Légaliser le cannabis thérapeutique : ouvrons le débat !

Faut-il légaliser le cannabis à usage thérapeutique ? Déjà autorisé dans d'autres pays, il reste interdit en France. Il permet pourtant d'apaiser la douleur de certains patients. Encore un débat sur la possible 'exception handicap '...

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Les medias relayent fréquemment le procès de ceux qui ont fait fi des interdits en employant le cannabis à des fins thérapeutiques. Ils sont parfois relaxés, parfois condamnés, selon les tribunaux ! Alors faut-il légaliser l'usage du cannabis lorsqu'il permet d'apaiser la douleur de certains patients ? On l'appelle aussi marijuana médicale ou marijuana thérapeutique. Les lois concernant les drogues interdisent le cannabis depuis 1925 (Convention de Genève / Convention de l'ONU 1961). Celui-ci a été retiré de la pharmacopée française en 1953. Dans notre pays, sa prohibition n'a pas évolué depuis.

Prescription à dose homéopathique

Pourtant, depuis une vingtaine d'années, les recherches concernant le potentiel thérapeutique du cannabis se sont multipliées. Certaines ont prouvé son efficacité notamment pour apaiser les nausées sévères et les vomissements liés aux chimiothérapies et radiothérapies anticancéreuses mais aussi pour diminuer la spasticité chez les personnes atteintes de sclérose en plaques. Mais le Marinol, seul médicament dérivé du cannabis autorisé en France est difficilement accessible. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) ne délivre qu'une centaine de « prescriptions » par an. C'est pourquoi, malgré l'interdiction en vigueur dans notre pays, de nombreuses personnes handicapées ou atteintes de maladies chroniques ou évolutives ont décidé de braver la loi. Même si elles savent que la consommation de cannabis n'est pas sans risque ; un quart des utilisateurs constatent en effet des effets secondaires gênants du type somnolence, anxiété ou difficultés de concentration.

Légal à l'étranger

C'est sur cette question que se penche le magazine Faire Face dans son numéro d'avril 2013. Dans ses colonnes, des hommes et femmes politiques s'engagent en faveur de cette dépénalisation. Ils s'appellent Daniel Vaillant, Vincent Peillon ou Cécile Duflot. De son côté, le chef de l'État déclarait, en octobre 2012, qu'il n'était pas prêt à légaliser le cannabis, même pour raisons thérapeutiques. D'autres pays ont pourtant déjà tranché en sa faveur. C'est le cas du Canada, de l'Australie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande, de l'Espagne et de vingt Etats américains. Cet usage nécessite une ordonnance tandis que sa distribution se fait généralement dans un cadre défini par les lois locales : pharmacies aux Pays-Bas, Club compassion au Canada, Buyers club aux États-Unis ou Cannabis social clubs en Espagne. A son tour, le 23 janvier 2013, le ministre de la santé italien signait un nouveau décret autorisant la production et l'usage du cannabis et de ses dérivés à des fins thérapeutiques.

Une « exception handicap » ?

Le « cannabis-médicament » est-il envisageable en France ? Dans le dossier du magazine Faire Face, Jean Constentin, professeur de pharmacologie, président du Centre national de prévention, d'études et de recherche en toxicomanie (CNPERT) et Alain Rigaud, médecin, psychiatre, président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa), opposent leurs arguments dans le cadre d'une interview croisée. Mais ce dossier donne surtout la parole aux usagers. Ils sont six témoins souffrant d'un handicap, d'une maladie chronique ou évolutive à apporter leur témoignage. Ainsi, grâce au cannabis, Hervé a pu soulager ses douleurs musculaires, Claudine a réussi à gérer les effets secondaires de sa chimiothérapie et Stéphan et Damien, atteints de sclérose en plaques, ont mieux supporté leurs douleurs. La première association de patients consommateurs de cannabis francophone, l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM), a vu le jour en 2010. Elle milite pour sa dépénalisation à usage thérapeutique et entend donner davantage de visibilité à ce débat.

Mais au-delà de tout l'intérêt qu'on peut y trouver, cette question soulève, une fois encore, la notion « d'exception handicap ». Après le débat sur l'assistanat sexuel qui, selon ses détracteurs relève ni plus ni moins de la prostitution, interdite en France, la « situation de handicap » pourrait-elle, une fois encore, faire bouger les lois ?

Plus d'infos sur Faire Face : www.faire-face.fr
Union Francophone pour les Cannabinoïdes en Médecine (UFCM) : www.ufcmed.org 

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