Disparition des 2 sœurs handicapées : la mère condamnée

Sept ans après la mystérieuse disparition de deux fillettes polyhandicapées à Nérac, la justice juge leur mère, soupçonnée de les avoir tuées, malgré l'absence d'aveu et de cadavres. Elle est condamnée à 14 ans de prison.

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DERNIERE MINUTE DU 20 JUIN 2024
Ses filles handicapées restent introuvables. Une mère de famille, accusée d'homicides volontaires aggravés, est condamnée à 14 ans de prison par la cour d'assises du Lot-et-Garonne à Agen. "Déçue" du verdict, la défense "se réserve le droit de faire appel".

Libérée en novembre 2021, Naïma Bel Allam, ex-comptable d'origine marocaine abandonnée par son mari, a tenu des versions divergentes devant les enquêteurs au sujet de ses filles, qu'elle élevait seule. "Elle clame depuis sept ans son innocence. Elle dit depuis le début qu'elle n'a pas tué ses filles et qu'elles sont à l'abri", indique son avocate MeGrolleau. "Elle brouille les pistes volontairement, elle veut les protéger des institutions françaises en qui elle a totalement perdu confiance", ajoute-t-elle.

Le père, qui n'avait plus vu ses filles depuis plusieurs années quand elles ont disparu, s'est porté partie civile. "S'il y avait la moindre preuve de vie, mon client serait le plus heureux du monde", a déclaré son avocate Me Sylvie Brussiau. "Cette preuve de vie, on ne l'a pas, même sept ans après le début de l'enquête. Il n'y croit plus et ce qu'il voudrait, c'est donner une sépulture digne à ses filles." L'avocate générale de la cour d'assises du Lot-et-Garonne avait requis  douze à treize ans de réclusion criminelle.

ARTICLE INITIAL DU 24 NOVEMBRE 2021
Cinq ans après la mystérieuse disparition de deux fillettes polyhandicapées à Nérac (Lot-et-Garonne), en 2016, la justice a ordonné le 24 novembre 2021 le renvoi du dossier à l'instruction et la libération de leur mère, soupçonnée d'avoir tué les adolescentes, a annoncé son avocate à l'AFP.

Ni aveu ni cadavres

Après 4 ans et demi d'enquête, Naïma Bel Allam, 53 ans, avait été renvoyée devant les assises pour y répondre d'homicides volontaires aggravés sur Nawal et Ines, ses deux filles lourdement handicapées alors âgées de 12 et 13 ans. Mais ses défenseurs, soulignant l'absence d'aveu et de cadavres, avaient contesté ce renvoi auprès de la chambre de l'instruction de la cour d'Appel d'Agen. Celle-ci a donc décidé de renvoyer le dossier à l'instruction, pour que l'enquête soit reprise, et ordonné la libération de la mère, incarcérée depuis septembre 2017, qui sera placée sous contrôle judiciaire, a dit à l'AFP Me Sophie Grolleau. "C'est une très bonne décision, la Cour a estimé que l'instruction n'était pas suffisante et demandé un supplément d'information", s'est félicité Me Grolleau.

Toujours vivantes ?

Au cours de ses auditions et interrogatoires, dans des versions qui ont varié, la mère a assuré que ses filles étaient "toujours vivantes", confiées sous bonne garde de proches, mais sans en révéler le lieu. Une position qu'elle a réitérée devant la chambre de l'instruction le 20 octobre dernier. "Elle ne veut pas le dire car elle a trop peur que ses filles soient placées, c'est sa plus grande phobie", explique l'avocate. Les deux sœurs présentant de lourds handicaps moteurs et mentaux n'ont plus donné signe de vie depuis le mois de décembre 2016 et leur départ de l'établissement spécialisé de jour où elles étaient prises en charge. Leur disparition avait été signalée fin avril 2017 au procureur de la République d'Agen par les services du département.

Délaissement de mineures

D'abord poursuivie pour "délaissement de mineures" en septembre 2017, leur mère avait vu sa mise en examen transformée en "homicides volontaires aggravées" en janvier 2018, après la découverte d'une tâche "brunâtre" au domicile de Nérac. "Mais on ne peut dire qu'il s'agit de sang", assure son avocate sur la foi d'une expertise. D'origine marocaine, la mère, ex-comptable abandonnée par son mari, élevait seule ses deux filles nées avec des malformations. "Quand elle demandait de l'aide, des soins et des prises en charges pour pouvoir souffler, elle se retrouvait face à des refus", raconte son avocate. "Elle aime ses filles mais elle a perdu toute confiance dans le système des institutions spécialisées. Sa décision a donc été de mettre ses filles hors de danger, hors de France", poursuit l'avocate. Malgré des investigations poussées jusqu'au Maroc, les enquêteurs n'ont jamais pu identifier le lieu où pourraient se trouver les deux sœurs.

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