Accessibilité : à Paris, "le parcours du combattant"

Alain Amsellem aspire à être un Parisien ordinaire, mais sur son fauteuil roulant, il décrit la vie quotidienne et ses déplacements dans la ville comme un "parcours du combattant". Même si les choses évoluent... "lentement".

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Paris, mars 2013 (AFP)

Commerces de proximité, transports, cinéma : Alain Amsellem est habitué à ruser pour y avoir accès. A 59 ans, il aspire à être un Parisien ordinaire, mais sur son fauteuil roulant, il décrit la vie quotidienne et ses déplacements dans la ville comme un "parcours du combattant". Même si les choses évoluent... "lentement".

"Je ne suis pas libre": tel est le principal regret de cet homme à la retraite, souriant et affable, qui vit avec son handicap depuis la naissance.
Victime d'une malformation à la moelle épinière, Alain Amsellem, ancien employé de l'AP-HP, qui peut encore se déplacer avec des béquilles pour de très courts trajets, a appris à composer avec les obstacles. Et ce Parisien d'adoption en compte beaucoup sur sa route.
Membre de l'association "J'accède", il aime sensibiliser aux problèmes rencontrés par les personnes handicapées pour se déplacer dans un environnement qui leur reste en grande partie inaccessible.
Son quartier, le XIIIème arrondissement, n'a maintenant plus de secrets pour lui.
"Regardez ce laboratoire d'analyses médicales, impossible de rentrer à l'intérieur avec mon fauteuil!", lance-t-il. Une marche de 25 cm lui barre en effet le passage. "Pour un labo, c'est aberrant", glisse-t-il.
Même chose chez le marchand de journaux, juste à côté. Un client s'offusque : "Le propriétaire ne veut pas faire les travaux nécessaires, parce que ça mangerait la moitié du magasin".
Dans un cinéma de l'avenue des Gobelins, sur 10 salles, une seule est accessible aux personnes à mobilité réduite. Cette semaine, c'est "Flight" qui y est joué. "Je n'ai pas le choix", déplore Alain Amsellem.
Pour lui, les problèmes d'accessibilité sont souvent dus à de la mauvaise volonté.

"Je ne veux pas être assisté"

En 2015, tous les bâtiments et transports devront pourtant être accessibles aux personnes handicapées, en vertu de la loi handicap de 2005.
"Chez nous, ce sera fait", promet un restaurateur. En attendant, il propose aux personnes en fauteuil de les porter pour les aider à entrer dans son établissement. "Mais je veux me débrouiller tout seul, je ne veux pas être assisté !", s'insurge M. Amsellem.
Conscient qu'à Paris, la mise en accessibilité de certains équipements anciens comme le métro est problématique, il estime que les choses évoluent, mais "lentement".
Pour se déplacer, il privilégie la ligne automatique 14, même si "les ascenseurs, pourtant réservés aux fauteuils et aux poussettes, tombent régulièrement en panne car tout le monde les utilise".
Quant aux bus parisiens, la plupart sont aujourd'hui équipés d'une palette rétractable pour permettre l'accès des personnes en fauteuil. Mais "en général, je dois en attendre deux ou trois car la palette ne fonctionne pas", prévient Alain Amsellem. C'est le cas dans celui qu'il sapprête à prendre.

Résultat : "Je prévois en général une marge d'une heure, une heure et demie lorsque je dois me rendre quelque part", souligne-t-il.
Alors quand des progrès sont tangibles, c'est pour lui un réel motif de satisfaction. Il aime ainsi faire visiter son pressing, qui s'est mis en conformité avec la loi il y a déjà quelques années. "Avant je restais sur le trottoir et on venait chercher mes habits, maintenant je peux rentrer comme tout le monde dans la boutique", se réjouit-il. "On a tout cassé, on a agrandi l'entrée, on a installé une tôle pour permettre l'entrée des fauteuils", explique-t-on dans le magasin. "Ca nous a coûté 3.000 euros mais il fallait le faire, les personnes handicapées doivent pouvoir vivre comme tout le monde".

ito/bfr/df

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