Troubles bipolaires : un parcours de soins innovant?

2 000 patients atteints de troubles bipolaires, sur cinq territoires, vont pouvoir bénéficier du Passport BP, un plan de soins personnalisé. Une expérimentation inédite pour relever le défi de l'organisation des soins en psychiatrie ?

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Passport BP ? Parcours de soins pour les patients bipolaires, c'est le nouveau dispositif porté par la Fondation FondaMental. Se voulant « expérimental » et « innovant », il est lancé dans le cadre de la réforme de l'organisation et du financement de notre système de santé conduite par Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Ruptures dans le parcours de soins, accès difficile à la psychoéducation ou à la remédiation cognitive ou encore complications somatiques comptent parmi les difficultés rencontrées par les personnes avec un trouble bipolaire. Face à ce constat, Passport BP a pour objectif d'améliorer le pronostic psychiatrique et somatique des patients, leur qualité de vie et leur satisfaction mais également la performance médico-économique du système de santé.

En rupture avec la psychiatrie actuelle

Selon FondaMental, cette innovation, fruit d'une collaboration entre la start-up Sêmeia et 5 centres hospitaliers, est « en rupture avec le fonctionnement actuel de la psychiatrie française » ; elle propose un parcours de soins spécialisé, spécifique aux personnes avec troubles bipolaires, en aval de leur passage dans un service de psychiatrie adultes (post-hospitalisation complète ou partielle ou à l'issue du passage en centre médico-psychologique). Le dispositif repose en premier lieu sur la définition, pour chaque patient, d'un plan de soins personnalisé bâti de façon pluridisciplinaire, élaboré au cours de consultations spécialisées longues, éventuellement complétées d'un bilan en Centre expert FondaMental troubles bipolaires dans les cas les plus complexes. Le suivi et la coordination de ce plan seront pilotés par un case manager (fonction assurée par un infirmier ayant reçu une formation spécifique). Ce dernier sera en charge de détecter les indices de détérioration de la santé et d'ajuster le plan en fonction. Il doit également contribuer à l'articulation ville/hôpital des différents acteurs sanitaires et médico-sociaux et favoriser la diffusion des bonnes pratiques.

Le support des outils numériques

Le projet Passport BP s'appuie sur une utilisation intensive des outils numériques et le traitement massif de données. La solution MentalWise de Sêmeia permettra, notamment, un suivi rapproché des symptômes de la maladie facilitant la prise en charge rapide des crises et des événements somatiques, mais aussi d'introduire des logiques prédictives qui devraient permettre aux équipes soignantes d'anticiper les événements graves, comme des risques de crise maniaque ou dépressive, d'arrêt de traitement ou d'hospitalisation. D'autres outils numériques seront mobilisés comme la solution SimpLe, un outil digital de psychoéducation, et la solution Happyneuron, dédiée à la remédiation cognitive. Pour Daniel Szeftel, co-fondateur de Sêmeia, «la mise à disposition de ces outils digitaux va profondément transformer la prise en charge de demain. »

2 000 personnes concernées

Cette expérimentation va concerner 2 000 personnes dans les 5 territoires partenaires (Clermont-Ferrand, Lyon, Moulins-Yzeure, Besançon et Créteil), via un budget de 5 millions d'euros sur les trois premières années ; elle doit durer entre 3,5 et 4,5 ans, avec une évaluation intermédiaire au bout de trois ans et demi. Pour le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental et directeur médical du département médico-universitaire IMPACT (AP-HP), « cette expérimentation concrétise les transformations souhaitées par les cliniciens et les patients vers une prise en charge globale (psychiatrique et somatique) et spécialisée, au sein d'un modèle économique incitant à la qualité et à l'efficience. Elle préfigure des évolutions qui pourraient s'appliquer aux autres maladies psychiatriques comme la dépression ou la schizophrénie. »

Réduire les dépenses ?

Passport BP devrait s'accompagner d'un nouveau mode de financement, forfaitaire au parcours, promettant ainsi de « dégager de nouvelles ressources pour la psychiatrie française tout en réduisant la dépense pour la collectivité par la limitation des hospitalisations et arrêts de travail », selon FondaMental. Il s'inscrit dans le dispositif dit « article 51 » de la LFSS (la loi de financement de la Sécurité Sociale) qui permet d'expérimenter de nouvelles organisations en santé reposant sur des modes de financement inédits et, surtout de pousser les lignes…

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr.Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par Handicap.fr. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, sans accord. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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