Covid : perte de l'odorat, on a compris pourquoi?

La perte de l'odorat est l'un des symptômes les plus fréquents de la Covid-19. Des chercheurs français ont découvert pourquoi. Un processus en plusieurs étapes, qui ouvre une porte vers le cerveau...

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La Covid-19 est principalement une maladie respiratoire mais de nombreux patients présentent d'autres symptômes. La perte de l'odorat, ou anosmie, est l'un des plus précoces et fréquents et peut intervenir de manière très soudaine. Il est rapporté à 70 %, juste derrière les céphalées (70,3 %) mais assez loin devant la perte de goût (54,2 %). Pour quelle raison ?

De nouvelles conclusions

Jusqu'à maintenant, les mécanismes en cause n'étaient pas vraiment connus. L'une des hypothèses communément admises était qu'un œdème transitoire au niveau des fentes olfactives empêchait le passage de l'air qui amène les molécules odorantes vers les cellules nerveuses olfactives. C'est la fameuse sensation du « nez bouché » lors d'un rhume classique. Mais des chercheurs français (Institut Pasteur, CNRS, Inserm, Université de Paris et AP-HP) ont apporté d'autres réponses qui pourraient bien élucider ce mystère. Selon leur nouvelle étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Science Translational Medicine, le mécanisme de la perte de l'odorat se ferait en plusieurs étapes.

Une porte d'entrée vers le cerveau

Tout commence, après l'infection virale, par la disparition des cils portés par les neurones sensoriels, or ce sont eux qui permettent la réception des molécules odorantes. Le virus franchit donc le barrage rompu vers ces neurones puis poursuit sa route dans l'épithélium olfactif (organe sensoriel) en déstructurant au passage les lamelles régulières qui le composent. L'invasion se prolonge dans le bulbe olfactif, situé à la base du cerveau, et s'achève par la présence d'une neuroinflammation et d'ARN viral dans plusieurs régions de ce dernier. Cette étude montre que la perte de l'odorat est aussi la conséquence d'une dégradation de l'organe sensoriel situé au fond des cavités nasales.

L'infection des neurones olfactifs pourrait donc constituer une « porte d'entrée vers le cerveau », ce qui permettrait d'expliquer pourquoi certains patients développent diverses manifestations cliniques, d'ordre psychologiques (troubles de l'anxiété, dépression) ou neurologiques (déclin cognitif, susceptibilité à développer une maladie neurodégénérative), qui doivent faire l'objet de nouvelles études.

Des tests négatifs

L'étude montre également que les tests classiques RT-PCR pratiqués à partir d'un prélèvement nasopharyngé à l'aide d'un long écouvillon peuvent se révéler négatifs alors même que le virus persiste au fond des cavités nasales, dans la muqueuse olfactive. Cette découverte montre qu'un diagnostic du coronavirus par brossage nasal peut être envisagé pour compléter le prélèvement nasopharyngé chez les patients ayant une perte d'odorat, selon l'Institut Pasteur.

Durant plusieurs mois

« La perte de l'odorat dans la Covid-19 peut persister plusieurs mois chez certains patients », explique Marc Lecuit, responsable de l'unité Biologie de l'infection, co-auteur de l'étude. Entre 75 et 85 % ne le retrouveraient que deux mois après la fin de la maladie. « Cette persistance des signes cliniques est attribuable à la persistance du virus et de l'inflammation dans la muqueuse olfactive », poursuit-il. Ces éléments devront être pris en compte pour adapter le diagnostic et la prise en charge des manifestations à long-terme de la Covid-19.

Rappelons que, hors temps de pandémie, la perte d'odorat toucherait une personne sur dix. Pourtant, ce trouble qui peut être véritablement considéré comme un « handicap » puisqu'il engendre des souffrances à la fois physiques et psychologiques, reste totalement méconnu (articles en lien ci-dessous)...

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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