Maltraitance : la lanceuse d'alerte sur le banc des accusés

La lanceuse d'alerte Céline Boussié comparait devant le tribunal le 19 septembre 2017, alors qu'elle a dénoncé la maltraitance au sein de l'institut Moussaron en 2013. Jugée pour diffamation !

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Le jugement a été mis en délibéré au 21 novembre 2017. Les avocats de la défense ont demandé la relaxe de leurs clientes.

Article initial

C'est le 19 septembre 2017 à 14h que s'ouvre le procès de Céline Boussié devant le Tribunal de grande instance de Toulouse. Un procès hautement symbolique. Deux ans après sa première audition, la présidente de l'Association Handi'Gnez-Vous ! est poursuivie pour deux plaintes pour diffamation déposée par l'institut médico-éducatif de Moussaron dans le Gers.

Un gros scandale

Cette ancienne employée de l'IME avait dénoncé, en 2013, des actes graves de maltraitance sur des résidents polyhandicapés. L'affaire Moussaron avait alors fait grand bruit dans les medias, levant le voile sur les pratiques de certains établissements accueillant des personnes handicapées. L'ARS avait même publié un rapport édifiant en novembre 2013, évoquant, notamment, des « dysfonctionnements susceptibles d'affecter la santé, la sécurité, le bien-être physique et moral, le respect de la dignité et de l'intimité des jeunes accueillis ».

Pour diffamation

Deux ans plus tard, en 2015, parce que la direction de l'IME n'a été qu'en partie renouvelée, Céline Boussié continue de « s'handigner » sur LCI (vidéo en lien ci-dessous) et Europe 1. Mais, cette fois-ci, elle est poursuivie pour diffamation. La présentatrice d'Europe 1, Wendy Bouchard, est également visée dans la
procédure. Depuis 2013, Céline n'a jamais cessé de militer pour plus de transparence et pour la bientraitance des personnes vulnérables et en situation de handicap, quitte à tout perdre. Ayant reçu des témoignages venant d'autres instituts, elle dénonce une omerta sur ce sujet mais également la non application des textes de loi en matière de droit du travail et enfin la criminalisation des lanceurs d'alerte et leur non protection.

Soutien de lanceurs d'alerte

Un comité de soutien s'est constitué autour d'elle, composé de personnalités et de lanceurs d'alerte. Selon lui, « cette convocation est une grave atteinte portée à la liberté d'expression, c'est une atteinte portée au fonctionnement et à l'objet même d'une association représentant des usagers, des parents, des familles et des professionnels du secteur du médico-social. Aujourd'hui, c'est Handi'Gnez-vous ! Demain, ce peut être vous… ». Même si son combat se veut apolitique, Céline Boussié a également reçu le soutien de La France Insoumise ; des parlementaires et cadres du mouvement seront présents à Toulouse, dont Éric Coquerel, le bras droit de Jean-Luc Mélenchon.

Jusqu'à 40 000 euros d'amende

Un rassemblement est prévu devant le tribunal à 13h. 80 ballons blancs seront lancés et une minute de silence sera observée en hommage aux enfants que « Céline a souhaité protéger ». La lanceuse d'alerte encourt de 20 000 à 40 000 euros d'amende. Pourtant, selon elle, « Dénoncer n'est pas un délit ! ».

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
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