Handicap.fr : Vous êtes un des membres fondateurs d'European mobility group (EMG), spécialisé dans le véhicule adapté. Comment est née cette association ?
Tony Masapollo : Nous étions initialement sept sociétés réunies pour voir comment mettre en place un groupe représentatif de notre métier. EMG est né en 1987, sans argumentation politique. Nous voulions plutôt pouvoir organiser des échanges sur nos technologies, au sein même de l'industrie, et faire connaître plus facilement les produits du secteur de l'équipement automobile adapté. À l'époque, les salons étaient rares, Handica n'existait pas et les échanges étaient plus difficiles. Les Anglais étaient plus investis et ont d'abord eu la présidence du groupe durant quelques années. Notre motivation initiale était de discuter des normes, de la sécurité, des différentes technologies utilisées… De faire connaître ce que chacun utilise et de mettre en commun ces bonnes pratiques.
H.fr : Qu'est-ce qu'EMG apporte au grand public ? Quels bénéfices pour l'usager qui, au bout de la chaîne, accède aux équipements proposés ?
T.M : Dans chaque pays, des gens développent des technologies différentes. Si nous arrivons à utiliser le travail de l'autre et à communiquer dessus, nous pouvons mettre en place une synergie qui nous fait avancer plus vite. Cela est valable en termes de réglementation par exemple. Il y a des tests à faire, qui impliquent des coûts énormes. Si une société effectue ce travail, il vaut mieux utiliser les produits de cette société puisque ses produits sont homologués. Pour le client, la concurrence est bonne et fait baisser les prix mais, en ce qui concerne l'évolution de la réglementation, le fait d'avoir une synergie fait progresser la sécurité générale.
H.fr : Une société française pourra donc exploiter la technologie d'une société allemande ou norvégienne grâce à cette synergie ?
T.M : C'est notre objectif. Nous arrivons aujourd'hui à utiliser ces documents et à exploiter des technologies développées ailleurs et vice versa. À titre d'exemple, Pimas et l'entreprise suédoise Autoadapt ont travaillé ensemble sur l'homologation de sièges pivotants. Aujourd'hui, ces documents sont utilisés dans toute l'Europe. Autre exemple, cette année, Keolis, spécialisée dans les équipements de transports en commun, a mis des sièges pivotants à disposition des usagers. Un équipement plus petit, moins cher et plus confortable pour l'utilisateur ; il se déplacera dans de meilleures conditions.
H.fr : Les collaborations que vous créez assurent donc plus d'accessibilité en Europe ?
T.M : Plus de choix et un meilleur transport, en tout cas. Aux débuts de l'entreprise Pimas, en tant que directeur, je travaillais essentiellement avec des Italiens et des Espagnols. En intégrant EMG, j'ai pu rencontrer des Norvégiens, des Allemands… Nous avons bénéficié d'une ouverture extraordinaire et avons, par exemple, introduit les sièges de transfert Carony, qui sont un véritable succès. C'est grâce à l'association que ce produit est aujourd'hui plébiscité et vendu dans toute l'Europe.
H.fr : Quelles sociétés regroupez-vous aujourd'hui ?
T.M : Tous les membres travaillent dans le secteur de l'équipement automobile pour personnes handicapées : conduite, carrosserie, produits de transfert, etc. Nous sommes tous concentrés autour de cette activité. Chaque année, nous nous réunissons dans un pays différent. Nous établissons un bilan financier de l'association. Nous participons également à certains colloques, ainsi qu'à des congrès européens plusieurs fois par an. Nous accueillons également de nouveaux membres, qui présentent leurs activités. EMG compte aujourd'hui une cinquantaine de membres européens, mais nous avons également des associés du monde entier : Néo-zélandais, Australiens, Israéliens, Américains, Canadiens, etc.
H.fr : Quelles conditions une entreprise doit-elle remplir pour entrer chez EMG ?
T.M : Une charte doit être respectée pour entrer dans le groupe. Elle vise à créer des liens de confiance entre toutes les sociétés pour des échanges loyaux, définis par les règles déontologiques du métier. Cette année, notre ambition est que toutes les sociétés membres obtiennent la certification mondiale ISO 9001, reconnue par l'industrie, qui prouve que le cahier des charges est rempli et que toutes les procédures de traçabilité sont bien appliquées partout. Cette certification donne une garantie de prix et de sécurité au client.
H.fr : EMG Group fête ses 30 ans le 7 septembre 2017. Avez-vous des projets particuliers à l'occasion de cet anniversaire ? Une nouvelle à annoncer ?
T.M : C'est encore difficile mais nous souhaiterions développer un système d'assistance qui permettrait de dépanner une personne en situation de handicap durant un voyage ou un déplacement, et ce dans toute l'Europe. Ce projet devrait être mis en place dans les deux ans à venir et résulte de la volonté de tout le groupe mais dépend de la réglementation de chaque pays.
© EMG Group