Audition des Français en danger,ils doivent baisser d'un ton

Volume amplifié, pollution sonore... Dans l'Hexagone, 20 millions de personnes souffrent d'acouphènes, en constante augmentation. L'association JNA fait le point sur l'impact conséquent de ces troubles sur la santé. Des résultats assourdissants !

• Par
Illustration article Audition des Français en danger,ils doivent baisser d'un ton

« Au XXIe siècle, l'être humain aspire à vivre en meilleur santé le plus longtemps possible. L'audition est l'une des clés », affirme l'association JNA. Or, en 2020, 20 millions de Français ont « les oreilles qui sifflent ». Autrement dit, 39 % de la population souffre d'acouphènes, contre 31 % en 2017. En cause, notamment, l'écoute de musique à un volume amplifié ou la pollution sonore sur l'ensemble des lieux de vie qui engendre pertes de concentration, fatigue, lassitude et irritabilité... mais surtout inquiétude. En effet, la surdité est la préoccupation de santé majeure derrière l'AVC (accident vasculaire cérébral). Une appréhension renforcée par le sentiment d'être « mal informé » sur les déficiences auditives. Ces résultats sont issus de l'enquête JNA-Ifop 2020 « Quel avenir pour les oreilles des Français ? », réalisée à l'occasion de la 23e édition de la Journée nationale de l'audition, le 12 mars 2020. Elle révèle « l'urgence de prendre en compte les risques anthropiques afin de développer une nouvelle écologie respectueuse des besoins physiologiques de l'oreille ».

Impact conséquent sur la santé

91 % des personnes interrogées affirment qu'une bonne audition a une influence considérable sur leur état de santé général, tandis que trois-quarts font état de répercussions négatives, liées au bruit. Un Français sur deux éprouve des difficultés à suivre des conversations au travail ou encore dans des lieux publics (bars et restaurants, écoles) ou privés (magasins, téléphones, repas de famille). « Lorsque 64 % des lycéens et étudiants indiquent rencontrer des problèmes de compréhension à cause du bruit dans les classes, on ne peut que s'inquiéter de l'optimisation des apprentissages », alerte l'association JNA. Pourtant, selon l'étude, les Français cherchent « peu » à combler le déficit d'information à ce sujet (21 %). Quand c'est le cas, ils le font majoritairement auprès des professionnels de santé, devant Internet et leur entourage.

Modes d'écoute : toujours plus fort

D'un autre côté, ils ne changent pas leurs pratiques pour autant et écoutent de la musique « toujours plus fort », majoritairement via des écouteurs et des enceintes Bluetooth. En moyenne, 25 % des utilisateurs déclarent opter pour un volume sonore élevé ; un chiffre qui grimpe à 43 % pour les 15-17 ans. Seuls 10 % ont le réflexe de protéger leurs oreilles avec une réduction active de bruit quand un quart ont déjà activé une fonction de « bridage » sur leur téléphone permettant de définir un seuil de volume maximum. Par ailleurs, la majorité d'entre eux totalisent une durée moyenne d'écoute quotidienne inférieure à deux heures. A contrario, 27 % des moins de 35 ans et 34 % des 15-17 ans déclarent une écoute supérieure ou égale à deux heures, contre 19 % en moyenne. Autre exemple de comportement à risque : 25 % des Français se sont déjà endormis en écoutant du son avec un casque ou des écouteurs. Là encore, cette pratique représente un phénomène de masse chez les jeunes (46 %). 37% déclarent avoir déjà ressenti des acouphènes à la suite d'une écoute prolongée de musique ou de conversations téléphoniques de cette manière, soit une hausse de six points en trois ans ; cette proportion atteint même 51 % chez les 15-17 ans. Parmi eux, 52 % utilisent un volume sonore élevé.

Consultations ORL en légère hausse

En parallèle, seule une personne sur deux affirme s'être déjà rendue chez un médecin ORL pour faire un bilan complet de son audition, et seulement quatre jeunes sur dix. Un constat toutefois « encourageant », selon l'association JNA, qui progresse légèrement sur un an. En tête de liste ? Les personnes âgées, même si l'écart n'est pas considérable avec les jeunes générations (68 % contre 42 %). Logiquement, 64 % des personnes qui ont déjà ressenti des acouphènes ont consulté un médecin. « La principale raison s'inscrit dans le cadre du suivi général de sa propre santé plus que sur des problèmes précis liés à son audition tels que le ressenti de sifflements ou de bourdonnements dans les oreilles ou encore la sensation d'une gêne de compréhension de la parole », précise JNA. 14 % évoquent d'autres raisons comme la baisse de l'audition ou encore des visites médicales professionnelles.

Des pistes pour une ouïe plus fine

L'option la plus plébiscitée pour favoriser un meilleur suivi de l'audition ? La réalisation d'une campagne de sensibilisation par les pouvoirs publics, suivie de près par la diffusion d'informations via une application dédiée avec la possibilité de passer un test auditif, la télémédecine ou encore des infos pratiques et régulières sur un site internet dédié. Une minorité évoque la possibilité d'informations ciblées sur les réseaux sociaux et l'ouverture d'une ligne téléphonique d'écoute et de conseils dédiés à l'audition. « Il y a 23 ans, lorsque nous avons initié une journée nationale d'information et de prévention des risques auditifs, la santé auditive était loin des préoccupations de chacun et des pouvoirs publics. Aujourd'hui, une prise de conscience est en train d'émerger, se félicite le Professeur Jean-Luc Puel, président du conseil d'administration de JNA. Mais seul un engagement politique fort, permettra de dépasser les résistances au changement dont souffre encore l'audition du fait d'une vision politique uniquement 'curative'. »

Les 7 défis de la décennie

Selon lui, cette volonté nécessite de relever de nombreux défis « pour garantir un suivi de santé questionnant systématiquement l'audition et ses comorbidités, de la naissance à la fin de vie, au même titre que les autres biomarqueurs de santé ». Ces challenges, il les liste dans un plaidoyer intitulé « 2020-2030 : une nouvelle vision stratégique de santé », visant à faire « bouger les lignes » : intégrer l'audition aux indicateurs de sécurité sanitaire, mettre en place une vigilance sanitaire, relever les défis du parcours de santé auditive, reconnaître les acouphènes comme des handicaps invisibles invalidants, la e-santé auditive à la rescousse, faire progresser la recherche et, enfin, opérer un changement culturel. « Il est temps ! », conclut l'association.

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
Commentaires0 Réagissez à cet article

Thèmes :

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.