Plan "inique", "copie à revoir": les mesures détaillées par la ministre des Affaires sociales pour dégager 10 milliards d'économies pour l'Assurance maladie d'ici à 2017 ont essuyé de nombreuses critiques de professionnels et de syndicats.
L'industrie pharmaceutique, visée par 3,5 milliards d'économies, a réagi à travers la fédération des industriels du médicament (Leem) pour laquelle ce plan "fait encore une fois porter tout l'effort sur le médicament". Les mesures prévues "font peser une menace directe sur les effectifs",
selon elle.
Coup dur pour l'industrie du médicament
"En annonçant un niveau d'économies de 3,5 milliards d'euros sur les trois prochaines années sur le poste médicament, auquel s'additionneront les mesures de maîtrise médicalisée, le gouvernement renie la dimension stratégique de l'industrie du médicament", affirme le Leem dans un communiqué. En écho, le Medef, qui demande au gouvernement de revoir sa "copie", estime qu'il "fragilise à nouveau une industrie d'excellence de notre pays, innovante, fortement exportatrice et confrontée à des défis majeurs dans les années qui viennent". Par ailleurs, "la pérennité de ces économies n'est pas assurée puisqu'elles n'engagent pas de réformes structurelles de l'organisation du système de santé, de sa gouvernance et de son financement", estime l'organisation patronale. "Il faut faire certainement un effort plus important pour assainir nos comptes publics", juge-t-elle.
Une plus forte pression sur les libéraux
Le premier syndicat de médecins libéraux, la CSMF, a dénoncé quant à lui un plan "inique et inacceptable" et demandé "une répartition équitable des efforts entre tous les acteurs du système de santé". Selon la CSMF, le gouvernement exerce une plus forte pression sur les cabinets de médecins libéraux ou généralistes que sur l'hôpital, alors que les premiers ont déjà "très largement participé aux efforts d'économie en maîtrisant (leurs) dépenses et en respectant l'objectif qui (leur) était assigné".
Sur les 10 milliards d'euros d'économies annoncés par le gouvernement, 2,5 milliards concernent la chasse aux actes inutiles ou redondants et la consommation de médicaments inadaptée. Les hôpitaux seront spécifiquement mis à contribution à hauteur de 2 milliards, et le développement de la chirurgie ambulatoire, qui permet une sortie de l'hôpital le jour même de l'intervention, devrait permettre près d'un milliard d'économies.
Ambulatoire : pas pour tous !
L'association des accidentés de la vie FNATH émet pour sa part des "inquiétudes pour des personnes dont l'état de santé peut être fragile et qui nécessitent une hospitalisation plus longue". Le développement de l'ambulatoire "ne peut se faire que de manière concertée et réfléchie". La CGT santé estime elle que "les mesures proposées par la ministre ne vont qu'aggraver la situation des hôpitaux et amener encore plus de mécontentement dans la population". "Ce sont des recettes supplémentaires qu'il faut trouver, et non pas des économies sur le dos des personnels et des usagers". Pour sa part, le regroupement de professionnels de santé UFML "dénonce une politique d'austérité dangereuse en matière de santé", qui vise "à renforcer toujours plus le pouvoir de l'État sur le secteur sanitaire".
Une bonne nouvelle pour les usagers ?
Seule note positive dans ce concert de critiques, le CISS, collectif d'associations d'usagers, se félicite du fait que "les choix d'économies opérés ne font pas du patient une variable d'ajustement, à la différence de ce que nous avions connu par le passé avec les franchises, les forfaits et les nombreux déremboursements". "C'est une bonne nouvelle", souligne le collectif tout en prévenant qu'il restera "vigilant" sur la mise en oeuvre des mesures.