Nanisme : achondroplasie, bientôt un traitement?

Bientôt un traitement pour l'achondroplasie ? Près de 30 ans après la découverte du gène responsable de cette maladie génétique à l'origine d'une forme courante de nanisme, plusieurs pistes thérapeutiques sont à l'étude.

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Dernière minute du 9 avril 2021
En juillet 2020, une première administration d'Infigratinib est effectuée à Melbourne, en Australie, en juillet 2020 dans le cadre d'un essai clinique international. Quelques mois plus tard, l'essai parcourt la planète et démarre en France, là où tout a commencé avec la découverte du gène FGFR3 par le Dr Laurence Legeai-Mallet, près de trois décennies plus tôt... Le 30 mars 2021, Amandine, 9 ans, également atteinte d'achondroplasie, forme courante de nanisme, est la première Française à recevoir le traitement expérimental au sein de l'hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, coordonné par l'Institut Imagine. L'objectif ? Gagner 10 à 20 cm et limiter les complications notamment dorsales et orthopédiques.

Ce médicament vise à bloquer l'activité des tyrosines kinases, des enzymes qui agissent comme des « interrupteurs » d'activation ou d'inhibition de nombreuses fonctions cellulaires, altérée en cas d'achondroplasie notamment. « Le développement de ce médicament est un formidable exemple de recherche translationnelle », qui se situe entre la recherche fondamentale, dont le travail consiste à comprendre les mécanismes à l'origine du développement d'une pathologie, et la recherche clinique visant à évaluer l'efficacité et la tolérance de nouveaux traitements sur les patients, se félicite le Pr Stanislas Lyonnet, directeur de l'Institut Imagine. Plusieurs autres molécules prometteuses sont, par ailleurs, en cours de développement... 

Article initial du 1er novembre 2020
1994. Après l'avoir étudié pendant plusieurs années, Laurence Legeai-Mallet, chercheuse à l'Institut Imagine, co-découvre le gène responsable de l'achondroplasie, une maladie génétique à l'origine d'une forme courante de nanisme. Son nom ? FGFR3. Cinq caractères qui ont pour conséquences : retard de la motricité, hypoplasie (croissance retardée d'un tissu ou d'un organe), macrocéphalie (taille anormalement grande du périmètre crânien), problèmes respiratoires et parfois une obésité ou encore une compression de la moelle épinière. Après trente ans de recherches, plusieurs pistes de traitement ont été explorées. Un « aboutissement riche en émotions » pour Laurence Legeai-Mallet mais aussi un espoir pour cette pathologie qui concerne environ une naissance sur 20 000 et est source de nombreux préjugés.

Diminution de l'élongation osseuse

Du grec « achondroplasia », elle désigne littéralement « l'absence de croissance du cartilage », un tissu souple qui recouvre les extrémités des os pour constituer l'articulation. Néanmoins, l'achondroplasie ne provoque pas une malformation du cartilage mais des os. Cela concerne principalement les « os longs », tels que les bras et les jambes, qui sont alors plus courts mais avec un volume augmenté. « Une mutation du gène FGFR3, chez les patients atteints d'achondroplasie, altère l'ossification, mécanisme qui transforme les tissus fibreux ou cartilagineux en os, graduellement de l'enfance à la puberté, précise Laurence Legeai-Mallet. La protéine FGFR3 est en permanence activée, ce qui perturbe l'équilibre entre prolifération et différenciation des cellules dans la plaque de croissance, siège de la progression osseuse ». Cela entraîne une « diminution de l'élongation osseuse ».

Essais cliniques ciblés en cours

Alors que les premiers essais cliniques débutent avec le Vosoritide, un médicament expérimental, la chercheuse et son équipe s'attellent à découvrir d'autres molécules capables de contrecarrer l'hyperactivité de FGFR3. En 2016, elle trouve un nouveau candidat potentiel : la molécule Infigratinib, alors testée en essai clinique par le groupe pharmaceutique Novartis pour le cancer des voies biliaires. En juillet 2020, l'administration de la molécule a été effectuée chez une jeune patiente à Melbourne, en Australie, dans le cadre d'un essai clinique de phase 2 coordonné au niveau international par l'institut de recherches pédiatriques australien, le Murdoch children's research institute. Il faudra patienter plusieurs mois avant que les premiers résultats de cette approche thérapeutique ne soient dévoilés mais d'autres essais cliniques ciblés sur FGFR3 sont déjà en cours. 

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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