La canne blanche électronique, espoir pour des milliers d'aveugles

La canne blanche électronique, qui pourrait révolutionner la vie quotidienne de milliers d'aveugles et leur permettre de se déplacer sans difficultés, sort peu à peu de la confidentialité et du stade du prototype...

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Paris, 31 jan (AFP) 

La canne blanche électronique, qui pourrait révolutionner la vie quotidienne de milliers d'aveugles et leur permettre de se déplacer sans difficultés, sort peu à peu de la confidentialité et du stade du prototype. Lancé il y a près de deux ans par l'association Lions Club, qui finance ce projet, l'appareil a l'apparence d'une canne blanche classique, surmontée d'un boîtier guère plus grand qu'une télécommande de télévision. "Il s'agit d'un système de mesure de distance par rayon laser. L'information est transmise soit par des sons, soit par des vibrations", explique l'un des inventeurs de l'appareil, René Farcy.

Ce physicien, chercheur au CNRS et à l'Université Paris-Sud/Orsay, a travaillé pendant huit ans pour mettre au point ce dispositif et la formation adéquate pour s'en servir. Depuis le lancement du projet, 60 aveugles ont été formés pour utiliser l'appareil. La formation est la partie la plus coûteuse (1.800 euros) et la plus délicate du dispositif. Les aveugles, guidés par un instructeur de locomotion, doivent apprendre à interpréter les signaux reçus, à construire des repères.
A Paris, les couloirs bondés du Forum des Halles leur servent de "terrain d'entraînement". "Les non-voyants retrouvent une aisance, un plaisir de se déplacer sans ricocher d'obstacle en obstacle sur des trottoirs de plus en plus encombrés", témoigne une instructrice, Marie-Laure Bouygues. Témoignage confirmé par une personne aveugle : "depuis quatre ans, je travaille à La Défense. Je ne sortais jamais seule sur l'esplanade. J'ai fait la formation et je peux me déplacer seule, même sur des sites très vastes", raconte Laurence Agro. Mais toutes les personnes aveugles n'arrivent pas à s'adapter aussi bien. "A peu près 60% y arrivent, 40% ont des difficultés", reconnaît Pierre Ponthus, président de l'Association Cannes électroniques (ACE), créée par le Lions Club pour promouvoir ce dispositif.

Former 5.000 aveugles dans les dix ans

"Il y a 300.000 mal voyants en France, dont 50.000 aveugles qui utilisent une canne blanche classique", explique-t-il. "Sur ces 50.000, il y a 10.000 personnes très actives qui en ont besoin dans leur vie quotidienne. L'objectif est d'équiper la moitié d'entre eux", selon Pierre Ponthus, qui estime possible de former 5.000 aveugles en France dans les dix ans. La plupart optent pour le système le plus simple et le moins coûteux, celui qui transmet l'information par vibrations. Mais les plus doués parviennent à maîtriser un système plus sophistiqué, où la distance aux obstacles est mesurée et traduite par une note musicale d'autant plus aiguë que l'obstacle est proche. "Quand l'ouïe prend le relais de la vision, nous sommes capables, à force d'anticiper, de performances en termes de réflexes supérieures à celles d'un pilote d'essai", affirme Pierre Ponthus.

Pour l'instant, seuls huit aveugles ont acquis cette formation. Pour l'inventeur de la canne électronique, on n'en est qu'aux premiers balbutiements des moyens mis à la disposition des aveugles. Le chercheur teste ainsi des dispositifs de localisation par satellite (GPS) couplés à une centrale inertielle, le système utilisé par les sous-marins en mouvement pour se repérer. "Dans les quatre ou cinq ans, on arrivera à des performances équivalentes à celle d'un voyant qui se rend à une adresse inconnue", estime René Farcy.

pc/ac/sp

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