuités. Cet évènement est largement repris en écho par la presse puisque nous avons eu 345 articles suite aux journées de 2008 !

H : Des usagers prétendent aussi que certains « labélisés » ne sont pas vraiment accessibles ?
AM : Il faut savoir que certains sites s'octroient et affichent même notre logo sans notre consentement. Lorsque nous en avons connaissance, souvent par hasard, le Ministère du tourisme se saisit de l'affaire et exige la mise en conformité ou la destruction des documents.

H : D'accord, mais quelles sont les conditions pour l'attribution de ce label?
AM: Nous avons mis en place un cahier des charges avec une grille définie d'un commun accord avec plusieurs associations de personnes handicapées. Lorsqu'un site postule, deux évaluateurs (des collaborateurs du tourisme ou des membres d'associations) se rendent sur le terrain. Cela peut durer deux heures comme plusieurs jours...

H
: Et parmi les sites labélisés, quelques critiques ?
AM : Nous essayons aux mieux de coller aux exigences de vie des personnes handicapées mais le champ du handicap est tellement vaste que nous ne sommes peut-être pas toujours en mesure de répondre à toutes ses particularités. Et puis, nous nous basons sur de l'humain et on n'est jamais à l'abri d'erreurs d'appréciation. Mais, pour faire un bilan, nous n'avons reçu que deux lettres officielles de mécontentement en 2008. Nous encourageons vraiment les mécontents à nous écrire pour procéder à un contrôle, quitte à retirer le label le cas échéant. Il est délivré pour 5 ans, avec une revisite obligatoire à l'issue de cette période.

H : Certains professionnels se plaignent aussi d'avoir fait des investissements importants avec bien peu de retour.
AM : Il ne faut pas trop attendre d'une association, composée essentiellement de bénévoles. Certains sites font connaître leur produits, d'autres ne tentent rien. Nous sommes chargés de la labellisation, à eux de prendre en charge leur promotion.

H : Il est très difficile d'accéder à la liste des sites labélisés. www.tourisme-handicaps.org renvoie vers les pages des Comités départementaux de tourisme mais le système est vraiment fastidieux. Pourquoi pas un site qui recenserait toutes les adresses ?
AM : Le site de notre association mobilise avant tout les professionnels du tourisme et ne s'adresse pas au grand public. Je reconnais que cette liste serait nécessaire mais il nous faut pour cela des moyens et du personnel.
Site assoc : www.tourisme-handicaps.org

Propos recueillis par Emmanuelle Dal Secco

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