Vision : un chercheur combat l'occlusion veineuse rétinienne

Fasciné par la circulation sanguine, le chercheur Michel Paques s'est lancé à l'assaut de l'occlusion veineuse rétinienne, une maladie grave qui peut provoquer la cécité. Pour éviter d'en arriver-là, il a mis au point un laser qui traite les lésions.

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L'occlusion veineuse rétinienne (OVR) touche 20 000 personnes, chaque année, en France, et provoque une perte progressive de la vision. Elle peut survenir à tout âge mais se manifeste, en général, entre 55 et 65 ans. Les OVR sont la conséquence d'un ralentissement brutal de la circulation veineuse dans la rétine. Résultat : le sang ne peut plus s'évacuer correctement hors de l'œil, les veines se dilatent et des hémorragies apparaissent. En général, le diagnostic est posé par un ophtalmologiste, qui examine le fond d'œil. Et après ? Sans traitement type, de nombreux patients sont déboussolés et cherchent des solutions innovantes. Pour améliorer leur prise en charge, le chercheur Michel Paques mène des études sur les maladies sanguines, dans l'intention de mettre au point une thérapie adaptée.

Démêler des spaghettis

Michel Paques est ophtalmologiste et chercheur à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). La circulation sanguine ? Il a ça dans le sang… « J'ai toujours eu une sorte de fascination pour ce mouvement perpétuel », livre le chercheur. Lorsqu'il entame ses recherches, il est surpris par « le manque de compréhension fine des détails de la circulation ». A l'époque, il n'existe aucun modèle théorique de l'organisation des vaisseaux de la rétine. Et pour cause : « La première impression, quand on les regarde, est celle d'une jungle inextricable. Et c'est à vous de retrouver l'ordre sous-jacent à ce chaos », décrit-il. « Le chercheur dans la jungle de l'œil » se lance alors un défi : démêler et soigner ces vaisseaux. « C'est comme un gros plat de spaghettis dont il faut dénouer chacun des fils », image-t-il. Un enjeu de taille car il n'existe alors aucun traitement contre l'occlusion veineuse rétinienne.

Travail laborieux et minutieux

« En fait, le terme d'occlusion n'est pas adapté car l'occlusion n'est pas complète », constate-t-il lors de ses recherches. Il découvre également qu'au cours de la maladie des capillaires sanguins peuvent se transformer en veine pour drainer le flux sanguin. « Une sorte d'itinéraire bis », vulgarise-t-il. Le chercheur entame ses travaux sur des souris pour « essayer de comprendre la géométrie des vaisseaux ». Sa technique : suivre « mentalement » chaque capillaire sur les différentes coupes d'œil pour reconstituer l'arbre vasculaire en trois dimensions. Un travail laborieux et chronophage qui lui permet finalement de découvrir que le réseau sanguin s'organise sur trois étages, dans la rétine des petits animaux. « D'ici quelques mois, nous devrions avoir achevé le premier modèle de circulation rétinienne dans l'espèce humaine », annonce le chercheur.

Traitement laser

Au cours de ses recherches, il a été amené à s'« intéresser à la circulation capillaire qui s'est révélée très riche d'enseignements et qui permet de comprendre certains éléments qui mènent, par exemple, à la rétinopathie diabétique », une maladie qui touche 50 % des patients diabétiques de type 2 et représente la première cause de cécité avant 65 ans. En plus de ses travaux fondamentaux, ce spécialiste de l'œil met au point un moyen de traiter ces lésions. « On s'est aperçu qu'en faisant un simple impact de laser, on pouvait guérir des pertes de vision qui duraient parfois depuis des années », explique-t-il. Il utilise la photocoagulation ciblée, inspirée de techniques développées en astronomie : un faisceau laser traite le vaisseau lésé sans toucher ceux qui l'avoisinent. « Grâce à cette méthode, qui doit être prochainement testée sur 300 patients, on peut espérer réduire le nombre d'injections que ces personnes reçoivent dans l'œil pour les protéger de la cécité », estime le chercheur.

Prix de l'œil : la consécration

Ses travaux ont été récompensés par la Fondation de France, engagée dans la recherche sur les maladies de l'œil depuis les années 1980. Michel Paques a ainsi reçu le « Prix de l'œil - Clemessy services », le 28 mars 2019, au Collège de France (Paris), à l'occasion du cinquantenaire de la Fondation. Lors de la cérémonie, il a tenu à adresser un message aux étudiants et aux chercheurs : « Quand vous faites une thèse, ne vous découragez pas, quelque chose va en surgir pour la recherche clinique. Peut-être un an plus tard, cinq ans ou même dix ans… Mais acharnez-vous ! ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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