TDAH : l'activité physique en guise de traitement ?

L'activité physique adaptée (APA) est-elle bénéfique aux jeunes avec un Trouble déficitaire de l'attention et hyperactivité (TDAH) ? Des étudiantes se sont penchées sur la question. Leur réponse est sans appel : que du positif !

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Vous avez ou prenez en charge des enfants avec une attitude inadaptée : rebelle, impulsive, turbulente, violente, agressive, qui ont des difficultés de concentration... Cet article est pour vous ! Quatre étudiantes en Master 2 de «Réhabilitation par les activités physiques adaptées» de la Faculté de Montpellier se sont penchées sur les effets que pourraient avoir une activité physique adaptée (APA) sur les jeunes avec un trouble déficitaire de l'attention / hyperactivité (TDAH).

Une vraie réflexion pédagogique

Selon elles, « ce sujet dépasse la simple pratique d'un sport pour s'attacher à une réflexion pédagogique sur les finalités et les objectifs de cette mise en mouvement ». Même s'il en existe plusieurs types, le TDAH se caractérise globalement par une instabilité motrice, une impulsivité et des difficultés de concentration. Il fait partie des troubles les plus fréquents puisqu'il touche 3 à 6% des enfants d'âge scolaire (DSM-V, 2013*). Alors, le sport, bénéfique ou pas ? Avant de livrer leurs conclusions sur un sujet peu connu du grand public, les auteures dressent un état des lieux…

TDAH, quelles manifestations ?

D'un point de vue moteur, les enfants TDAH ont des difficultés de coordination et de planification du mouvement, ainsi qu'un problème de fonctionnement au niveau des neuromédiateurs provenant essentiellement du système dopaminergique et d'une baisse de sérotonine (qui contrôle l'agressivité). Sur le plan cognitif, on constate un faible niveau d'attention et une difficulté du contrôle émotionnel entraînant l'impatience et des difficultés d'organisation, de planification, d'exécution, de concentration et de mémoire. Néanmoins, les capacités intellectuelles sont rarement atteintes. L'ensemble de ces troubles engendre un rejet et un manque d'interactions qui ont un impact sur l'insertion sociale. Les comportements inattendus perturbent parfois les rapports et entraînent des conflits ainsi qu'une image négative des personnes atteintes de TDAH, perçues comme bruyantes et agressives.

Quels sont les troubles associés ?

Dans 70% des cas, le TDAH est associé à d'autres troubles, généralement impacté par la complexité de la situation familiale, le faible contexte socio-économique et le degré du TDAH. Les difficultés académiques et les troubles de l'apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie, etc.) sont fréquemment rencontrés. Les personnes atteintes présentent également des troubles émotionnels et comportementaux, ainsi que des difficultés sociales, exécutives et développementales. Ces problèmes évoluent souvent de manière exponentielle lors du passage de l'enfance à l'adolescence, où environ 25% des enfants avec un TDAH souffrent de dépression ou d'anxiété.

Quels traitements ?

Il existe des prises en charge pluridimensionnelles comportant des traitements médicamenteux et psychologiques, des interventions psychosociales ou encore des approches cognitivo-comportementales. Les psychostimulants telle que la Ritaline sont fréquemment utilisés en raison de leur action rapide et des habitudes des prescripteurs. En effet, l'excès de transporteur de dopamine peut jouer un rôle régulateur de la motivation, de la conscience émotionnelle (plaisir, jugement...) ou attentionnelle. Alors que les médicaments ont fait leur preuve dans ce traitement, un nombre important de parents et de médecins s'interrogent sur leurs effets secondaires et leurs coûts. Même si la Ritaline est le psychostimulant le plus utilisé, les enfants traités ne représentent qu'un pourcentage inférieur à 1%.

Et pourquoi pas de l'activité physique adaptée ?

Face à ce constat, que faire ? De plus en plus d'études menées depuis quelques années dans différents pays (USA, Brésil…) tendent à démontrer que l'APA peut constituer un traitement non médicamenteux efficace pour ces jeunes. L'activité améliore particulièrement les symptômes d'inattention, d'hyperactivité et d'impulsivité. Cette prise en charge contribue au bon développement du corps et de l'esprit. Elle impacte de manière favorable le physique, améliorant la motricité et la préhension des objets mais également la dimension psychologique avec une meilleure estime de soi, une diminution du stress et un sentiment plus grand de bien-être.

Des effets très bénéfiques… pour tous !

Sur le plan cognitif, l'activité physique accroit la sécrétion de dopamine et de noradrénaline dans les fentes synaptiques du système nerveux central ce qui a des effets positifs sur les capacités d'attention. Enfin, d'un point  de vue social, elle engage l'enfant dans un processus actif et stimulant qui entraîne la modification de son comportement et la valorisation des rapports sociaux. Elle contribue également à canaliser et à lutter contre les multiples désaccords, encourage le respect et entraîne une baisse des attitudes provocatrices. Il suffirait, selon certaines études, de peu : 15 minutes de marche par jour. Et débuter la journée de classe par des exercices serait même un excellent moyen d'être davantage à l'écoute. Pour tous les élèves !

APA, mode d'emploi

Le contexte de la pratique est à prendre en compte. En effet, pour les enfants atteints de TDAH, choisir un espace extérieur à leur quotidien est à privilégier. Ce milieu doit être sécurisant et stimulant afin qu'ils puissent bouger et déborder d'énergie dans un environnement cadré. L'exercice de type aérobie régulier associé à une dépense énergétique élevée présente des résultats favorables aux symptômes d'inattention, d'hyperactivité et d'impulsivité. Il atténue également l'anxiété et les troubles sociaux. La plupart des travaux proposent des séances d'APA de 50 à 75% de la fréquence cardiaque maximale. La durée moyenne d'un cycle est d'environ 5 semaines avec 2 à 3 séances d'APA de 50 minutes par semaine.

Des règles précises

Concernant la pédagogie et la didactique, il est préférable d'énoncer des règles claires, précises, courtes et non discutables. Il peut être judicieux de mettre en place des situations de coopérations entre les enfants (par exemple imposer un nombre de passes avant d'atteindre la cage de but). Toutes les activités avec un objet à tenir, comme le hockey, ou le tennis, sont à privilégier de même celles activités se pratiquant en petit groupe. Il faut éviter les périodes de transition et d'attente trop longue, qui peuvent engendrer un débordement, et toujours s'appuyer sur le fonctionnement du plaisir immédiat.

© kolotype/Fotolia

Auteures : Noémie Alvarez, Sara El Hassani, Fanny Rampon et Maxie Robin, étudiantes en Master 2 « Réhabilitation par l'Activité physique adaptée » à l'UFR STAPS de Montpellier.

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