Corée : mort d'une ex-militaire transgenre, consternation!

Une militaire sud-coréenne limogée par l'armée pour cause de "handicap mental" après avoir changé d'identité sexuelle a été retrouvée morte, suscitant une vague de consternation et des appels à adopter une loi anti- discrimination.

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DERNIERE MINUTE DU 7 OCTOBRE 2021
Un tribunal sud-coréen a estimé le 7 octobre 2021 injuste le renvoi par l'armée d'une soldate après son changement de sexe, conduisant à son suicide en mars dernier. L'armée aurait dû l'accepter officiellement en tant que femme après son opération, a estimé le tribunal du district de Daejeon.


ARTICLE INITIAL DU 4 MARS 2021
Le corps de Byun Hee-soo, militaire sud-coréenne limogée par l'armée après avoir subi une intervention chirurgicale afin de changer d'identité sexuelle (article en lien ci-dessous) a été retrouvé le 3 mars 2021 à son domicile de Cheongju, au sud de Séoul, a rapporté l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Une enquête a été confiée à la police qui a confirmé sa mort à l'AFP. Selon des médias, aucun mot n'a été retrouvé mais son décès est considéré comme un suicide. L'agence, citant des représentants des autorités, a affirmé qu'elle avait déjà tenté de se suicider il y a trois mois.

Une vague de réactions

L'annonce de ce décès a soulevé une vague de réactions. "L'ensemble de la société coréenne porte la responsabilité de sa mort", affirme un message publié sur Daum, numéro deux des portails internet du pays. "Ceux qui l'ont ridiculisée et qui ont fait des commentaires malveillants en ligne parce qu'elle était transsexuelle, je veux que vous réfléchissiez à ce que vous lui avez fait". Byun Hee-soo, un sergent d'une vingtaine d'années, s'était engagé volontairement sous les drapeaux en tant qu'homme en 2017, avant de subir en novembre en Thaïlande une opération chirurgicale de réattribution sexuelle. Par rapport à de nombreux pays d'Asie, la Corée du Sud demeure profondément conservatrice sur les questions d'identité sexuelle et les relations homosexuelles entre militaires sont passibles de poursuites. Devenue femme, elle avait clairement fait part à sa hiérarchie de sa volonté de demeurer dans l'armée.

Renvoyée pour cause de handicap mental

Une commission militaire avait ordonné en janvier 2020 son renvoi de l'institution militaire, le ministère de la Défense estimant que la perte de ses parties génitales constituait un handicap mental ou physique. A l'issue de son limogeage, Mme Byun était sortie de l'anonymat afin de plaider sa cause. "Je suis une militaire de la République de Corée", avait dit la voix tremblante la militaire. En uniforme, elle avait expliqué que servir sous les drapeaux était un rêve d'enfant. Mais elle avait dit souffrir de dépression en raison d'une "dysphorie de genre", autrement dit un profond sentiment d'inadéquation entre son corps et son identité sexuelle. D'où son choix de se faire opérer. "Je veux montrer à tout le monde que, quelle que soit mon identité sexuelle, je peux être un de ces grands soldats qui défendent le pays". "S'il vous plaît, donnez-moi cette chance", avait imploré la jeune femme.

Homosexualité proscrite

La conscription existe toujours en Corée du Sud, où l'armée est principalement affectée à la protection du territoire face à la menace du Nord. Tout homme apte est tenu à deux années de service militaire. Mme Byun a été le premier soldat sud-coréen à subir une opération de changement d'identité sexuelle pendant son service. Le porte-parole adjoint du ministère de la Défense, Moon Hong-sik, a présenté ses condoléances à la suite de cette "mort regrettable". Il a cependant précisé qu'il n'y a pas eu de discussions approfondies sur la question des soldats transgenres. Des associations internationales de défense des droits dénoncent depuis longtemps que les relations sexuelles consenties entre deux personnes de même sexe demeurent un délit aux yeux de la loi militaire sud-coréenne. L'armée poursuit sans relâche les soldats qui entretiennent des relations homosexuelles. Ils encourent deux ans d'emprisonnement assortis de travaux forcés en cas de condamnation par une cour martiale.

La laisser vivre sa vie

Seo Ji-hyun, une procureure sud-coréenne à l'origine du mouvement #MeToo dans son pays après avoir révélée avoir été victime de harcèlement sexuel de la part d'un supérieur, a réagi à la mort de l'ex-militaire. "Nous aurions pu la sauver... Nous devions juste la laisser vivre sa vie telle qu'elle était", a-t-elle affirmé sur compte Facebook avant d'appeler "à un projet de loi anti-discrimination". L'an dernier un tel projet a été proposé, visant à lutter contre les valeurs traditionnelles profondément ancrées dans la société sud-coréenne. Ce texte viserait à interdire tout favoritisme fondé notamment sur le sexe, la race, l'âge, l'orientation sexuelle, le handicap ou la religion. Plus d'une douzaine de tentatives d'adoption de lois anti-discrimination ont échoué ces 14 dernières années notamment en raison de l'opposition des puissantes églises qui condamnent l'homosexualité et de certaines associations.

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