Amazon retire des livres des charlatans de l'autisme

Exit les apprentis-sorciers dans les rayons d'Amazon ? Deux livres vantant des méthodes nocives pour guérir l'autisme ont été retirés de la vente. Mais des parents continuent pourtant de céder aux chants des sirènes. Attention danger !

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Les charlatans de l'autisme bannis d'Amazon ? Le géant de la librairie en ligne, sous la pression, a fini par retirer de sa bibliothèque deux ouvrages rédigés par des apprentis-sorciers. Il s'agit de Healing the symptoms known as autism (Guérir les symptômes de l'autisme) et Fight autism and win (Combattre l'autisme et gagner).

Des contenus nocifs

Le premier livre affirme que 191 enfants ont été guéris avec la méthode prônée par son auteur, Kerri Rivera, résidant au Mexique. Il y suggère de « soigner » l'autisme en ingérant une potion à base de dioxyde de chlore, un composé souvent appelé « solution minérale miracle » ou MMS. Or, aux Etats-Unis, la Food and drug administration souligne que « ce puissant agent de blanchiment utilisé pour le décapage des textiles et traitement de l'eau industrielle (…) peut provoquer des nausées, des vomissements, des diarrhées et des symptômes de déshydratation sévère ». Cet ouvrage était en vente depuis plus de 6 ans et avait été noté de manière très positive (en moyenne 3,5 étoiles sur 5) par 631 clients. Le deuxième livre assure, quant à lui, que certains vaccins pourraient déclencher l'autisme. Or une étude rendue publique le 9 mars 2019 (article en lien ci-dessous), portant sur plus de 650 000 enfants danois, suivis sur plus d'une décennie, est parvenue à la même conclusion que bien d'autres avant elle : le vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) n'augmente pas le risque d'autisme.

Des enfants autistes cobayes ?

Ces méthodes pseudoscientifiques se répandent dans le champ de l'autisme où des parents, souvent à bout, se montrent prêts à tout… Selon le CDC (Centres pour le contrôle et la prévention des maladies) américain, près du tiers d'entre eux auraient ainsi déjà essayé des traitements que la plupart des pédiatres ne recommandent pas et 10% pourraient tester des pratiques potentiellement dangereuses. Lors d'une conférence organisée à Paris le 14 mars 2019 sur le thème « Femmes et autisme », le docteur Saravane, praticien hospitalier spécialiste de la douleur, allait jusqu'à parler d'enfants « cobayes », certains médecins « testant sur eux des molécules qui ne sont pas validées scientifiquement ». Plus globalement, il dénonçait la « violence médicale » dont sont parfois victimes les personnes autistes, et notamment les abus de certains neuroleptiques et autres psychotropes, prises dans une « spirale infernale ».

Un scandale qui fait flop

En juillet 2018, SOS autisme France avait tenté de mobiliser la presse française sur les pratiques charlatanesques dans le domaine de l'autisme, sans que son alerte ne reçoive l'écho espéré (article en lien ci-dessous). Sa présidente, Olivia Cattan, dénonçait l'existence d'un marché parallèle de vente de médicaments non autorisés. Selon elle, « certains parents se mettent parfois hors la loi pensant pouvoir guérir leurs enfants avec ces remèdes miracles ». Pour illustrer son propos, elle avait alors répertorié tout ce qui se prescrit dans différents groupes Facebook : des diurétiques donnés sans protocole, des antibiotiques, des pulvérisations nasales d'ocytocine, du cannabis, des piqûres de magnésium et de B6... Mais aussi la thérapie de chélation des métaux lourds (pour enlever les agents toxiques comme le mercure), utilisée afin de « détoxifier » l'organisme.

Eau de javel meurtrière

Olivia Cattan y évoquait également le fameux MMS cité dans le livre de Rivera. Enfin, le paracétamol à haute dose aurait le pouvoir de « calmer les crises ». Une Américaine a tué son enfant autiste en lui donnant de l'eau de javel parce qu'elle l'avait lu sur Facebook. Une maman française, Estelle Ast, qui est passée par ce réseau et a tenté de multiples essais, avait décidé de témoigner ouvertement, d'autres de façon anonyme. Certaines familles mentionnent des effets secondaires importants : diarrhées, nausées, vomissements, fièvre, anorexie. L'Ordre des médecins et Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du Handicap, avaient été alertés. Pour quelle suite à ce jour ?

Les géants du web interpellés

Vivement critiqué sur son « laisser-faire », Amazon a finalement cédé sous les pressions des associations et l'action engagée par le député démocrate américain Adam Schiff, qui avait alerté par lettre les patrons des géants du numérique. De leur côté, à l'heure où l'OMS (Organisation mondiale de la santé) classe « l'hésitation à l'égard du vaccin » parmi les dix principales menaces pour la santé mondiale en 2019 », d'autres géants du web comme YouTube, Facebook, Pinterest ont annoncé début mars des mesures contre les colporteurs de désinformation médicale et notamment les contenus anti-vaccins.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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