Autisme: des recherches thérapeutiques, oui... mais pas que!

On ne compte plus le nombre de recherches thérapeutiques sur les TSA. Mais ce n'est pas le seul défi à relever pour améliorer le quotidien. Diagnostic précoce et prise en charge individualisée, tout au long de la vie, sont également essentiels.

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Les ions bromures sont sous les feux des projecteurs depuis quelques jours. Non pas pour leurs vertus thérapeutiques contre l'épilepsie mais pour soulager certains symptômes des troubles du spectre de l'autisme (TSA). Une étude publiée en juin 2022 vante leurs propriétés « inhibitrices » (article complet en lien ci-dessous). En effet, des chercheurs Français, notamment de l'Inserm*, ont constaté que cette molécule pouvait rétablir l'équilibre entre les phénomènes d'excitation et d'inhibition dans les circuits neuronaux, agissant ainsi sur les comportements sociaux des personnes avec autisme... Du moins, pour l'heure, des rongeurs. Car cette molécule a été testée, en phase préclinique, sur trois modèles de souris qui présentaient différentes mutations génétiques responsables du phénotype autistique. Résultat : une restauration des aptitudes sociales ainsi qu'une réduction de l'anxiété et des comportements stéréotypés. Une piste prometteuse pour les 700 000 Français concernés en vue d'un essai clinique envisagé dans les prochaines années. Néanmoins, la recherche thérapeutique n'est pas le seul défi à relever pour améliorer leur qualité de vie...

Favoriser un diagnostic précoce

L'autre priorité est de « continuer à raccourcir les délais entre l'apparition des premiers signes évocateurs d'une trajectoire atypique et la mise en place d'interventions ciblées », affirme l'Inserm dans un communiqué. Identifier ces enfants de manière « ultra-précoce », en s'intéressant par exemple à leur motricité dès le plus jeune âge ou à leur histoire pré et périnatale, est, selon cet organisme de recherche scientifique, « un axe de recherche intéressant ». L'enjeu ? Prévenir les comorbidités et améliorer la trajectoire développementale. Convaincu de la nécessité de « ne pas perdre de temps », le gouvernement a lancé, en février 2022, le premier guide de repérage précoce des écarts de développement inhabituels de l'enfant de 0 à 3 ans, disponible notamment sur le site Caf.fr (article complet en lien ci-dessous). Son titre ? « Parents et professionnels de la petite enfance, soyons attentifs ensemble au développement de votre enfant ».

Proposer une prise en charge individualisée

L'Inserm estime, par ailleurs, que « proposer des prises en charge individualisées, reposant sur des équipes multidisciplinaires et sur des interventions dites 'comportementales et développementales', comme le programme Denver ou la Thérapie d'échange et de développement (TED), a également un intérêt majeur ». En parallèle, un modèle innovant, basé sur une approche neurodéveloppementale des TSA, créé par deux Québecoises, Brigitte Harrisson, elle-même autiste, et Lise St-Charles, émerge en France (article complet en lien ci-dessous). Nom de code ? Saccade (acronyme de « Structure et apprentissage conceptuel continu adapté au développement évolutif »). Basé sur le fonctionnement interne de la structure de pensée autistique plutôt que sur les répercussions du trouble, il vise à améliorer la communication entre neuroatypiques et neurotypiques, avec une promesse : une prise en charge « sur-mesure » adaptée à chaque forme et chaque degré de TSA. Face au succès du modèle Saccade outre-Atlantique « et en cohérence avec la demande française, il a officiellement été présenté par ses conceptrices à Claire Compagnon, déléguée interministérielle chargée de la mise en œuvre de la stratégie nationale autisme au sein des troubles du neuro-développement, en mai 2022, lors du colloque international du GNCRA (Groupement national des centres de ressources autisme) », indique Chams-Ddine Belkhayat, président de Bleu network, réseau de créateur de liens dans l'autisme et père d'un garçon concerné. Il assure que « le dossier est actuellement en cours d'étude auprès de la Haute autorité de santé pour figurer parmi les prochaines recommandations de bonnes pratiques ».

Accompagner le vieillissement

La prise en charge des adultes autistes, dans un contexte plus général de vieillissement de la population, constitue un autre défi de taille. « Il existe aujourd'hui une absence de continuum de prise en charge tout au long de la vie », constate l'Inserm. Il consent néanmoins que, depuis plusieurs années, de nombreux programmes de recherche se mettent en place à travers le monde pour comprendre comment les personnes autistes vieillissent, si elles sont plus à risque de troubles neurodégénératifs et quelles interventions contribuent à augmenter leur qualité de vie et à lutter contre leur isolement social. L'Inserm cite notamment l'importance des programmes de réhabilitation psychosociale « qui visent à travailler leurs compétences cognitives et à accompagner leur insertion professionnelle et sociale ». Il déplore néanmoins un accès, et, de manière plus générale, une prise en charge inégalitaire en France. Selon les scientifiques, cet enjeu devra être pris en compte aussi bien par les équipes de recherche que par les décideurs publics « afin d'offrir les mêmes opportunités et le meilleur accompagnement à toutes les personnes avec autisme, à tous les âges de la vie ».

* Institut national de la santé et de la recherche médicale

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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