Line : ses chats, un remède pour surmonter le trauma

Après avoir vécu un évènement traumatique, Line a trouvé refuge auprès des chats, un soutien émotionnel incomparable... devenus les égéries de sa marque de tee-shirts qui grime les légendes du rock en version féline. "Chat déchire !"

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Le chat, un remède « au poil » contre le trouble de stress post-traumatique (TSPT) ? Line, trentenaire d'un naturel dynamique et chaleureux, est « en mode survie » après qu'un évènement collectif d'une incroyable violence a bouleversé sa vie. Depuis, une porte qui claque, une conversation tapageuse, un pétard, la paralysent. Avec son compagnon, également victime, ils se sont repliés sur eux- mêmes, enfermés dans leur bulle, un « repère rassurant mais loin d'être stimulant ». Pour en sortir, ils ont opté pour une compagne à quatre pattes, nommée Lina.

Une adoption salutaire pour tous

« Après avoir vécu un tel traumatisme, vu des gens mourir sous nos yeux, nous avons eu l'envie irrépressible de sauver une vie. Comme beaucoup d'autres victimes, notre choix s'est alors porté sur un chat », explique la jeune femme. Et pas n'importe lequel... Une « mamie chatte » de treize ans qui souffrait de TSPT et était à l'adoption depuis des années. « Lina, alias Tata linoute, prenait de nombreux médicaments et s'arrachait les poils », déplore sa maîtresse. Contre toute attente, c'est le coup de cœur. « On s'est dit : 'Ce chat nous ressemble, personne n'en veut'. Nous avons passé une très belle année à ses côtés jusqu'à ce qu'elle décède, probablement des suites d'une erreur médicale. » Nouveau coup dur pour le couple. « Le trauma sous-jacent est ressorti à ce moment-là. Mon compagnon était inconsolable », poursuit-elle. Il trouve alors refuge dans le dessin, multipliant les portraits de Lina... Jusqu'à ce que sa frimousse s'imprime sur un tee-shirt, puis deux, puis trois « pour qu'elle puisse toujours veiller sur nous ». Kiss my Kats est né...

Pop-culture « chacrément » branchée

La première collection de cette marque écoresponsable et tendance grime les icônes du rock telles que Freddie Mercury, David Bowie ou encore Sia dans une version... féline (achats en ligne sur le site dédié) ! Un savant mélange de pop-culture, de chats délurés, de figures détournées, avec un brin d'irrévérence. Sa devise s'inspire des Aristochats : « Tout le monde veut devenir un Kats ! ». Engagés en faveur de l'insertion en emploi des personnes handicapées, les cofondateurs ont décidé de confier la gestion logistique de leur « griffe » à l'ESAT APF Ludres (Meurthe-et-Moselle). Nouvelle source d'inspiration ? Leurs deux matous, Ziggy et Nérée. « Nous nous étions promis de ne plus en adopter car la perte d'un animal est trop douloureuse mais nous avons craqué », sourit Line.

Des compagnons motivants

« Ils nous motivent à nous lever le matin et à nous projeter dans l'avenir, explique-t-elle. C'est un peu comme des enfants, qui donnent du sens à notre quotidien, du rythme, mais avec moins de responsabilités et de contraintes. » Son atout cha(t)rme ? « Il joue, apaise, apporte de la joie de vivre, tout en étant indépendant et autonome. Contrairement aux chiens, un chat n'a pas besoin d'être promené plusieurs fois par jour, ce qui peut être compliqué après un trauma », précise Line, avant d'ajouter : « A contrario, certains adoptent des chiens pour s'obliger à sortir, à reprendre les transports, etc. ».

Les animaux pour réduire l'anxiété

De nombreuses études vantent les mérites de la zoothérapie (thérapie assistée par l'animal). Confiance, autonomie, épanouissement... Si les chiens-guides ou d'assistance ont fait leurs preuves auprès des personnes handicapées, tous handicaps confondus, ils sont de plus en plus plébiscités pour leur soutien émotionnel. Leur valeur ajoutée ? Ils ne mentent pas, ne jugent pas, ne renvoient pas aux difficultés familiales ou personnelles et se contentent d'offrir une présence rassurante, un amour inconditionnel sans rien attendre en retour. « Les proches des personnes qui souffrent de TSPT, se sentant impuissants et étant soumis aux tracas du quotidien, peuvent parfois être maladroits, exigeants, faire des reproches ou encore perdre patience... Les animaux, non », souligne Line. « Leur effet sur notre santé mentale est évident, soutient le site Wamiz, spécialiste en la matière. Ils sont capables de sentir lorsque nous allons mal et nous apportent du réconfort. » En outre, la zoothérapie aide considérablement à réduire l'anxiété. Lorsqu'ils caressent un animal, les humains produisent de l'ocytocine, surnommée « l'hormone du bonheur » ou encore « de l'amour ». Résultats : un shoot de réconfort immédiat ! Des bars à chats voient d'ailleurs le jour dans de nombreux pays qui offrent un temps de pause ; on y sirote un verre un chat posé sur les genoux.

Thérapie avec des animaux maltraités

De mars à juillet 2019, six patients de l'Institut de victimologie, spécialisé dans le traitement du stress post-traumatique, ont intégré une thérapie expérimentale au contact d'animaux maltraités ou abandonnés. Le principe ? Une fois tous les quinze jours, ces victimes d'attentat, de viol ou de maltraitance passent la journée à câliner des chiens, chats ou chevaux accueillis en refuge. « Le TSPT pousse certains à multiplier les conduites d'évitement ou à développer une hypervigilance qui, progressivement, les isolent, aussi bien socialement qu'affectivement », explique, dans les colonnes de 20 minutes, Delphine Morali-Courivaud, directrice médicale de l'institut, à l'initiative de ce programme. Objectif ? Recréer du lien. « Pour certains patients, c'est une raison de vivre, poursuit la psychiatre. Certains m'ont affirmé ne pas vouloir se suicider tant que leur animal était vivant. »

« Il y a un côté miroir dans nos histoires, témoigne à son tour Isabelle, rescapée des attentats de novembre 2015. Ce sont des animaux qui ont été maltraités par des humains. Un peu comme nous finalement... » Un besoin et un don d'affection réciproques qui a produit des résultats « spectaculaires » aussi bien sur les Hommes que sur les animaux qui, pour certains, étaient jusqu'alors agressifs, craintifs ou hyperactifs. Finalement, chats, chiens, humains... tout le monde peut retomber sur ses pattes.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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