" Pour une citoyenneté pleine et entière"

Le FIPHFP* s'implique depuis 7 ans en faveur de l'emploi des personnes en situation de handicap dans la Fonction publique. Son directeur, Jean-Charles Watiez, a pris ses fonctions il y a bientôt un an. Le point sur sa nouvelle mission...

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*FIPHFP : Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique

Handicap.fr : Le bilan 2012 est arrivé. Que disent les chiffres ?

Jean-Charles Watiez : Le taux d'emploi des personnes en situation de handicap dans les trois Fonctions publiques était de 3.74 % en 2006. Il atteint aujourd'hui 4.39 % (4.22% en 2011), soit 196 540 bénéficiaires de l'obligation d'emploi, répartis de la façon suivante : territoriale (5.32 %), hospitalière (5.10 %) et de l'Etat (3.33 %). La Fonction publique territoriale se place en tête grâce à l'implication personnelle des grands élus et à l'appui de l'excellent travail réalisé dans les régions par les centres de gestion de la Fonction publique territoriale avec lesquels nous avons engagé un partenariat - pour 88 d'entre eux sur la centaine existante - de même qu'avec l'association des directeurs des centres de gestion avec laquelle nous sommes également partie prenante d'une convention de partenariat.

H.fr : Vous semblez donc satisfait de cette progression ?

JCW : En effet, aux côtés d'André Montané, Président du Comité national du FIPHFP, c'est le message d'une dynamique qui s'est mise en mouvement que nous souhaitons faire passer. Ainsi, au premier semestre 2013, l'activité continue de progresser au même rythme qu'en 2012 (+47 %), soit un niveau d'engagement de plus 19 % en six mois. Le budget 2013 est estimé à 150 millions d'euros. A noter que, depuis 2007, le montant des dépenses d'intervention du FIPHFP a été multiplié par sept. Il est passé de 7 à 127 millions d'euros.

H.fr : Cette hausse de l'emploi des personnes handicapées n'est-elle pas aussi liée au fait que des travailleurs font une demande de Reconnaissance qualité travailleur handicapé (RQTH) alors qu'ils sont déjà en poste ? Ce qui limite la part réelle des embauches...

JCW : Disons que les deux éléments sont convergents. Il y a trois ou quatre ans, je n'aurais pas répondu la même chose. Aujourd'hui, il est plus facile pour une personne en situation de handicap dans la Fonction publique de témoigner de son handicap, c'est certain. Mais, dans le même temps, les employeurs publics continuent de recruter : 17 000 nouveaux agents en 2012 dans les trois Fonctions. Pour être très précis, l'embauche représente 75 % de l'augmentation du taux ; les 25 % restant résultant en effet de la déclaration de travailleurs handicapés déjà en emploi. N'oublions pas, par ailleurs, le maintien dans l'emploi suite à un handicap, qui fait également partie de nos actions.

H.fr : Quelle est la priorité pour cette nouvelle rentrée ?

JCW : Fin 2012, j'ai averti les équipes du FIPHFP d'une préoccupation majeure : celle d'être au rendez-vous de l'accessibilité, et en particulier de nous « attaquer » à l'accessibilité numérique. Ce sujet central avait été identifié en 2011 lors de la Conférence nationale du handicap qui avait alors débloqué une enveloppe exceptionnelle de 75 millions d'euros. Or elle a été dédiée exclusivement à l'accessibilité des bâtiments. Jusqu'à présent, le FIPHFP n'a pas eu le temps de s'engager sur ce sujet et j'ai donc donné une impulsion forte dans ce sens pour les années 2013 et 2014, avec notamment des conventions avec le SIG ou encore le CNED et la DISIC.

H.fr : Y-a-t-il une autre orientation ?

