Sophie Vouzelaud : sois belle et tais-toi ?

Coup de théâtre en 2007 : la première dauphine de Miss France est sourde, utilise la LSF et lit sur les lèvres ! Sophie Vouzelaud, marraine du salon Autonomic 2010, revient sur ce palmarès inédit qui faire la part 'belle 'à la différence.

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Handicap.fr : Certaines rumeurs prétendent que l'élection de Miss France aurait été tronquée car le comité ne voulait pas d'une miss sourde ?
Sophie Vouzelaud
: Oui, j'ai devancé la gagnante au niveau des votes téléphoniques (vote du public) mais je pense que le jury (il me manquait 1 seul vote) m'a évincée par peur que je ne puisse pas être représentative de la marque « Miss France » dans les médias.

H
: Lors de l'élection, il y a eu un problème avec l'interprète en langue des signes. Rappelez-nous ce qui s'est passé et ce que vous avez ressenti...
SV : Les organisateurs n'avaient pas pris la peine de solliciter un véritable interprète, recruté à la dernière minute, d'où le problème de communication! Sur le moment, j'étais vraiment très en colère, mais cela m'a permis de pouvoir m'exprimer oralement, pour répondre aux questions de Jean-Pierre Foucault, ce qui m'avait été refusé depuis le départ par l'organisation, et de prouver au public que j'avais également une « voix » et que je pouvais parler...

H : Vous encouragez d'autres jeunes filles sourdes à se présenter au concours Miss France...
SV
: Oui, c'est important que d'autres personnes sourdes ou porteuses de handicaps se présentent à tout concours, pour éviter toute forme de discrimination.

H
: Pourquoi avoir écrit un livre « Miss et sourde ! » (Leduc.s éditions) en 2008 ? Quels ont été les retours des lecteurs ?
SV
: Suite à mon élection, des éditeurs m'ont proposé d'écrire un livre. Au début, j'ai refusé car je pensais n'avoir rien à dire sur ma vie. Mais, tout au long de mon année en tant que dauphine, j'ai rencontré des personnes de tous âges qui voulaient savoir pourquoi je parlais et pourquoi je signais. J'ai alors décidé d'en dire un peu plus sur l'éducation que mes parents m'ont donnée. A ce jour, les messages des lecteurs sont tous positifs et me remercient d'avoir partagé avec eux une partie de ma vie. Mon livre est même disponible en Corée du Sud. Je suis très fière si cela peut aider les familles en difficulté.

H
: Avez-vous remarqué que le handicap, quel qu'il soit, était forcément incompatible avec les standards de la beauté ?
SV
: Non, personnellement ça ne me pose pas de difficultés par rapport à mon image.

H
: Qu'est ce qui est le plus handicapant lorsqu'on est privé d'audition ?
SV
: Je ne me considère pas comme une personne « handicapée ».

H
: Votre notoriété vous permet-elle aujourd'hui de militer avec davantage de vigueur pour la cause des sourds et malentendants ?
SV
: Oui, tout à fait. A travers les médias qui m'ont soutenue depuis mon élection et par les rencontres que j'ai pu faire et que je fais toujours grâce à cette notoriété. Elle me permet de faire avancer les choses pour les personnes handicapées, doucement et avec efficacité me semble t-il.

H
: Quelles sont ces actions ?
SV
: Elles sont très nombreuses et surtout ciblées sur l'accessibilité et l'emploi. Je suis sollicitée par beaucoup d'associations. Je suis par exemple l'ambassadrice de l'association Handicap et Emploi du Crédit Agricole, ainsi que celle de Samsung... Je viens également de sortir un clip en DVD, « Chante mon double », une chanson interprétée avec ma voix et mes mains, dans la langue des signes et sous-titrée, dont une partie des bénéfices sera reversée à la Fédération des sourds de France dont je suis la marraine. TF1 m'a également consacré un sujet dans « Reportage », sur le thème de la surdité en France.

H
: Y-a-t-il un engagement qui vous tient plus particulièrement à cœur ?
SV
: Défendre la cause des sourds est évidemment ma priorité. Je milite notamment pour le sous-titrage de tous les films. C'est pénible de ne pas avoir accès à l'information, d'être toujours la dernière au courant, d'apprendre les choses à la dernière minute, en saisissant des infos au vol dans les discussions, de ne jamais savoir. Il faudrait que le sous-titrage soit proposé pour tout ce qui est diffusé, les émissions et même les publicités !

H
: Vous êtes à l'affiche de « L'amour, c'est mieux à deux », sorti en salle le 5 mai, dans le rôle d'une jeune femme sourde. Quelles sont les raisons qui vous ont poussée à l'accepter ?
SV
: J'ai toujours rêvé d'être comédienne. Alors, lorsque Dominique Farrugia m'a contactée pour passer le casting, je n'ai pas hésité à lui dire « Oui ! ». Le rôle que j'interprète dans son film, celui de la sœur de Virginie Efira, aux côtés de Clovis Cornillac, est très valorisant. Pour corser la difficulté et pour les besoins du rôle, je suis restée clouée dans un fauteuil roulant. Un mois avant le tournage, j'ai subi un entraînement intensif avec une association handisport de Limoges en apprenant à jouer au basket-ball dans un fauteuil roulant.

H
: Vous êtes la marraine du salon Autonomic 2010 qui se tiendra en juin à Paris ?

SV : Oui. Son directeur, m'a contactée et j'ai accepté sans hésitation. J'ai beaucoup de plaisir à être la marraine de ce salon représentatif du handicap en géneral.<

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