AESH : 760 euros en moyenne, une précarité "inacceptable"

A quelques jours de la reprise, collectifs et syndicats interpellent le gouvernement sur la précarité des accompagnants d'élèves handicapés. Faibles salaires, temps incomplets, pas d'évolution de carrière... Mesures exigées pour la rentrée 2020 !

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760 euros par mois en moyenne pour un Aesh (accompagnant d'élève en situation de handicap). Trop peu, selon un collectif de syndicats de l'éducation* qui, le 15 juin 2020, réclame des « mesures immédiates et significatives » (revalorisation des salaires, fin des contrats à temps partiel, hausse de l'indice plancher), rappelant que « l'amélioration de leur situation est présentée comme un objectif du Comité de suivi ministériel des Aesh » installé le 27 février 2020.

En termes de « rémunération et temps de travail », ces organisations syndicales dénoncent un « statu quo inacceptable », sans « qu'aucune proposition satisfaisante au regard de l'urgence sociale ne soit formulée par le ministère ». Cette interpellation est relayée par le collectif Aesh national CGT Educ'action, qui rassemble de nombreux professionnels, tandis que, le 9 juin, des Aesh du Rhône ont manifesté leur impatience (colère ?) sous les fenêtres du rectorat. Tous continuent, année après année, de dénoncer la « précarité » de ce statut pour un public composé à 92,8 % de femmes âgées en moyenne de 45 ans.

Trop de temps incomplets

Le temps incomplet semble être la règle, à 62 % (chiffre intersyndicale), malgré les demandes récurrentes de temps plein. Par ailleurs, les augmentations de rémunération liées à l'ancienneté ne seraient quasiment pas appliquées, 72 % des Aesh étant rémunérés à l'indice plancher (indice 329), les maintenant parmi les « salaires les plus bas de la Fonction publique », selon le collectif. Comment augmenter les rémunérations ? « La seule piste évoquée est d'augmenter le temps travaillé en proposant des missions en dehors de leur fonction et en multipliant les contrats de travail à temps incomplet avec différents employeurs », explique-t-il. Des suggestions qui « vont à l'encontre de l'objectif de professionnalisation et de reconnaissance des missions de ces accompagnants », selon les syndicats qui regrettent que la « flexibilité imposée par la mise en place des Pôles inclusifs d'accompagnement localisés (Pial) -qui doivent permettre de mieux répartir et coordonner les interventions en fonction des besoins et des emplois du temps des élèves concernés- n'ait pas permis d'aboutir à des contrats à temps plein, comme promis par le ministre de l'Education nationale ». « Nous pouvons être amenés à suivre cinq à sept enfants avec un handicap différent, dénonce, de son côté, le collectif 'Aesh/avs en action'. C'est difficile de jongler avec autant de handicaps différents dans la même journée, voire demi-journée. »

Des mesures pour la rentrée 2020

Afin d'assurer la « reconnaissance » de cette profession, l'intersyndicale revendique la « création d'un corps de fonctionnaires correspondant aux besoins permanents indispensables au bon fonctionnement du service public d'éducation », faisant écho au collectif Aesh qui exige le statut de « fonctionnaire de l'Education nationale », avec la possibilité « d'évoluer, de passer des concours en interne, d'avoir des perspectives ». Et un peu de considération ? « Lors de la reprise post-confinement, le protocole sanitaire du ministère ne mentionnait à aucun moment les Aesh, poursuit le collectif dédié. Suite à une grosse mobilisation, un nouveau protocole spécial est sorti le jour de la rentrée, le 11 mai » (article en lien ci-dessous). Le sommet de l'Etat prendra-t-il les arbitrages qui s'imposent pour la rentrée de septembre 2020 ? « Il en va de la crédibilité et de la réussite de l'école inclusive », concluent les syndicats.

* FSU / SE-UNSA / SGEN-CFDT / CGT Éduc'Action / SNALC / SUD éducation

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