Pauvreté : les personnes handicapées privilégiées ?

2 millions de personnes handicapées oubliées de la solidarité ! C'est le constat amer après la Conférence de lutte contre la pauvreté des 10 et 11 décembre 2012. JM Ayrault continue pourtant de promettre...

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Comme le laissaient présager les rapports préparatoires, les personnes en situation de handicap vivant sous le seuil de pauvreté semblent avoir été oubliées par la Conférence de lutte contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale. Elle se tenait dans l'hémicycle du CESE (Conseil économique, social et environnemental), à Paris, les 10 et 11 décembre 2012. Aucune mesure concrète et directe concernant les 2 millions de personnes en situation de handicap vivant dans la précarité n'a été annoncée, l'AAH et les pensions d'invalidité restant largement sous le seuil de pauvreté. L'Association des paralysés de France (APF) est la première à exprimer son immense déception et se dit « révoltée par ce désintérêt manifeste pour les difficultés quotidiennes des personnes en situation de handicap vivant dans la précarité ». Le choc de solidarité attendu n'a pas eu lieu !

Handicap : un quart des personnes concernées par la précarité


Le rapport « Accès aux droits et aux biens essentiels et minima sociaux » précisait que « compte tenu du temps imparti, les autres minima sociaux (AAH et minimum vieillesse) n'ont été abordés que de façon partielle ». C'est étonnant lorsqu'on sait que, sur les 8,6 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en France (revenu par personne inférieur à 964 euros par mois), 2 millions sont en situation de handicap ou atteintes de maladie invalidante et bénéficiant de l'AAH (776,59 euros par mois) ou de pensions d'invalidité. Un quart n'est-ce pas une proportion suffisante ?

AAH : une hausse « pansement » !

L'APF rappelle que l'augmentation de l'AAH de 25% en 5 ans ne constitue qu'un rattrapage de la perte du pouvoir d'achat subie par les personnes en situation de handicap ces 25 dernières années, et que cette revalorisation a été largement grignotée par les nombreux frais supplémentaires auxquels elle ont dû faire face : hausse du forfait hospitalier, franchises médicales, fiscalisation des indemnités accident du travail, déremboursement de médicaments, hausse du coût des mutuelles mais aussi du coût de la vie. Sans compter les pensions d'invalidité qui, elles, n'ont pas été revalorisées !

Par ailleurs, trois quarts des personnes bénéficiaires de l'AAH ou de pensions d'invalidité ne peuvent ou ne pourront jamais travailler en raison de leur handicap ou de leur état de santé. L'emploi ne constitue donc pas, pour elles, un rempart contre la pauvreté ou la précarité ! Enfin, ni l'indexation annuelle sur l'inflation qui sera appliquée au RSA, ni l'individualisation de l'AAH n'ont été évoquées. Et, pour finir, malgré le relèvement annoncé du plafond de la CMU-C (Couverture maladie universelle-Complémentaire), les personnes bénéficiaires de l'AAH ne pourront toujours pas y avoir accès.

Jean-Marc Ayrault a néanmoins indiqué, dans son discours de clôture, que les personnes en situation de handicap ne seraient pas oubliées dans le futur plan quinquennal. Elles attendent donc avidement le détail de ces mesures...


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