N'écoutez pas ce qu'ils disent (suite)

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Lire le début: http://www.handica.com/acces_themes/article.php?cat=1.2.0.0&art=1260 Aux propos généreux et aux textes humanistes doivent correspondre des décisions politiques volontaristes, traduites concrètement en termes de compétences et de moyens : - Par une formation préparant des enseignants médiateurs de l'intégration. La simple sensibilisation, le bricolage informatif ne suffisent pas. L'accueil d'élèves handicapés sollicite des compétences professionnelles avérées, dépassant le dévouement, la vocation ou l'œuvre de bienfaisance. Comment entrer dans une culture de l'intégration sans réformer peu à peu les esprits par une formation professionnalisante, sachant que les enseignants non formés constituent l'obstacle le plus puissant ? - Par l'allégement quantitatif de l'effectif des unités intégrantes et une réelle prise en compte de l'équilibre du groupe-classe. On oublie trop volontiers les difficultés réelles des classes qui intègrent, donnant aux enseignants concernés l'impression d'assumer, dans des conditions inadéquates, un rôle qui dépasse leur métier et, qui plus est, de s'en trouver stigmatisés. - Par un effort multidirectionnel, au plan national, comprenant la mise au point d'un système fiable de recueil de données pour concevoir des stratégies formatives ajustées ; le développement aussi bien quantitatif que qualitatif des formations initiale et continue ; l'implication forte de l'Université (création de nouveaux cours, intensification des travaux et recherches en anthropologie, sociologie, psychologie, sciences de l'éducation, ...) ; la mise en synergie des expériences de terrain et la diffusion des réussites ou actions innovantes; la conception de réseaux, de passerelles, de temps obligatoires reliant l'Education Nationale et le secteur médico-social, les enseignants spécialisés et les généralistes. - Par un développement des travaux et recherches universitaires sur les situations de handicap "Aux Etats Unis, depuis deux ans, l'Université de CHICAGO valide des maîtrises et des doctorats dans deux nouvelles disciplines : les études sur le handicap et les politiques sociales pour la réadaptation. Si ces diplômes sont récents, les enseignements sanctionnés ne sont pas inédits. Au cours des années 70, dans la mouvance des manifestations concernant les droits civils des noirs, des femmes et des homosexuels ; des citoyens américains handicapés ont peu à peu fait émerger l'idée selon laquelle leur émancipation ne deviendrait effective qu'à la condition d'aligner leurs actions sur les luttes antiségrégationnistes des autres minorités. Les campus ont toujours été des lieux privilégiés de la mobilisation des personnes handicapées et, à l'instar de celle de celle de Chicago, plusieurs Universités se sont intéressées aux recherches sur le handicap. Se démarquant nettement du modèle médical qui mettait l'accent sur la déficience, les études menées se sont dès l'origine orientées vers le contenu social du handicap. Histoire du handicap, handicap et minorités culturelles, représentations du handicap dans la littérature et le cinéma, les foires aux monstres au siècle dernier, voici quelques-uns des thèmes abordés. Pour ces chercheurs, les travaux effectués dans l'enseignement supérieur dont fondamentaux car ils nourrissent la réadaptation d'un savoir essentiellement issu d'expériences vécues. Il est cependant difficile de déterminer aujourd'hui l'impact concret de ces enquêtes sur la vie quotidienne des handicapés américains. Chez nous, la réalité française est globalement différente. Le contexte historique et social est très éloigné de celui des Etats-Unis et toutes les comparaisons seraient vaines. Néanmoins, les faits sont là. Recherche et handicap sont peu souvent associés si on s'intéresse à une problématique qui veut s'émanciper du champ de la médecine. Il y a certainement de valeureuses équipes ici et là, animant dans l'anonymat quelques investigations. "Mais où sont ces explorateurs égarés, quels résultats obtiennent-ils ?" -Par une définition précise de la fonction d'auxiliaire d'intégration, tant dans ses dimensions collective qu'individuelle, afin de pérenniser ce nouveau métier, en prévenant les dérives possibles. Malgré l'aide des associations, qui a déjà permis de créer de nombreux services départementaux, 6000 auxiliaires d'intégration supplémentaires sont nécessaires pour couvrir tous les besoins actuels (à ce jour, 55% des auxiliaires interviennent en maternelle, 25% à l'école élémentaire, entre 8 et 10% au collège, les 10% restants accompagnent des lycéens ou des universitaires). -Par une adaptation des installations pédagogiques et techniques, par l'accessibilité de l'espace et des transports scolaires. Mettre en actes l'intégration exige de "prendre à bras le corps" les problèmes d'accessibilité. Le libre-accès des enfants aux bâtiments scolaires commande d'équiper ces derniers de rampes, d'ascenseurs, de toilettes adaptées…Les aménagements des classes elles-mêmes sont globalement à reconsidérer : ici, des sièges spéciaux font défaut ; là, les modifications indispensables des robinets, des interrupteurs, des ordinateurs, des appareils de laboratoire restent à effectuer ; ailleurs, des enfants souffrant de troubles sensoriels attendent en vain des dispositifs d'aide à la vision et à l'audition… De telles barrières matérielles revêtent un fort pouvoir symbolique et la notion de milieu de vie pour tous véhicule en elle-même le message de l'égalité fondamentale entre citoyens. -Par la création d'une fonction de médiateur national des enfants et adolescents handicapés : il serait chargé de garantir le respect de leur intérêt supérieur et l'excellence de leur éducation. "Education et rejet ne peuvent aller de pair" On estime à plus de 40 000 les enfants, aujourd'hui placés dans des institutions spécialisées, qui pourraient être accueillis en milieu scolaire ordinaire.
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