Edito de Jacques Blanc, président du CDT 48

Qu'en est-il des démarches entreprises par la Lozère en faveur des touristes handicapés ? Bilan plutôt encourageant avec cette interview exclusive de Jacques Blanc*, sénateur et maire de La-Canourgue.

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* Le docteur Jacques Blanc est également médecin neuropsychiatre, ancien ministre, sénateur de la Lozère, rapporteur à l'Assemblée nationale de la loi en faveur des personnes handicapées en 1975.

Handicap. fr : Depuis quand la Lozère s'est elle engagée dans le développement du tourisme adapté ?
Jacques Blanc : La Lozère a été pionnière pour accueillir les plus grands handicapés pour lesquels il n'existait pas de structures adaptées. Elle cultive depuis plusieurs décennies une double vocation : celle de l'accueil de personnes en situation de handicap, principalement mental, et celle du tourisme. Chacune d'elles a connu, en son temps, un développement important. Les lois dites « de 75 » ont constitué un levier sans précédent à la création d'institutions médico-sociales en Lozère tandis que le « tourisme vert » a connu un fort développement au cours des vingt dernières années. Elles se sont particulièrement « rencontrées » sous l'impulsion de la Loi de 2005 pour aujourd'hui faire du tourisme adapté un domaine de réflexion et d'actions de promotion que les acteurs locaux (Pays du Gévaudan en lien étroit avec le Conseil Général par exemple) se sont appropriés.

H : La Lozère est réputée pour la quarantaine d'établissements spécialisés qui accueillent des pensionnaires handicapés mais peu de choses semblent avoir été prévues pour eux « en ville ». Comment expliquer cette dichotomie ?
JB : Il est possible que, jusque dans les années 90, cet « ancrage territorial » fort ait occulté les autres types d'accompagnement, tels que le tourisme adapté qui s'est développé par la suite. Il n'empêche qu'aujourd'hui cette dichotomie tend à se réduire, voire à disparaître. Plusieurs réalisations récentes et particulièrement ambitieuses le démontrent.
• L'Etablissement d'accueil temporaire et d'urgence « La maison des Sources » qui, depuis avril 2010 propose des séjours temporaires (90 jours par an maximum) dits « de répit » pour des personnes handicapées et/ou leurs aidants, qui peuvent alors profiter de ce séjour pour se reposer.
• Le « Centre sports-handicap-loisirs de Montrodat ».

H : Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet dont vous êtes à l'origine ?
JB : L'Association lozérienne de lutte contre les fléaux sociaux gère déjà, à Montrodat, un Centre d'éducation motrice bénéficiant d'un plateau technique médical performant avec des équipes spécialisées et un centre d'appareillage. De nombreux échanges avec des responsables du sport adapté français ont permis, à partir de cet existant, de faire émerger ce projet. La beauté et l'attractivité touristique de la Lozère ont fait le reste. J'ajoute que l'objectif est aussi de faire tomber les oppositions si ce n'est les cloisons entre Handisport et Sport adapté. Notre ambition était aussi de créer le pôle d'entraînement pour les jeux Para olympiques que nous espérions voir à Paris, et demeure d'en faire un point de rencontre Euro méditerranéen.

H : Les autres départements de la région Languedoc-Roussillon font figure de pionniers dans l'accueil des visiteurs handicapés avec, pour la plupart, une centaine de sites labellisés. Comment expliquer l'engagement plus timide de la Lozère dans ce domaine ?
JB : Sa « timidité » est sans doute à relativiser au regard de la « taille » de ce département et de sa population. De nombreuses initiatives ont été prises par les hôteliers, les gîtes mais aussi par certains offices de tourisme. Il est important de noter qu'en Lozère, la conception de « tourisme adapté » ne se résume pas à la logique, certes intéressante, de « sites labellisés », mais à l'articulation étroite entre les institutions médico-sociales et l'offre touristique à destination des personnes en situation de handicap. C'est en ce sens aussi que nos démarches sont innovantes.

H : Comment convaincre les professionnels d'engager des actions en faveur des touristes handicapés alors qu'ils ne les jugent pas toujours rentables ?
JB : On sait, à titre d'exemple, que les « touristes handicapés » sont plus « fidèles » que les autres. Mais la question de la rentabilité, bien qu'importante, n'est pas la seule qui se pose aux professionnels. Ainsi, en matière de handicap mental, la présence d'un tissu médico-social « de proximité » performant constitue une « valeur ajoutée » intéressante puisqu'elle participe à rassurer tant les touristes que les professionnels chargés de les accueillir. La Lozère est à cet égard particulièrement adaptée.

H : C'est avant tout le patrimoine naturel qui fait la richesse de la Lozère. Comment la rendre accessible ?
JB : Poser la question de cette façon pourrait laisser penser qu'elle ne l'est pas... ce qui est loin d'être vrai. Il faut néanmoins aller plus loin et c'est dans ce cadre que le « Pays du Gévaudan » mène une réflexion. Il s'agira pour tous les acteurs concernés de se saisir des conclusions de ce travail. Il faut souligner aussi les initiatives des Fédérations de chasse et de pêche, sans compter celles du Parc national des Cévennes.

Contacts

• Comité départemental du tourisme de la Lozère
Tél. : 04 66 65 60 00
www.lozere-tourisme.com

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