Maladies mentales : 160 milliards d'euros, un coût "dément"

Les maladies mentales, un fléau social et économique? C'est ce que révèle une étude qui chiffre leur coût total à 160 milliards d'euros. Si près d'un quart des dépenses sont liées à la prise en charge, la perte de productivité est également en cause.

• Par
Illustration article Maladies mentales : 160 milliards d'euros, un coût "dément"

160 milliards d'euros, c'est le coût des maladies mentales en France, en 2018, révèle une étude URCEco pour la Fondation FondaMental. Environ 12 millions de personnes sont touchées par l'anorexie, la dépression sévère, la bipolarité, les troubles obsessionnels-compulsifs (TOC), les troubles anxieux ou de l'humeur et autres affections psychiques. Si 38 milliards d'euros sont dépensés uniquement pour leur prise en charge, l'impact social et économique est bien plus vaste : manque de productivité, désengagement professionnel, arrêts de travail, mortalité prématurée... Ce fléau social entraîne des coûts exorbitants liés à la perte de productivité et de la qualité de vie. A titre d'exemple, les fonds alloués à la compensation des revenus (chômage, inactivité et invalidité imputable à la maladie mentale) s'élèvent à 5,3 milliards d'euros. « Un coût de plus en plus insupportable », s'alarme la Fondation, qui ne devrait pas faiblir compte-tenu de l'impact « catastrophique » de la pandémie sur l'état de santé mentale des Français...

La santé mentale des Français jugée « catastrophique »

En effet, selon une autre étude (Ipsos) pour FondaMental, 44 % d'entre eux considèrent que la crise sanitaire a eu des conséquences négatives sur leur santé mentale. 47 % présentent des symptômes dépressifs, modérés à sévères pour un quart. Plus alarmant encore, une personne sur cinq a déjà pensé qu'il vaudrait mieux qu'elle soit morte ou a songé à se blesser. En première ligne ? Les jeunes de 18 à 34 ans ont été les plus nombreux à rencontrer des difficultés dans leur travail, leurs tâches quotidiennes et leur vie sociale (plus de 60 %). Les 18-24 ans sont également les plus touchés par les symptômes dépressifs (23 %) et les troubles d'anxiété généralisé (41 %).

Investir massivement pour la psychiatrie

Par peur et par méconnaissance, la majorité des Français ne parvient pas à identifier ses symptômes et ne sait pas vers qui se tourner pour se faire soigner. A ceci s'ajoute une perception dégradée de l'offre de soins en psychiatrie. Conscients de la détérioration des services psychiatriques et de l'insuffisance des moyens dédiés, ils plébiscitent les mesures proposées par la Fondation FondaMental qui incite à « investir massivement ». Près de neufs répondants sur dix plaident pour une augmentation du budget de la recherche médicale et du nombre de lits dans les établissements spécialisés, mais aussi une plus grande attractivité de la filière pour former les psychiatres et une campagne d'information grand public. Ces solutions sont détaillées dans le livre Réinventer notre santé mentale avec la Covid-19 qui vient de paraître aux éditions Odile Jacob.

Selon le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, la Covid-19 a permis de médiatiser la question de la santé mentale, jusqu'à présent occultée. « Il est plus que jamais urgent de financer la recherche en psychiatrie, d'autant plus que le retour sur investissements est le plus élevé de toute la recherche biomédicale : 37 %, assure-t-elle. Cette pandémie doit marquer un tournant dans l'histoire de la santé mentale ! »

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
Commentaires0 Réagissez à cet article

Thèmes :

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.