Astéréotypie, claque rock aux préjugés sur l'autisme

Le public des Trans Musicales de Rennes exulte au couplet "Ce qui me met en colère c'est qu'il y a des gens qui disent que je suis fou". Astéréotypie, au départ projet médico-éducatif avec des autistes, est devenu un groupe de rock à part entière.

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Par Philippe Grelard

En deux albums -L'énergie positive des dieux et Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme-, des concerts enflammés, comme lors des 44e Transmusicales de Rennes dans la nuit du 8 décembre 2022, le groupe de rock Astéréotypie fait bouger les lignes et décolle l'étiquette du handicap.  "Sur disque, les gens qui ne connaissent pas leur histoire entendent juste des chanteurs qui donnent tout, s'extériorisent, dépassent un cadre normatif, comme ça se fait dans le punk", commente pour l'AFP François Moreau, journaliste aux Inrockuptibles.

Un alignement de planètes

"Un de leurs morceaux, 'Colère', parle d'une pression sociale que tout le monde peut ressentir, avec des mots dont je suis hyper-jaloux, j'aimerais être aussi clair et efficace", poursuit-il. "Il y a un alignement des planètes, le regard est en train de changer entre Astéréotypie, le film et Le Papotin", explique à l'AFP Christophe L'Huillier, ex-éducateur spécialisé aux origines du projet et guitariste du groupe. Le film, c'est L'énergie positive des dieux, de Laetitia Møller, sorti au cinéma en septembre 2022 (article en lien ci-dessous). Ce documentaire suit sur la longueur Astéréotypie. On y voit notamment l'arrivée de Claire Ottaway, seule femme parmi les chanteurs (ils sont plusieurs à se relayer à l'écriture des textes et au micro sur disque et sur scène).

Le Papotin avec Emmanuel Macron

Cette jeune adulte autiste a fait la connaissance il y a quatre ans de Christophe L'Huillier au sein du comité de rédaction du Papotin. Ce média accueille des journalistes non-professionnels à troubles autistiques et connaît de beaux succès d'audience avec les "Rencontres du Papotin" diffusées en ce moment sur France 2. Quand on croise Claire Ottaway et Christophe L'Huillier à Paris, juste avant les Trans, Le Papotin vient de mettre en boîte une rencontre avec Emmanuel Macron pour diffusion ultérieure (article en lien ci-dessous). Ils ne veulent rien en dévoiler, concentrés sur le concert des Trans. "Je suis motivée par les répétitions, le boulot sur les balances (réglages des instruments et voix avant un concert)", confie Claire Ottaway à l'AFP.

Elle l'est aussi par le show, déboulant sur scène à Rennes en robe-pull rose bonbon et attributs d'elfe dans les cheveux.  Toujours dans "l'idée d'après", elle fait sans cesse bifurquer l'interview vers ses autres textes en réserve. Message destiné à Christophe L'Huillier, pas dupe : "On en discutera avec le groupe", sourit-il. C'est elle qui a écrit le morceau-titre Aucun mec ne ressemble à Brad Pitt dans la Drôme et le chante évidemment sur scène et sur disque.

Mangas, Céline Dion, ballets

Les textes sont écrits par les chanteurs du groupe, à partir de leurs idées et de leurs punchlines lâchées en répétition avec les autres musiciens (sans troubles autistiques, eux, qui viennent en partie de Moriarty, groupe à succès des années 2010). Interrogée sur ses influences, Claire Ottaway lâche en rafale : "Les mangas, les bandes originales de films comme 'Titanic', les musiques du Puy du Fou, Avril Lavigne, Céline Dion, les ballets comme 'Le lac des cygnes' de Tchaïkovski, 'La Bayadère', 'Sylvia ou la Nymphe de Diane'". Astéréotypie sonne surtout comme un groupe du nord de l'Angleterre, entre guitares furibardes et parlé-chanté-crié.

"On ne les programme pas car ils sont autistes, ce qu'on veut c'est que ça ait de la gueule, que ça rentre dedans et c'est le cas", acquiesce pour l'AFP Jean-Louis Brossard, patron des Trans. Au départ, le son d'Astéréotypie était plus feutré. Mais devant "le décalage entre la musique intimiste et le charisme dégagé par nos chanteurs, on est passé au tout électrique", déroule Christophe L'Huillier. "On assume l'écriture intuitive, c'est devenu un énorme terrain de récré, on ne se met plus aucune limite", conclut le guitariste.

© Affiche Transmusicales Rennes

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