Clip trisomie 21 : le CSA déclenche les foudres !

Suite à la plainte de téléspectateurs, le CSA reproche à 4 chaînes de télé d'avoir diffusé un clip en faveur de la trisomie 21 prétextant une "finalité ambiguë". Cette décision déclenche une vive polémique.

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Voir la vidéo Chère future maman

DERNIERE MINUTE DU 1ER SEPTEMBRE 2022
"La Cour, à l'unanimité, déclare les requêtes (celle de la fondation Lejeune et celle d'une figurante du clip, ndlr) irrecevables", a écrit  l'institution judiciaire du Conseil de l'Europe basée à Strasbourg le 1er septembre 2022. En 2017, après avoir été déboutée par le Conseil d'Etat, la fondation, qui soutient la recherche sur la trisomie 21 et la lutte contre l'avortement, avait déposé une requête auprès de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) (articles en lien ci-dessous). Elle considérait que son droit à la liberté d'expression avait été bafoué quand le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) avait demandé aux chaînes de télévision de ne plus diffuser un film soutenu par la fondation.

ARTICLE INITIAL DU 29 JUILLET 2014
Un clip sur la trisomie 21 déclenche une polémique inattendue dans les médias. "Chère future maman" a été diffusé sur des chaînes françaises (TF1, M6, D8 et Canal+) entre le 21 mars 2014, journée nationale de la trisomie, et le 21 avril. Or le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) vient de rendre un avis défavorable sur cette campagne. Pour rappel, cette vidéo vise à rassurer une femme enceinte sur l'avenir et le bonheur possible de son enfant atteint de trisomie 21. Cette campagne entend lutter contre la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les personnes handicapées et encourager leur insertion dans la société.

Des téléspectateurs portent plainte

Mais certains téléspectateurs auraient été gênés par ce message délibérément "anti-eugénique", peut-être même "culpabilisant", et ont donc porté plainte auprès du CSA. Ce dernier est allé dans leur sens en reconnaissant que ce clip "bien qu'ayant été diffusé à titre gracieux, ne peut pas être regardé comme un message d'intérêt général puisque, en s'adressant à une future mère, sa finalité peut paraître ambiguë et ne pas susciter une adhésion spontanée et consensuelle." En conséquence, le Conseil considère qu'il ne pouvait être inséré au sein des écrans publicitaires. Et de poursuivre : "S'inscrivant dans une démarche de lutte contre la stigmatisation des personnes handicapées, ce message aurait pu être valorisé à l'occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21 par une diffusion mieux encadrée et contextualisée, par exemple au sein d'émissions."

Vue 5 millions de fois

Pas un "message d'intérêt général" ? Cette vidéo a pourtant rencontré un engouement international. Elle a en effet été vue plus de 5 millions de fois, faisant de cette campagne la plus partagée dans le monde pendant 24 heures. Elle a été diffusée à l'ONU le 21 mars, saluée et encouragée par le Premier ministre italien Matteo Renzi, fait l'objet d'une pleine page dans le magazine culturel Vanity Fair en Italie. Et, primée à Cannes, la vidéo a reçu plusieurs Lions d'Or au Festival international de la créativité.

Des réactions en chaîne...

Cette décision a évidemment provoqué un immense émoi auprès des familles de personnes atteintes de trisomie 21. Et pas seulement ! Branle-bas le combat dans les medias et sur les réseaux sociaux, à la publication de la décision du CSA, le 25 juillet 2014. Dans une lettre ouverte au président du CSA publiée sur le site Figarovox, Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines et président du Parti démocrate chrétien, déclare "Si vous deviez réprimander toutes les chaînes de télévision au motif qu'elles ne devraient pas diffuser des émissions "qui ne sont pas susceptibles de provoquer une adhésion spontanée", je vous laisse imaginer les coupes claires qu'il faudrait opérer."

96 % des enfants trisomiques avortés

La Fondation Lejeune qui, en France, avait assuré la promotion de cette campagne, s'insurge elle aussi de cette décision, déclarant que " le CSA a choisi de limiter la liberté d'expression, en assumant le risque d'atténuer la portée d'un message accueillant vis-à-vis des enfants trisomiques." Mais se satisfait que "à l'heure de la communication marquée par l'internationalisation, internet et les réseaux sociaux, cet avis est sans effet". La Fondation Lejeune, réputée pour ses prises de position anti-avortement, en profite pour souligner "l'aveuglement des pouvoirs publics en France, depuis longtemps pays leader de l'élimination des enfants trisomiques avant leur naissance (96%)."

Le CSA engagé en faveur de la diversité

En attendant, le Conseil du CSA est intervenu auprès des chaînes afin de leur demander, à l'avenir, de veiller aux modalités de diffusion des messages susceptibles de porter à controverse. Il n'en fallait pas davantage pour que le site Medias-info-presse (réputé proche des milieux catholiques conservateurs) *  ose titrer "Le CSA n'aime pas les trisomiques". Doit-on être aussi catégorique ? Rappelons que le CSA a engagé des actions pour accroître la visibilité des personnes handicapées à l'écran (lire article complet en lien ci-dessous), publiant chaque année un "Baromètre des diversités", et a récemment signé une charte pour favoriser la formation et l'insertion professionnelles des personnes handicapées dans le secteur audiovisuel. "Chère future maman" serait-elle le faux-pas dont son engagement se serait bien passé ?

* Erratum : une erreur de typo entrainant une erreur de notre correcteur automatique a attribué cette citation à Mediapart plutôt qu'à Medias-info-presse. Nous présentons nos excuses pour cette erreur aux deux rédactions concernées ainsi qu'à nos lecteurs.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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