Faire de mon handicap une force

Si le handicap ne se voit pas, les entreprises s'en fichent. En revanche, s'il est visible, alors, elles ne prennent pas de risque.

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" Voilà qui résume la pensée de Karine Muller-Marin sur le sujet des relations entreprises / personnes handicapées. A 29 ans, cette jeune chef de projets au sein de l'agence de communication TBWA Corporate affiche un dynamisme débordant, teinté d'une pointe de militantisme. Atteinte d'une surdité de naissance avec 65% de perte de capacité auditive, Karine Muller-Marin s'est équipée d'un appareil auditif, à l'âge de 14 ans seulement. " Plus jeune, mon handicap n'était pas reconnu. Ma scolarité s'est déroulée dans un environnement d'entendants. On disait de moi que j'étais une enfant distraite, perturbée voire bête. "[BB]J'ai décidé de faire de mon handicap une force[EB]. " raconte Karine. Rivaliser avec les entendants A l'université, elle adhère à l'association [BB]GEDA (Groupement des Etudiants Déficients Auditifs), [EB] participe à un journal pour malentendants... Cependant, comme la plupart des personnes handicapées, Karine souffre d'un cruel manque de confiance en elle-même, dès lors qu'il s'agit d'aborder le monde du travail : " durant mes études de droit, j'imaginais travailler auprès des sourds. Je ne pensais pas pouvoir rivaliser avec les entendants. " Pourtant, elle décide d'entrer à l'EFAP (Ecole Française des Attachés de Presse). " J'ai hésité. Je me suis dit, "Tu prends un risque mais bon, tente-le, quitte à être dernière". J'en suis sortie parmi les premières ! " se réjouit-elle. Son premier travail, elle le choisit à nouveau dans l'univers des malentendants où son handicap lui ouvre des portes. Au sein d'une agence de design tourangelle, elle crée et met sur pied une campagne de communication sur le bruit. La réussite est au rendez-vous. Cette campagne sera primée cinq fois, notamment par le Grand Prix des Relations Presse 1999. " J'avais fait mes preuves. J'ai pris confiance en moi et les prix décernés étaient autant d'atouts à faire valoir dans toute autre agence de communication ". Pour ne pas s'enfermer dans son handicap, Karine décide donc de se confronter aux entretiens " classiques ". Dans cet exercice, Karine aime prendre ses interlocuteurs à contre-pied : " je ne cache pas mon handicap. A la fin de l'entretien, une fois que le recruteur s'est forgé une opinion, je précise que je suis malentendante. L'effet de surprise est garanti." Des entreprises peu informées Quand l'employeur est convaincu - en l'occurrence l'agence TBWA Corporate - Karine doit encore accompagner les démarches administratives spécifiques nécessaires à son embauche. Heureusement, elle a conservé de son premier poste des liens avec une association de Tours, l'URAPEDA (Union Régionale des Associations de Parents d'Enfants Déficients Auditifs), qui l'a aidée à se faire reconnaître comme travailleuse handicapée auprès de la Cotorep. Elle explique que son statut lui permet de bénéficier du contrat initiative emploi, traditionnellement réservé aux chômeurs de longue durée, elle fait valoir les atouts financiers attachés à son statut (des arguments que Karine utilise également dans sa négociation de salaire), elle indique le modèle de téléphone dont elle a besoin tout en précisant que ce terminal pourra être remboursé par l'AGEFIPH... bref, Karine forme son entreprise. " Le travailleur handicapé est un réel atout pour une entreprise. Plus mature et polyvalent, il est souvent très organisé, plus souple et plus endurant. " conclut la jeune femme. Nasséra Zerkak (Filigrane Press)
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