Arnaque,crime et handicap: une famille risque la perpétuité

Un "clan familial" est accusé d'avoir fait disparaître, en 2017, Matthieu Dallibert, un jeune déficient intellectuel. "Il en savait trop", estime le beau-frère. Déjà condamnés pour escroqueries, abus de faiblesse, recel, ils encourent la perpétuité.

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Par Antoine Beneytou

Un assassinat sans cadavre. La cour d'assises de la Charente juge, à partir du 20 mars 2023, des membres d'une famille accusés d'avoir fait disparaître, en 2017, un jeune handicapé témoin d'escroqueries pour lesquelles ils ont été condamnés depuis. La victime, qui aurait 33 ans aujourd'hui, n'a plus donné signe de vie depuis cinq ans et demi. Déficient intellectuel, Matthieu Dallibert avait rejoint cette famille, installée alors en Ille-et-Vilaine, après être tombé amoureux, en 2011, d'une des filles d'Isabelle Duché. Cette femme de 51 ans, elle-même handicapée et présentée par l'accusation comme la "matriarche" d'un "clan familial", comparaîtra lors de ce procès prévu jusqu'au 31 mars à Angoulême aux côtés de son fils Nicolas, 24 ans, et de Damien Aristide, 41 ans, qui a reconnu les faits. Les deux autres nient toute implication.

Détournement des allocations handicap

Une jeune femme est poursuivie pour le recel du cadavre qui n'a jamais été retrouvé. Le contexte des faits renvoie à une précédente affaire pour laquelle Isabelle Duché, son mari handicapé, leur fille aînée et Damien Aristide, handicapé lui aussi et compagnon de cette dernière, avaient été condamnés par le tribunal correctionnel de Laval au printemps 2019. La justice leur reprochait à l'époque de multiples faits d'escroquerie, abus de faiblesse, blanchiment et recel commis dans plusieurs départements au cours des années 2010, période durant laquelle la famille a déménagé à neuf reprises en Mayenne, dans la Manche, le Finistère et les Côtes d'Armor. Selon le mode opératoire mis au jour par les enquêteurs dans ce dossier, la mère approchait des personnes vulnérables pour les mettre en couple avec ses enfants, mineurs pour la plupart. Une fois amoureuses, ces personnes fragiles, parfois "déficientes", s'endettaient lourdement au profit de la famille, qui détournait aussi les aides sociales dont elles bénéficiaient au titre de leur handicap. L'argent était blanchi dans l'achat de véhicules, de biens immobiliers et des voyages.

Un meurtre minutieusement orchestré ?

Une plainte avait initié les investigations en 2011, six ans avant la disparition de Matthieu Dallibert. Interpellé par les gendarmes en avril 2018, Damien Aristide avait avoué l'avoir tué quelques mois plus tôt, déclenchant l'ouverture d'une autre information judiciaire. En 2017, la victime, qui subissait brimades et violences, aurait émis le souhait de quitter la famille, installée désormais dans un village de la Charente. Mais, parce que le jeune homme en savait trop, décision aurait été prise de l'éliminer, avance l'accusation en s'appuyant sur des témoignages et des relevés téléphoniques. Des membres de la famille ont évoqué "une réunion préparatoire" qui se serait tenue un soir de septembre 2017. Matthieu Dallibert aurait été étouffé avec un chiffon imbibé d'éther dans un hangar du logis familial, selon les déclarations de Damien Aristide. Le corps aurait ensuite été démembré puis brûlé dans la cheminée d'une maison dans une commune voisine. Les trois principaux accusés, présumés innocents, encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

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