Handicap à l'école : l'ambition de l'Etat suivie d'effet ?

Priorité affichée du gouvernement : l'école doit accueillir "pleinement" les enfants handicapés. Une ambition saluée par les associations et les familles, même bon nombre d'entre elles savent déjà qu'elles seront sans solution le jour de la rentrée.

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Par Isabelle Tourné

"L'égalité des chances passe par la scolarisation des élèves en situation de handicap, c'est un des points majeurs de cette rentrée", a martelé le 27 août, lors de sa conférence de presse, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer. Dans la soirée, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, s'est aussi félicitée auprès de l'AFP d'un "vrai mouvement vers l'école" de ces enfants. Le 29 août, les deux ministres se rendent dans le Val-d'Oise pour rencontrer les personnels en charge de la cellule départementale nouvellement créée pour informer les familles sur les dispositifs existants, et répondre sous 24 heures à leurs questions concernant l'accompagnement et la scolarisation de leur enfant.

Mieux que d'habitude

D'autres mesures ont été prises : la création de pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL) vise notamment à mutualiser systématiquement les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), pour répondre au plus près aux besoins des élèves. La rentrée est aussi marquée par l'arrêt des recrutements des AESH -4 500 en plus cette année en équivalent temps plein- en contrats aidés, au profit de CDD de trois ans renouvelables une fois, puis de CDI. "On note les efforts du gouvernement qui semble vouloir préparer cette rentrée mieux que d'habitude", souligne Marion Aubry, vice-présidente de l'association TouPI, qui défend les droits des personnes handicapées. Mais si elle s'attend à ce que de nombreux enfants aient bien un accompagnement à la rentrée, elle redoute que ce soit seulement à temps partiel ou très partiel. Cette année, 23 500 élèves handicapés supplémentaires sont scolarisés par rapport à l'an dernier, avec un taux de "86%" à temps plein, selon Mme Cluzel.

Un site pour s'exprimer

"Sur le papier, les annonces vont dans le bon sens. Sur le terrain, il n'y a pas grand chose qui bouge", regrette l'Unapei, qui milite pour l'accès des enfants handicapés à l'éducation. L'association a lancé en août une plateforme (marentree.org) pour permettre aux personnes confrontées aux problèmes de scolarisation de s'exprimer (article en lien ci-dessous). Parmi les nombreux témoignages, on peut lire par exemple : "Eléa sera scolarisée 12 heures par semaine car nous n'avons pas eu plus d'heures" (d'accompagnement) ; "Martin est autiste Asperger (...) Pas de solution... Aucun projet cette année" ; Livio "va rentrer en CP en milieu ordinaire à mi-temps avec une AESH alors que ses acquis scolaires sont proches de ceux d'une petite section de maternelle"... Malgré les efforts du gouvernement, "il y aura des familles sans solution" à la rentrée, prédit Sonia Ahehehinnou, porte-parole de l'Unapei.

Totalement démunie

"Il y a une amélioration, mais selon nos remontées, on peut affirmer que la rentrée ne sera pas aussi évidente que le ministre le souhaiterait", a déclaré mercredi Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat SE-Unsa. "Un des gros soucis reste la rémunération insuffisante des AESH : un certain nombre d'entre eux, recrutés fin juin ou début juillet, ont finalement trouvé un autre emploi" et ne seront donc pas présents le jour de la rentrée, selon lui. Anaelle sait déjà que son fils autiste de 7 ans n'aura pas d'AESH lundi. "Il ne tient pas en place, c'est évident que l'école va m'appeler pour me demander de venir le chercher", explique à l'AFP cette maman, qui a dû arrêter de travailler et se dit "totalement démunie". En arrêt maladie depuis un an, Nathalie n'est pas plus confiante : son fils de 12 ans, lourdement handicapé, est scolarisé à raison de deux demi-journées par semaine. "Il lui faudrait une place dans un service d'éducation spécialisé, avec des soins à domicile. Je suis en liste d'attente depuis un an, et en juillet on m'a annoncé encore deux ans d'attente"...

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