Elèves handicapés : quoi de neuf pour la rentrée 2012 ?

Au coeur du remue-ménage électoral, qu'en est-il de la scolarité des élèves handicapés ? La rentrée c'est, déjà, dans trois mois ! Les dossiers en cours auront-ils le temps de voir le jour ? La fédération générale des PEP rend sa copie...

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Handicap.fr : La loi de 2005 a permis de marquer des points puisque le nombre d'élèves handicapés scolarisés a augmenté. Mais quel bilan tirez-vous de ces six années ?
Dominique Leboiteux : La Fédération générale des PEP vient justement d'être auditée par une commission sénatoriale pour le contrôle de la loi handicap de 2005. Au même titre d'ailleurs que la plupart des associations qui siègent au sein du CNCPH.

H.fr : Quelles ont été vos revendications prioritaires lors de cet audit ?
DL : Il y en a deux principales. Nous avons tout d'abord dénoncé la suppression des postes d'enseignants spécialisés qui assurent la prise en charge des élèves handicapés. Au moment où l'on parle de coopération entre le milieu ordinaire et spécialisé, c'est un peu fort ! En deux ans et demi, 128 postes ont été supprimés dans les établissements médico-sociaux des PEP.

H.fr : Et votre deuxième revendication, elle porte certainement sur les AVS-i (Auxiliaire de vie scolaire individuelle) ?
DL : Oui, évidemment. Nous souhaitons continuer à développer leur pérennisation et leur expertise. C'est tout de même le seul " métier " - je mets des guillemets car il n'est toujours pas reconnu comme tel- dans le domaine de l'accompagnement des enfants où aucun diplôme n'est exigé. Voilà maintenant six ans qu'ils sont aux côtés de nos enfants et, malgré l'absence de formation initiale, ils ont acquis de véritables compétences sur le terrain. C'est vraiment de l'or en barre, des gens remarquables qui ont mené une vraie réflexion et peuvent apporter une aide précieuse à l'enseignant. Il serait enfin temps qu'on les reconnaisse !

H.fr : Y-a-t-il d'autres actions pour favoriser l'inclusion des élèves handicapés dans l'école ordinaire ?
DL : Oui, par exemple les manuels scolaires adaptés. Et puis surtout mieux accompagner et former les enseignants. Nous avons aidé à mettre en place des fiches à leur intention qui, selon le handicap, leur propose des conseils pragmatiques pour gérer des situations inhabituelles, de crise ou certains comportements. Il faut attendre 2012 pour, enfin, leur proposer un peu d'aide !

H.fr : Le principe est louable mais avouez qu'il est difficile pour un enseignant de gérer ce type de situation ?
DL : Certainement. C'est pourquoi il faut renforcer, au sein de l'école, l'aide apportée par les professionnels du médico-social (psychologues, orthophonistes, psychomotriciens, kiné...), par le biais, notamment, des SESSAD, et ainsi favoriser la coopération.

H.fr : Et que pensez-vous du principe " d'aide humaine mutualisée " qui semble agiter le milieu ?
DL : Juste une question d'économies ! Nous ne sommes évidemment pas d'accord avec ce projet de décret proposé par le gouvernement Sarkozy en avril 2012. Il consiste à mettre une même personne, qu'on appelle Assistant de scolarisation (Asco), à la disposition de plusieurs élèves, dans plusieurs écoles, ce qui, limiterait cette prise en charge aux enfants accueillis moins de quatre demi-journées par semaine et sans tenir compte des besoins réels de l'élève. C'est rompre avec l'importance de l'AVS-i. L'ancien ministère ne voulait pas revenir sur ce point. Mais les PEP persistent dans ce désaccord ! Le CNCPH a lui aussi émis un avis défavorable. Depuis le " petit " changement politique du 6 mai, ce projet est en attente...

H.fr : On parle de plus en plus du GEVA-Sco. De quoi s'agit-il ?
DL : C'est un nouvel outil qui permet de procéder à l'évaluation des élèves handicapés. Il offre une base solide pour la rédaction du PPS (Projet personnalisé de scolarisation). Son intérêt c'est qu'il prend en compte les acquis de l'élève et non ses incapacités. Il a été mis au point par le CNSA (Caisse nationale de solidarité et d'autonomie) et la DEGESCO (Direction générale de l'enseignement scolaire), puis a été soumis à la commission de scolarisation du CNCPH en mars 2012. Avec d'autres associations concernées, nous avons livré notre sentiment aux auteurs de ce projet, et je pense que nous avons été écoutés. Il devait être mis en place pour la rentrée 2012. Mais les échéances électorales ont un peu retardé les choses. Nous espérons néanmoins que tout n'est pas perdu pour la rentrée prochaine. Ce qui est gênant c'est que certaines décisions sont prises par les MDPH avant le mois de juillet ; elles risquent donc de ne pas pouvoir s'appuyer sur ce GEVA-Sco à temps.

H.fr : Avez-vous déjà été reçu par le nouveau ministre de l'Education nationale ?
DL : Pas pour le moment. Et puis, rien ne sera engagé tant que nous n'aurons pas le verdict des élections législatives. A l'occasion du salon Autonomic de Paris, nous organisons une table ronde, le vendredi 15 juin, de 10h à 12h30, sur le thème " Rentrée scolaire des jeunes en situation de handicap ", à laquelle nous avions convié George Pau-Langevin, notre ministre déléguée à la réussite éducative, dont l'une des missions est de veiller aux conditions d'accueil et d'intégration des élèves handicapés. Nous en saurons plus vendredi...

H.fr : Quel est l'état d'esprit de votre fédération depuis l'élection de François Hollande ?
DL : Le président a fait de l'éducation et de la jeunesse, et tout particulièrement de la lutte contre l'échec scolaire, la priorité de son quinquennat. Nous attendons de voir s'il réalisera réellement ses promesses, notamment la mise en place d'un véritable métier d'accompagnement des élèves handicapés, une formation adaptée avant leur prise de poste, davantage de relations avec les associations et surtout un seul statut d'accompagnant, plus pérenne et mieux défini, et ce dès la rentrée 2012. Par une coïncidence fortuite du calendrier, ce quinquennat correspond au nouveau projet de notre Fédération que la prochaine Assemblée générale, les 21, 22 juin et 23 juin prochains, adoptera pour la période 2012-2017.

H.fr : Et en ce qui concerne la promesse de créer 60 000 postes dans l'Education nationale... Cela aura-t-il un impact favorable sur la scolarité des élèves handicapés ?
DL : Cela me parait tomber sous le sens ! Le gouvernement a tout intérêt à en flécher une partie vers la scolarisation des élèves en situation de handicap (enseignants spécialisés, AVS...).

 

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