Rentrée lundi pour des enfants autistes : apprendre à structurer le

Apprendre à structurer le chaos de leur cerveau, à maîtriser les angoisses, briser les rituels, parvenir à rester dans une pièce : tels étaient lundi les défis de la rentrée pour Benjamin, Victor, Pierre et Apolline, enfants autistes.

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Paris, 5 sept 2005
Par Isabelle LIGNER

Benjamin, 11 ans, est celui dont les capacités sont les plus développées, parmi les quatre élèves de la Classe d'intégration scolaire (CLIS) de l'école Saint-Merri (IVème arrondissement de Paris).
Atteint par ce syndrome qui touche un enfant sur 2.000, majoritairement des garçons, et affecte essentiellement les fonctions de communication et de socialisation, le petit blond à lunettes commence par éviter les contacts avec son institutrice spécialisée, Françoise Martin. "Aujourd'hui, c'est la rentrée, on va travailler !" se réjouit-il pourtant.
Benjamin est brillant notamment en musique et en informatique. Il suit des cours intégrés avec une classe de CM1 traditionnelle. En revanche, impossible ce lundi de lui faire accrocher son manteau et de le faire rester à son bureau.
"Il a des rituels, il vérifie que les fenêtres et les portes sont fermées en permanence", explique Mme Martin. "Il doit surtout se réapproprier l'espace mais ici ils sont en confiance".
Apolline, 8 ans, effectue des allers-retours incessants, ferme brutalement les portes mais ne dit mot. "Notre but est de lui faire réaliser qu'elle est capable de parler et que c'est utile", dit l'institutrice.
A ses côtés, Pierre, 9 ans, tente pour sa part d'appréhender le plat et le relief à l'aide d'un puzzle.
Enfin Victor, 11 ans, autiste non verbal, communique par les signes de la méthode Makaton et par de grands sourires qui le rendent populaire auprès des autres élèves de l'école. Certains ont ainsi appris quelques signes comme celui pour dire "ami". Mais "il a fallu lui expliquer ce que c'était", raconte Marie, éducatrice.
En dehors de l'école, Victor voit souvent un autre Victor, élève de CE2.
Françoise Martin raconte des histoires chargées d'espoir comme celle de Mathieu, qui a réussi à intégrer une seconde générale. D'autres plus sombres: une fillette de 11 ans qui a dû partir à des centaines de kilomètres de sa famille pour poursuivre sa scolarité au coeur des Ardennes belges.
La France a été condamnée en 2004 par le Conseil de l'Europe pour l'insuffisance de ses structures éducatives pour les autistes.
Au sein de la CLIS, une aide sur mesure est proposée à chacun avec de nombreuses passerelles vers les autres classes de primaire.
"Nous avons choisi un modèle d'intégration", rappelle Françoise Martin, qui a ouvert cette classe en 1989 et a accueilli depuis 25 élèves.
Ainsi tous les élèves font récré et cantine communes tandis qu'un système de tutorat permet à des enfants d'autres classes de participer à des activités de la CLIS. Les enfants autistes sont intégrés ponctuellement dans les classes de primaire, accompagnés d'un adulte.
Léa, élève de CM2, aime cette école de l'ouverture à la différence. "En récré, on apprend à être plus calme pour ne pas les effrayer, dit-elle, et puis on apprend à penser autrement".

il/bp/sp

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