Rubrique Croizon : ces athlètes mi-hommes mi-machines

Le 26 octobre 2016, dans sa rubrique du Magazine de la santé (France 5), Philippe Croizon suit les traces de ces athlètes qui ont défié le handicap lors du 1er Cybathlon. Une compétition où toutes les technologies sont permises.

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Philippe, ce mois-ci, vous allez tenter une chose inédite : vanter les bienfaits du dopage dans le sport… Vous êtes vraiment certain de votre coup ?
Oui, certain. Mais vous allez comprendre. Il s'agit de dopage « technologique », c'est-à-dire tous les systèmes d'appareillage hyper sophistiqués qui permettent de rendre leur autonomie aux personnes qui sont, par exemple, amputées ou paraplégiques, voire tétraplégiques c'est-à-dire paralysées des quatre membres. Et pourquoi pas les voir s'affronter en compétition…

Mais c'est de la science-fiction votre idée.
Eh bien non. Cette compétition futuriste a bien eu lieu le 8 octobre 2016. Ça se passait à Zurich, en Suisse. C'était une première mondiale qui a réuni 66 concurrents venus de 22 pays. Son nom : Cybathlon.

Cybathlon, comme « cyborg » ? 
Oui car la course la plus attendue de tous, c'était celle des exosquelettes. Des personnes paraplégiques, maintenues dans ce squelette artificiel, ont défié le chrono sur un parcours d'obstacles : ouvrir une porte, franchir un escalier, marché sur un plan incliné. Pour les soutenir, la foule était vraiment en délire ! Plus de 4 500 personnes dans les tribunes. Le contexte est si insolite que 150 journalistes ont fait le déplacement tandis que la télévision suisse a retransmis l'évènement en direct.

Mais, au total, il y avait six épreuves, tout aussi impressionnantes.
Oui, par exemple l'interface cerveau-machine : assis face à un écran, des concurrents tétraplégiques disputent une course « vidéo » par la seule force de leur cerveau, grâce à un casque équipé de capteurs.
Et puis aussi, au programme : des prothèses sophistiquées de bras et de jambe ou encore des fauteuils roulants motorisés tout terrain qui défient les lois de l'équilibre.

Il y avait également une course de tricycle à stimulation électronique, quel est le principe ?
C'est un vélo couché (déjà présent sur le marché) sur lequel est installé un dispositif d'électrostimulation, via des électrodes, qui agit directement sur le muscle d'une personne paralysée et lui permet de pédaler (article en lien ci-dessous).

Mais quel est l'objectif d'un tel évènement ?
Ces athlètes connectés sont venus défendre les couleurs des laboratoires de recherche, issus des plus prestigieuses universités ou de grandes sociétés, qui planchent sur ces technologies de pointe à travers le monde.

Et c'était une vraie compétition ?
Oui avec un chrono, un règlement, des éliminations, un podium et des médailles…

Mais, pour le moment, ce ne sont que des prototypes, avec parfois quelques imprévus…
Oui comme le fauteuil roulant à chenillette coincé dans les escaliers ou le vélo à impulsion électrique qui refuse d'avancer. Ce sont pour la plupart des projets en cours de réalisation mais que l'on pourrait voir commercialisés très bientôt.

Car l'objectif de cette paralympiade d'un genre nouveau, c'est de mettre en lumière des appareillages qui pourront être utilisés au quotidien.
Oui, évidemment. Par exemple, sur la course des prothèses de bras, des athlètes amputés devaient mettre à l'épreuve leur motricité fine sur différentes activités de la vie courante comme couper un morceau de pain, dévisser une ampoule ou enfiler un pull sur un porte-manteau.

Même si la machine vient suppléer le handicap, c'est tout de même une vraie compétition sportive.
Evidemment, les « athlètes » ont dû suivre un entraînement intensif pour s'adapter aux contraintes de la machine mais également permettre à leur corps d'exécuter des gestes qu'ils n'avaient pas réalisés depuis des années. Certains concurrents avaient vraiment l'air de souffrir. Imaginez quels efforts il faut déployer lorsqu'on est assis dans un fauteuil roulant depuis 20 ans pour se relever et arriver à marcher avec un appareillage de plusieurs dizaines de kilos. Sur la ligne d'arrivée, certains étaient vraiment à bout de souffle.

La petite anecdote c'est que ce Cybathlon était organisé par l'ETH Zurich, qui a vu passer entre ses murs un génie...
Oui, c'est en effet l'école polytechnique de Zurich qui a formé 21 prix Nobel, dont Albert Einstein. Alors on peut lui faire confiance pour mener à bien ses projets… On peut donc tout à fait imaginer, d'ici quelques années, voir des personnes paraplégiques déambuler dans nos rues ou faire leur shopping vêtues d'un exosquelette. A quel prix, ça c'est une autre histoire.

Y-aura-t-il une autre édition du Cybathlon ?
Oui, selon les organisateurs. Certainement dans quatre ans, avec l'idée de l'ouvrir à d'autres handicaps comme la cécité. A l'entrée de la Swiss Arena où avait lieu la compétition, une exposition proposait de déambuler dans la longue l'histoire de l'appareillage, de la première prothèse en bois et cuir au robot ultra connecté. L'homme augmenté est bel et bien en marche…

Revoir la chronique de Croizon du 26 octobre sur France 5 dans la vidéo ci-dessous (à partir de la minute 26.45).

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