Latifa Gilliotte : nouveau parti politique dans un fauteuil

Selon Latifa Gilliotte, tout le monde peut faire de la politique. A la tête de son nouveau parti, le MHPS, elle entend défendre les droits des personnes handicapées. Mais pas seulement... Elle envisage même de briguer la présidence en 2017.

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Handicap.fr : Le 5 mai 2014, vous avez annoncé la création du Mouvement du handicap physique et social (MHPS). Un parti réservé aux seules personnes en situation de handicap ?
Latifa Gilliotte :
Non, nous souhaitons représenter tout le monde, même s'il y a évidemment une nuance pour les personnes handicapées. D'ailleurs, nos adhérents sont très différents. On retrouve des personnes en situation de handicap, mais pas que. Il y en a même qui n'ont jamais été confrontés au handicap, comme un de nos collaborateurs qui est spécialisé sur les questions environnementales. Nous voulons être le parti des citoyens, sans distinction, mais aussi montrer que n'importe qui peut faire de la politique.

H.fr : N'est-il pas contradictoire  de réclamer l'inclusion sociale des personnes handicapées tout en créant un parti « à part », avec un nom qui ne prête guère à confusion ?
LG : Effectivement, c'est un paradoxe. Nous avons discuté de plusieurs noms et celui-ci nous a semblé le plus adéquat pour que nous puissions être visibles. Il n'était pas possible de faire autrement.

H.fr : Un média a déclaré que vous n'aviez pas encore de programme…
LG : Je vous affirme que nous en avons bien un ! Nous nous sommes mal compris avec le journaliste, et je l'ai recontacté en vue d'une rectification. Par contre, on garde notre programme pour nous. Ce ne serait pas sérieux de le dévoiler dès mai 2015. Vous en saurez peut-être davantage en septembre… Mais je vous garantis que nous sommes prêts.

H.fr : Pouvez-vous nous en dire plus sur la ligne directrice ?
LG : Nous voulons rendre le monde autonome. Notre programme comprend des volets sur l'éducation, l'environnement, l'emploi… De nombreuses personnes en situation de handicap me disent qu'elles aimeraient travailler ; ce n'est pas normal que certaines répondent à cela qu'elles ne toucheraient plus l'AAH (Allocation adulte handicapé) ! Nous souhaitons aussi faire des propositions concernant la scolarité et le handicap, et notamment augmenter la sensibilisation auprès des jeunes. Le futur, c'est eux !

H.fr : Jean-Luc Duval, le président du Collectif citoyen handicap, a affirmé vouloir se présenter lors des prochaines élections présidentielles. Avez-vous tenté un rapprochement avec son association ?
LG : Oui, en effet. Mais ils nous ont claqué la porte au nez. Selon eux, nous sommes trop politiciens… Sauf que si M. Duval veut vraiment se présenter, il doit se dire qu'il est un homme politique ! Malgré tout, notre porte ne reste pas fermée. Ils ne veulent pas faire de la politique ; nous on ne s'en cache pas.

H.fr : Restez-vous ouverte à d'autres alliances ?
LG : Ce qui compte, ce n'est pas la couleur politique mais les idées. Je suis une ancienne encartée Parti socialiste (elle fut élue municipale lors du mandat du maire sortant de Belfort, Étienne Butzbach, ndlr) mais si la droite ou le centre nous font des propositions, nous serons à l'écoute. Nous sommes prêts à travailler avec les autres partis.

H.fr : Même avec les extrêmes ?
LG : Ah, pour eux, ce serait un non direct.

H.fr : Pouvons-nous imaginer Latifa Gilliotte candidate aux présidentielles de 2017 ?
LG : Évidemment, on en parle. Cela paraît irréalisable mais, en politique, il faut avancer ou vous êtes broyés. Avant cela, et si tout se passe bien, nous aimerions nous présenter aux législatives dans les circonscriptions de Nantes et peut-être de Belfort.

H.fr : Sur votre site internet, il est inscrit votre devise : « Survivre ». N'est-ce pas un peu pessimiste pour les personnes qui souhaitent plus vivre que survivre ?
LG : La page n'a pas été mise à jour, nous allons tâcher de la débroussailler… A un moment donné, j'ai rencontré des gens très « noirs » qui n'avaient pas la même définition que moi de la notion de « se battre ». Nous réfléchissons actuellement à un nouveau slogan qui pourrait être : « Effacer la différence ».

H.fr : Aujourd'hui, il semble difficile pour un adhérent éventuel de vous rejoindre. Or, on connaît l'importance de la communication en politique…
LG : Vous avez raison. On se pose encore la question de savoir si on fait un bon site ou plutôt un blog avec des documents. En attendant, nous avons quand même un groupe Facebook ouvert. Mais, oui, à un moment, il va falloir qu'on s'y mette.

H.fr : Combien comptez-vous d'adhérents ?
LG : Nous avons 28 adhérents et 70 soutiens dans une trentaine de départements. Ce n'est pas grand-chose mais nous n'en sommes qu'à nos débuts.

H.fr : Avez-vous un objectif en tête ?
LG : Plus que le Président ! (rire)

H.fr : Beaucoup vous ont découverte à l'occasion de l'annonce de la création du MHPS. Mais qui est la femme derrière la présidente de parti ?
LG : J'ai 50 ans et suis mère de deux enfants âgés de 20 et 27 ans. A 4 ans et demi, on m'a diagnostiqué une polyarthrite chronique et je vis en fauteuil roulant depuis 2006. Je travaille en tant que psychanalyste et psychothérapeute à Belfort.

H.fr : Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer en politique ?
LG : Je m'y intéresse depuis que j'ai 8 ans. J'ai rapidement été prise de passion pour les débats et la littérature. Pendant une petite dizaine d'années, j'étais militante au sein de l'Association des paralysés de France mais je me sentais très enfermée et j'ai quitté l'association. C'est après que je me suis  vraiment lancée en politique, lorsque je suis devenue déléguée chargée du handicap au sein du conseil municipal de Belfort entre 2008 et 2014. En parallèle, l'idée de créer un parti commençait à germer. Avec d'anciens camarades politiques, nous nous sommes alors engagés dans l'aventure. Je suis encore une jeune politicienne mais je me vois encore présidente au moins jusqu'aux prochaines municipales de 2019.

H.fr : On observe une recrudescence de petits partis qui défendent leurs propres intérêts. Ne trouvez-vous pas cela néfaste pour la démocratie ?
LG : Si, et cela montre qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a un ras-le-bol général des Français. Aujourd'hui, la politique c'est rouges contre bleus et il n'y a aucun moyen qu'ils s'entendent en faveur du pays. On s'occupe trop des petites « gué-guerres » entre partis et de la vie privée des personnages politiques, et pas assez des choses importantes. Mais je dis aux gens qui n'aiment plus la politique de ne pas lâcher prise.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Kevin Murgue, journaliste stagiaire Handicap.fr"
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