Prothèses auditives : la guerre de l'ouïe aura-t-elle lieu ?

Sonalto accuse Audika de pratiquer des prix prohibitifs et des marges considérables sur ses prothèses auditives, au détriment de plus de 5 millions de français "otages de ce fonctionnement odieux". Audika, N°1 français de l'audition, riposte...

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« Audika va mal, les malentendants aussi ». C'est ainsi que commence le communiqué diffusé le 26 septembre 2012. On doit cette entrée en matière à Sonalto, l'un de ses concurrents, qui promet de faire « beaucoup de bruit » sur le marché de l'audition.

300 euros contre 2 000 !

Certes les résultats financiers du premier semestre 2012 d'Audika sont en baisse. Mais aller mal pour le Numéro 1 français de l'audition ne veut pas dire perdre de l'argent, loin s'en faut. Selon Louis Blohorn et Maxence Petit, fondateurs de Sonalto, « malgré un chiffre d'affaires qui décroit - fait tout à fait paradoxal et atypique sur ce marché - la rentabilité du groupe reste considérable. Conclusion : Audika vend à des prix prohibitifs un produit de santé pourtant indispensable à des millions de français. (...) Un appareil acheté chez le fabricant coûtera aux distributeurs moins de 300 € lorsqu'il sera revendu près de 2 000 € au client ! ». Et de poursuivre : « Des marges qui font la fortune des audioprothésistes et la misère des plus de 5 millions de français qui souffrent d'une perte auditive même légère, restés sans solution ! 15% seulement sont équipés de prothèses auditives, qui suffisent à générer 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires en 2011... »

100 % des seniors concernés

Les dirigeants de Sonalto regrettent que des Français voient quotidiennement leurs capacités auditives diminuer sans avoir de solution à leur portée. Selon, eux, notre pays affiche l'un des taux d'équipement les plus faibles en Europe. Une carence avec des conséquences sociales et professionnelles pourtant considérables et qui semble devoir affecter chacun d'entre nous. En effet, 100% des seniors sont concernés par l'équivalent de la presbytie appelée « presbyacousie ». Face à ce constat, soutenu par des médecins ORL et des experts de l'appareillage auditif, Sonalto a donc développé une solution qui se distingue des prothèses auditives par le simple fait que cet assistant d'écoute est préréglé pour répondre à l'immense majorité des individus dont les caractéristiques de perte auditive sont similaires. Aucune adaptation n'est nécessaire. Octave (c'est son nom !) est disponible sans ordonnance en pharmacie au prix de 300 euros ! Une alternative au sur-mesure qualifié de « hors de prix » par les dirigeants de Sonalto qui convient parfaitement aux personnes sujettes à une gêne auditive légère.

Intimidations, procès fumeux...

Mais cette mise sur le marché semble n'avoir pas été du goût des audioprothésistes. « Considérant contre toute logique que ce produit ne saurait échapper à leur monopole de distribution, les Audika, Amplifon et autres indépendants ont juré la mort de notre entreprise, poursuivent Louis Blohorn et Maxence Petit. Procès fumeux, actions de lobbying, intimidations... Nous voulons donc alerter l'opinion publique sur le fait qu'elle est l'otage de ce type de fonctionnement odieux. Une solution comme la nôtre, déjà plébiscitée par plus de 10 000 utilisateurs en moins de deux ans, et qui existe dans de nombreux pays, doit naturellement et logiquement coexister avec les prothèses auditives. Nous continuerons de nous battre avec force pour donner accès au plus grand nombre à une solution de qualité. »

Audika contre-attaque

Evidemment, la riposte d'Audika ne se fait pas attendre. Elle s'étonne des propos « agressifs, diffamatoires, inexacts et trompeurs ». Au point que ces accusations semblent avoir perturbé le cours de l'action du groupe. Pour sa défense, Audika précise que le prix de ses prothèses inclue également un grand nombre de prestations de services indispensables à la réussite d'un appareillage, et notamment le suivi permanent de l'audioprothésiste pendant la période de rééducation. Son rôle apparait comme primordial, d'abord pour vérifier que l'appareillage auditif est bien la solution appropriée mais aussi pour déterminer si la perte d'audition ne dissimule pas une pathologie plus grave. Enfin, Audika souligne que la prescription médicale est obligatoire avant toute délivrance d'un appareil auditif. Or le produit de Sonalto, un appareillage au réglage standard, vendu librement en pharmacie, ne relève pas de la prescription.

Qualité Audika contre low-cost Sonalto ! Ce sera peut-être aux tribunaux de trancher puisqu'Audika entend lancer des poursuites judiciaires contre les propos diffamatoires de son concurrent. Cette affaire promet du rififi dans nos tympans...

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