Le braille, sésame pour accéder à la culture et à l'emploi

Langage universel, le braille permet aux aveugles de lire et d'avoir accès aux emplois les plus qualifiés. Les associations demandent de le promouvoir, à l'occasion des 70 ans de l'entrée au Panthéon de son inventeur, Louis Braille.

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Par Catherine Fay de Lestrac

La France compte 1,7 million de personnes déficientes visuelles, dont 300 000 non-voyantes, dont 15% maîtrisent le braille, selon l'Institut national des jeunes aveugles (Inja). Intitulée "Le retour de Monsieur Braille au Panthéon", une journée associant cérémonie officielle, conférence internationale et activités pratiques le 22 juin 2022 (article en lien ci-dessous) veut mieux faire connaître ce système d'écriture tactile utilisé dans le monde dans 142 langues. Les cinq associations dédiées à la déficience visuelle qui l'organisent appellent les pouvoirs publics à promouvoir le braille, passerelle pour accéder au savoir, à la culture, l'éducation et l'emploi.

Vers des métiers plus qualifiés

"Un déficient visuel sur deux en âge de travailler est au chômage. Ceux qui connaissent le braille ont plus de chance d'exercer un métier. Il y a six millions de braillistes dans le monde, ils ont un emploi pour la plupart", fait valoir Thibault de Martimprey, vice-président d'apiDV, qui organise la journée avec l'Inja, l'association Valentin Haüy, Voir Ensemble et la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France. "Le braille leur permet d'accéder à des métiers plus qualifiés et intellectuels, mieux adaptés que les métiers manuels à leur handicap", ajoute-t-il. "Fils d'ébéniste, je ne pourrais pas exercer le métier de mon père", dit Stéphane Gaillard, magistrat à la Cour des comptes et directeur de l'Inja.

Plus d'enseignants spécialisés

Pour permettre à "tous les enfants non-voyants" d'apprendre le braille "dès le plus jeune âge" et ensuite être scolarisés avec les élèves voyants dans l'école ordinaire, les organisateurs demandent d'augmenter le nombre d'enseignants spécialisés sur tout le territoire. Pour "garantir l'accès à la lecture", il faut des manuels scolaires et universitaires en braille, il faut aussi "traduire" les œuvres importantes et rendre moins coûteux les ordinateurs qui permettent aujourd'hui de l'utiliser (actuellement d'au moins 5 000 euros), disent-ils. Ses 63 signes permettent de lire avec les doigts, y compris les signes mathématiques et le langage de la musique. "Louis Braille était une sorte de codeur geek avant l'heure, un gamin génial qui a inventé ce code à 16 ans. Et, inventé en 1825, ce système d'écriture s'est adapté à l'informatique, il est aujourd'hui utilisable sur tablette et ordinateur", ajoute M. Gaillard.

"A l'oral, ce serait impossible"

Ayant appris à lire et écrire en braille au CP avec des enseignants spécialisés avant de rejoindre des classes de voyants, Raphaël Poitevin, non-voyant, accordéoniste à ses heures perdues, est administrateur système dans une société informatique. "En mathématiques ou en programmation, c'est quasi impossible sans le braille car les signes mathématiques ne sont pas oralisables". "Dans mon métier, je dois lire ce qui s'est passé dans les serveurs informatiques, il y a des centaines de lignes de données, qui me sont converties en braille. A l'oral, ce serait impossible", explique-t-il. "On peut, par exemple, faire un discours en lisant nos notes avec le doigt. Sans braille, il faut tout apprendre par cœur ou alors faire de longues interruptions, le temps que nos notes nous soient lues dans une oreillette", ajoute-t-il.

Le braille sur les produits alimentaires

Enfin, les associations demandent que les produits alimentaires soient étiquetés en braille, comme le sont déjà les médicaments. Et de l'étendre dans les distributeurs bancaires, de titres de transports, digicodes, ainsi que dans les établissements accueillant le public : ascenseurs, numéros de chambre... "On est obligé de se faire aider pour faire nos courses. Mais ensuite, une fois chez vous, vous ne savez plus ; cette boîte de conserve, c'est des tomates ou des petits pois ?", explique Raphaël Poitevin. "J'ouvre une boîte et je me dis : 'Tant pis ! Ce sera la surprise !'".

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