JCW : L'accompagnement des employeurs publics durant la vie de nos conventions et une plus grande proximité territoriale. Il est au cœur de nos enjeux et garantit l'efficience des aides qui leur sont apportées, au-delà du seul aspect financier. Nous nous appuyons pour cela sur un ancrage territorial qui nous permet de les accompagner au plus près. Nous avons d'ailleurs lancé un tour de France des territoires, avec un forum mensuel (jusqu'en 2014), région par région, pour aller au contact de nos partenaires, employeurs et associations, sous la houlette du préfet de région. Cette proximité nous revigore : sur le terrain, nous constatons que les gens sont très engagés sur notre sujet.

H.fr : Vous semblez vouloir donner une nouvelle tonalité, une nouvelle impulsion au FIPHFP ?

JCW : Disons que j'ai la chance et le privilège de mener une mission au plus profond de l'intérêt général, et, avec André Montané et l'ensemble des membres du Comité national du FIPHFP, nous comptons bien faire changer la parole mais aussi ce que chacun a dans le cœur. Le vivre ensemble est ce qui m'anime dans ma fonction.

H.fr : Le handicap mental continue de faire peur aux employeurs, comment y remédier ?

JCW : En effet, les employeurs sont souvent mis en situation délicate face à ce type de handicap. C'est donc également l'un de nos grands chantiers. Nous travaillons sur l'identification de certaines déficiences sur lesquelles nous ne sommes pas très bien armés. Je pense au handicap psychique ou cognitif. André Montané a souhaité installer un conseil scientifique, qui se penchera notamment sur ce sujet. Ses conclusions aideront notre Etablissement public à mieux orienter ses actions et faire évoluer notre offre dans ce domaine. Nous devons innover !

H.fr : Le Comité national, organe décisionnaire du FIPHFP, a eu bien du mal à se mettre en place courant 2013, laissant une vacance jugée préjudiciable au fonctionnement du Fonds. Où en-est-on ?

JCW : Il a été renouvelé en avril 2013, et s'est, depuis, remis au travail, avec assiduité et dans un esprit de grande efficacité. Je suis même impressionné par l'implication de ses trois collèges qui réunissent les employeurs, les associations de personnes en situation de handicap et les représentants du personnel. Ce comité s'est déjà réuni à cinq reprises, et ces séances ont mis en évidence la volonté commune de dépasser les différences, même si tous les sujets ne font pas consensus. Je m'en réjouis. C'est une dynamique porteuse pour l'activité du FIPHFP ; son rôle est essentiel pour toutes les personnes en situation de handicap qui souhaitent trouver un emploi public.

H.fr : Avez-vous du mal à mobiliser certains ministères ? On pense notamment à l'Education nationale qui fait plutôt figure de mauvais élève.

JCW : Le taux moyen d'emploi des autres ministères est en effet d'environ 5% ; le ministère de l'Education nationale fait un très gros travail et dépasse aujourd'hui les 2% - pour être précis, 2.13% au titre de la campagne 2013-. Il y a sans doute, au sein de ce ministère, une réticence plus grande à se déclarer en RQTH car 80% des emplois sont en catégorie A, avec principalement des postes d'enseignants. Une véritable problématique sur la question du reclassement et sur l'évolution de carrière ! Mais nous constatons de réels progrès et une volonté indéniable. En étant au plus près du terrain, nous comptons impliquer les recteurs. Début janvier 2013, un poste de référent handicap a été créé dans chaque académie. Par ailleurs, nous avons souhaité que les services centraux de l'Education nationale viennent rendre des comptes sur la mise en œuvre de la convention avec le FIPHFP au moins une fois par an devant notre Comité national.

H.fr : La formation est donc une question essentielle ?

JCW : Oui, en effet, c'est un levier puissant et indispensable dans la professionnalisation des parcours. Les personnes en situation de handicap ont réellement besoin d'avoir accès à la formation car les employeurs ont du mal à trouver des recrues ayant le niveau de qualification attendu. Et, en période de crise, il est évident que ce sont les moins bien formés qui en sont les premières victimes. Entre 2011 et 2012, notre budget dédié à la formation a augmenté de 85 %.

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