2 ministres au CNCPH : quelles priorités pour le handicap ?

Les 2 ministres dédiés au handicap ont fait connaissance avec le CNCPH, instance représentative des personnes handicapées, pour confronter leurs priorités. Parmi les chantiers urgents : accessibilité universelle pour les uns, ressources pour l'autre.

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Le 26 juillet 2022, les deux ministres dédiés au Handicap sont allés pour la première fois à la rencontre des membres du Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) : Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée aux Personnes handicapées, et Jean-Christophe Combe, ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.

Combe défend la « cause »

C'est donc un binôme, un « nous », selon JC Combe, et un « attelage pertinent » selon G. Darrieussecq, qui s'est présenté devant cette instance qui se définit comme un « partenaire pour coconstruire les politiques publiques du handicap ». Le ministre déclare en préambule vouloir « agir efficacement au service de cette 'cause' (ndlr : sic, est-ce vraiment une cause ou une question de droit commun ?) ! », assurant que « les personnes handicapées seront des partenaires de premier plan et que rien ne sera fait sans elles », notamment lors de l'élaboration de la 5e branche Autonomie. Le ministre a également réaffirmé la place du Comité interministériel du handicap (CIH), qui « a fait preuve de son efficacité » ; il permet de réunir tous les ministres concernés par cette question deux fois par an. Le prochain est programmé le 6 octobre 2022.

Darrieussecq : son fil rouge, l'accessibilité universelle

A son tour, Geneviève Darrieussecq déroule une feuille de route qui se veut « réaliste sur le terrain et réalisable » mais néanmoins « ambitieuse ». Elle définit sa « ligne rouge » : l'accessibilité universelle, un travail qualifié « d'immense » et qu'elle entend « expliquer aussi au grand public ». C'est également la « priorité des priorités » pour Jérémie Boroy, président du CNCPH. D'autres pistes sont évoquées par la ministre : les contours de l'individualisation de l'Allocation adulte handicapé (AAH) pour « ne léser personne », les enjeux éducatifs à la veille de la rentrée. En tant que médecin (allergologue) qui la « pousse à ce tropisme », elle se dit également « très attachée à l'accès à la santé, mais aussi à la prévention, très en retard dans notre pays ». Enfin, « parmi beaucoup d'autres thèmes à aborder », elle assure que « chaque personne qui le peut doit avoir un parcours professionnel ». La ministre promet également qu'une « attention toute particulière sera accordée aux professionnels de l'accompagnement et aux aidants », une « priorité » partagée par Jean-Christophe Combe, notamment sur le volet personnes âgées.

Un avis seulement consultatif

La ministre amadoue l'auditoire en félicitant le CNCPH pour la « grande pertinence de ses actions et son efficacité remarquable » pour « traquer le décret », même si, faut-il le rappeler et comme son nom l'indique, l'avis de cette instance n'est que consultatif et loin d'être toujours suivi… Jérémie Boroy apprécierait d'ailleurs que, « sur les textes réglementaires », il soit « saisi en amont de leur rédaction plutôt que de courir après », souhaitant « éviter les rendez-vous manqués ». Il déplore de ne pas être « associé à la réflexion sur les projets de loi ».

Quelles enjeux pour le CNCPH ?

Jérémie Boroy énonce les trois chantiers sur lesquels l'instance souhaite avancer rapidement. C'est d'abord celui des ressources qui est au cœur des préoccupations, a fortiori dans une période d'inflation galopante. Si les dernières mesures validées par le Parlement (hausse de 4 % des minimas sociaux et des pensions d'invalidité à compter du 1er juillet 2022 et déconjugalisation de l'AAH à partir du 1er octobre 2023, articles en lien ci-dessous) constituent une première étape jugée « essentielle », elles ne résolvent qu'en partie les problèmes puisque le niveau de vie des personnes concernées reste majoritairement en-dessous du seuil de pauvreté. C'est aussi l'accessibilité à l'enseignement supérieur qui « accuse un retard inacceptable alors que la France pourrait être un pays phare », déplore Jérémie Boroy. Enfin, il réamorce la question de la vie intime, sexuelle et amoureuse des personnes handicapées, espérant une « possible expérimentation de l'accompagnement » dédié dans notre pays. Les neuf commissions ont ensuite pris la parole pour faire part de leurs suggestions et revendications.


Une Conférence nationale du handicap début 2023

Des vœux pieux ont été énoncés. Place maintenant à l'action, et, faut-il l'espérer, pas seulement via le prisme du médico-social… Le CNCPH se dit « engagé sur la question de la représentation et de la participation des personnes handicapées », rappelant que la France a été « très clairement interpellée » par l'ONU à ce sujet. Le Conseil a été mandaté par Sophie Cluzel, ex-secrétaire d'Etat au Handicap, pour « travailler en ce sens » et « ne plus se prétendre avocat des personnes concernées à leur place ». Geneviève Darrieussecq assure vouloir « soutenir l'autodétermination ».

Elle consent qu'elle « est là pour apprendre et entendre les critiques », consciente « qu'il y en a souvent », mais prend la précuation de rappeler que les « ministres ont aussi leurs contraintes, notamment budgétaires ». Selon elle, une boussole fixe le cap, l'organisation de la Conférence nationale du handicap (CNH) prévue début 2023.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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