Concours d'éloquence : les bègues donnent aussi de la voix

Le premier concours d'éloquence pour bègue est organisé en France en avril 2019. Pour faire de son bégaiement une force constructive dans la vie. Les participants ont déjà fait de gros progrès. Un réseau pro pour bègues va également voir le jour.

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Démosthène  est parvenu à devenir l'un des plus grands orateurs athéniens, placé par Cicéron au sommet de l'éloquence grecque. Pourtant, enfant, il était bègue. On l'avait surnommé Batados, joueur de flûte efféminé, une déformation du sobriquet de Battalos (petit bègue). "Le bégaiement n'empêche pas de faire passer un message et de faire preuve d'éloquence", explique avec fougue à l'AFP Juliette Blondeau 2 400 ans plus tard. Elle est cofondatrice du premier concours de l'éloquence du bégaiement, dont la finale se tient le 27 avril 2019 à Paris.

Une force constructive

Un jury départagera les 8 finalistes, sur 25 participants recrutés auprès d'orthophonistes et d'une page Facebook de personnes atteintes de bégaiement, afin "d'assurer une réelle diversité", dit-elle. Les jeunes fondateurs du concours, Mounah Bizri, 26 ans, et Juliette Blondeau, 21 ans, sont tous deux bègues. Ils ont eu l'idée de la compétition il y a un an et ont emporté l'adhésion de l'Association Parole Bégaiement, créée en 1992 pour mener des actions de sensibilisation à ce trouble du langage, et riche de 800 membres. "Il s'agit de montrer qu'on peut dépasser son bégaiement en le considérant comme une force constructive dans la vie", indique l'association dans un communiqué.

De progrès incroyables

Les locaux ont été prêtés par Dauphine Solidarité Handicap, tant pour les séances de formation étalées sur six semaines que pour le concours en amphithéâtre. Des spécialistes de l'éloquence, comme Guillaume Prigent et Eddy Moniot, qui ont participé au concours Eloquentia de Seine-Saint-Denis popularisé par le film "A voix haute", ont coaché les candidats lors de trois samedis. Des ateliers ont aussi lieu deux fois par semaine, toujours à Dauphine. "Les candidats ont fait des progrès incroyables", s'enthousiasme Juliette Blondeau. Réfutation et péroraison n'ont plus de secret pour eux. Les finalistes seront jugés sur le contenu du discours, le style, la gestuelle, la présence, bref, la "capacité à faire passer son message", dit-elle. Adama, 23 ans, étudiant en master 2 électronique des systèmes autonomes sera en demi-finale le 20 avril. Il s'est entraîné sur la question : "La justice de mon pays (le Mali, ndlr) est-elle au top ?"

Mounah Bizri et Juliette Blondeau ont d'autres projets, comme la création en mai d'un réseau professionnel qui aide les personnes atteintes de bégaiement à affronter les entretiens d'embauche et sensibilise les entreprises à la question.

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