Edouard Philippe explique le logement inclusif

C'est dans une résidence inclusive du 95 qu'Edouard Philippe a fait des annonces en faveur du logement accessible dans un climat pourtant tendu contre un article de la loi Elan. Un changement de perspective, selon lui, qui mérite d'être compris.

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En visite dans une résidence sociale inclusive, Les Closbilles, dans le Val d'Oise ?
Edouard Philippe : Nous sommes aujourd'hui à Cergy avec Sophie Cluzel (secrétaire d'Etat au handicap) et Julien Denormandie (secrétaire d'Etat à la Cohésion des territoires) pour visiter un projet qui nous parait emblématique de ce que nous voulons développer et encourager. Une résidence de 80 logements axée sur ce qu'on appelle parfois le logement inclusif, c'est-à-dire comment faire en sorte que, dans les appartements, les immeubles, les endroits où nous vivons, nous puissions accueillir, dans les meilleures conditions, les personnes âgées et les plus jeunes, les personnes en situation de handicap et celles qui ne le sont pas, et faire en sorte qu'ils puissent être bien logés et partagent quelque chose qui n'est pas simplement le fait de vivre les uns à côtés des autres. C'est un projet remarquable, et les résidents nous ont accueillis avec le sourire et l'envie de montrer ce qui se passe ici et le petit plus de ce logement inclusif.

Un article du projet de loi Elan qui introduit la notion de logement « évolutif » ?
EP : C'est ce que nous voulons faire évidemment avec le projet de loi Elan, qui a franchi le cap de la commission mixte paritaire (ndlr : qui réunit sénateurs et députés, article en lien ci-dessous) et sera proposé à l'adoption définitive de l'Assemblée et du Sénat dans les jours qui viennent, un logement inclusif avec cette possibilité d'imaginer, demain, et de faire en sorte que 100 % des logements construits soient évolutifs, c'est-à-dire qu'ils puissent être accessibles directement pour ceux qui viennent rendre une visite mais qu'on puisse ensuite les modifier dans l'hypothèse où celui qui habite dans l'appartement connait un accident de la vie, souffre d'un handicap ou vieillit à un point tel qu'il faut modifier les caractéristiques du logement pour qu'il puisse y rester dans de bonnes conditions ou venir s'y installer. 100 % de logements évolutifs, 20 % de logements adaptés et un souci permanent de l'inclusion et de prendre en compte des évolutions extrêmement puissantes, même si elles sont lentes, je pense, notamment, au vieillissement.

Une obligation d'ascenseur dans les bâtiments d'habitation dès R+3 ?
EP : C'est l'une des raisons pour lesquelles nous allons, par voie réglementaire, dans les mois qui viennent, rendre obligatoire la construction d'ascenseurs dans les immeubles de trois étages et plus. Aujourd'hui, c'est quatre étages et plus. Parce que nous voulons favoriser l'accessibilité et faire en sorte que les personnes âgées ou handicapées puissent rester dans leur logement ou en trouver un facilement, nous avons choisi de rendre cette nouvelle norme applicable, ce qui nous place d'ailleurs dans la moyenne des pays européens. Nous étions en retard et voulons le rattraper. Nous voulons vraiment que les logements neufs puissent être toujours pensés et conçus avec ce souci d'inclusion et d'adaptation permanente.

Des aides renforcées pour l'amélioration de l'existant ?
EP : Parce que le logement inclusif est un sujet important, nous allons doubler les moyens de l'Anah (ndlr : Agence nationale pour l'amélioration de l'habitat) consacrés à la rénovation et à l'adaptation des logements existants, puisque ce stock est évidemment considérable, en passant de 50 à 100 millions d'euros à partir de 2019.

Cette résidence, un exemple à suivre ?
EP : Ce qu'on voit ici c'est un enjeu pas forcément spectaculaire mais qui concerne la vie de tous les jours. Comment est-ce qu'on peut, comme l'un de ceux qui nous a accueillis aujourd'hui, lorsqu'on est une personne en situation de handicap -il vivait chez ses parents- grâce à ce logement, grâce à la structure qui l'entoure, avoir désormais une vie beaucoup plus autonome… Comment, lorsqu'on est une personne âgée, on peut envisager de rester longtemps dans un appartement qui soit capable de s'adapter parce qu'on pense que c'est à cet endroit-là qu'on veut vieillir. Et comment faire en sorte que les catégories dans lesquelles on emprisonne trop souvent les Français ne soient pas posées cote à cote mais puissent trouver, ensemble, des façons de bien vivre.

La volonté du gouvernement de s'engager sur ce chemin ?
EP : C'est un enjeu qui est considérable, l'exemple de cette résidence nous montre que c'est possible. Les dispositions de la loi Elan et les mesures réglementaires que nous sommes en train de prendre montrent la volonté du gouvernement et de la majorité parlementaire de s'engager sur ce chemin.

Question posée par handicap.fr : Vous venez de parler de l'article de la loi Elan sur le logement évolutif, comment expliquez-vous que le Défenseur des droits ait émis un avis défavorable, tout comme le CNCPH et le Conseil de l'Europe et, évidemment, les associations du champ du handicap qui sont vent-debout ?
EP : Si je suis ici, c'est pour montrer l'intérêt de cette disposition. Encore une fois, notre objectif est de faire en sorte que 100 % des logements neufs, demain, soient évolutifs, c'est-à-dire qu'on soit en mesure de transformer les appartements en fonction du handicap lorsqu'il apparait ou lorsque quelqu'un veut s'y installer. Il y aura, et c'est le sens de la commission mixte paritaire mais on va attendre l'adoption définitive de la loi, quoi qu'il arrive, 20 % de logements d'ores-et-déjà « adaptés » et la totalité des logements « adaptables ». Ça permet quoi ? D'avoir un petit peu plus d'espace à vivre lorsque ne vit pas avec un handicap et, lorsqu'on souffre d'un handicap, la capacité de le transformer, facilement, rapidement et à moindre frais.

C'est quelque chose de réaliste qui permet, je crois, de trouver la solution pour construire plus, moins cher et faire en sorte que ceux qui s'installent trouvent des logements capables de s'adapter à leur réalité plutôt que des logements adaptés à une réalité qui n'est pas la leur. C'est un changement de perspective et, souvent, quand on change de perspective, il y a des gens qui sont surpris, qui ne comprennent pas.

Je suis persuadé, quand je vois cette résidence, que lorsqu'on a expliqué, à l'origine, ce qu'on voulait y faire, il y a des gens qui n'ont pas compris. Mais, venir ici, c'est voir que ça marche ; c'est important de le montrer.

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