La dépendance au sexe n'est pas un handicap

Licencié parce qu'il se masturbe dans les toilettes de son lieu de travail, un employé canadien invoque auprès de la justice sa dépendance au sexe, réclamant même à son employeur des aménagements à ce sujet. La justice a tranché...

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La dépendance au sexe serait-elle un handicap ? C'est en tout cas ce qu'a invoqué un salarié canadien qui avait pris la fâcheuse habitude de se masturber bruyamment dans les toilettes de son lieu de travail. Suite à plusieurs plaintes de ses collègues, il avait été licencié.

Une obligation d'aménagement ?

Dans un premier temps, l'employé n'avait invoqué aucun motif médical, arguant que ce qu'il faisait dans les toilettes ne regardait que lui. Mais, face à la justice, soutenu par un syndicat, il avait ensuite invoqué le fait que son trouble sexuel devait être considéré comme un handicap. Partant de ce principe, il réclamait même à son employeur une obligation « d'accommodement » (qui serait traduit par « aménagement » en France). Le tribunal de Nouvelle-Ecosse a rendu son verdict… Il a conclu à une absence de preuve qu'une telle dépendance sous toutes ses formes (masturbation (présente chez 70 % des personnes concernées), consommation de pornographie, drague compulsive, consultation compulsive de sites internet classés X, sex-shops, peep-shows…) « était reconnue comme une maladie dans la littérature scientifique », rapportent, sur le site Langlois avocats, Philippe Bélisle et Marjolaine Lessard-Jean, deux avocats canadiens qui se sont penchés sur cette épineuse affaire. Le grief du plaignant a donc été rejeté, la justice jugeant que des décisions disciplinaires sévères, allant jusqu'au licenciement, étaient tout à fait légitimes en la matière.

Une maladie addictive ?

Aussi farfelu soit-il, ce cas n'est pourtant pas unique -en l'absence de chiffres en France, on estime, aux Etats-Unis, que l'addiction au sexe concernerait entre 3 et 6 % de la population- et pose la question de la définition des troubles psychiques et de leurs « limites ». Difficile, dans un tel contexte, de définir des seuils de « normalité ». Un article publié sur le site des Hôpitaux universitaires de Genève reconnait néanmoins que la « dépendance sexuelle, véritable maladie du système de récompense, peut être soignée à l'aide de la psychothérapie » et précise que « l'addiction est souvent en lien avec d'autres problèmes relationnels, émotionnels et communicationnels. » A partir du moment où ce trouble peut « entraîner une altération du comportement et/ou une souffrance significative, il correspond au moins en partie aux critères des maladies addictives », explique de son côté le site La réponse du psy. Analyse confirmée par l'Institut fédératif des addictions comportementales (IFAC) qui l'assimile à son tour à un « trouble mental ». Mais, parce que peu d'études scientifiques ont été menées à ce sujet, il n'est pas encore rentré dans les classifications psychiatriques internationales. Et c'est bien sur cet argument que s'est appuyée la justice canadienne pour trancher…

© Stocklib/Vladislav Orlov

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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