Raquette en or

Champion paralympique à Sidney, Christophe Durand a remporté aux JO de Pékin la médaille d'or du tournoi de tennis de table. Balle de match au sommet pour ce lyonnais sympathique de 35 ans.

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Handicap.fr : Quelle sensation vous a procuré votre victoire aux JO ?
Christophe Durand : Au moment de la victoire, on n'y croit pas. Et après, c'est que du bonheur. On se souvient de tous les instants passés, de toutes les déceptions, des sacrifices. Mais ces moments difficiles sont rapidement estompés par ce déclic grandiose. Pendant deux ou trois heures, on est sur un nuage, même si nous avons l'obligation de passer au contrôle antidopage. Ca casse un peu le rêve ! C'est mon coach qui a répondu à la déferlante de messages téléphoniques et j'ai un peu regretté de ne pas avoir mes amis au téléphone. Quant au podium, ca va très vite mais c'était un grand moment pour moi car je savais que c'était la dernière fois.

Handicap.fr : Vous arrêtez votre carrière ?
CD : Oui, c'est officiel ! Je continue encore pendant deux ans pour aller jusqu'au championnat du monde en Corée car je m'entends très bien avec les joueurs de l'équipe nationale coréenne. J'aurai 37 ans et toujours pas de vie de famille, pas de bébé... Et puis je veux me consacrer à mon métier, au sein du service des sports de la région Rhône-Alpes, à plein temps. J'ai envie de m'épanouir grandement dans l'organisation d'évènements sportifs. C'est la suite logique d'une carrière de sportif de haut niveau. Mais j'aimerais être à Londres en 2012, en tant que coach de l'équipe de France, découvrir les JO de l'autre côté, partager et transmettre...

Handicap.fr : Vous avez commencé très jeune ? C'est difficile à mener une telle carrière ?
CD : J'ai commencé le sport vers 8 ans et le haut niveau vers 18 ans. 22 ans de compet' et 20 ans de championnat de France. Je crois que c'est déjà un assez beau parcours. Il y a forcément une usure et une lassitude qui s'installe. Les JO ne sont que 15 jours d'extase dans une vie remplie de répétitions. 8 heures d'entraînement par semaine et jusqu'à 6 heures par jour pendant 6 mois en vue des JO ! En 20 ans de ping-pong, il n'y a pas que des moments exceptionnels, ceux que voit le public. Même si l'adversité permet aussi de se transcender, perdre fait mal et on ne se relève pas si facilement. A la longue, les défaites grignotent le moral. J'ai une carrière super bien remplie et je ne vois pas l'intérêt d'aller au bout du bout...

Handicap.fr
: Vous êtes en fauteuil roulant, quel handicap avez-vous ?
CD : J'avais une tumeur sur la moelle épinière qui a été opérée lorsque j'avais 18 mois mais qui a entrainé une perte de contrôle sur les membres inférieurs. J'ai vécu toute mon enfance dans des centres de rééducation et lorsque je suis arrivé à Lyon, on m'a proposé une multitude d'activités sportives. J'ai tout essayé : basket, tir à l'arc, ping-pong... J'ai rencontré un champion dans cette discipline qui m'a dit : « Tu n'es pas le mec le plus doué de la terre mais tu as un mental de winner ! ». J'ai tout laissé tomber pour me consacrer uniquement au ping. J'avais 16 ans.

Handicap.fr : Vous arrive-t-il de jouer contre des valides ?
CD : Oui, bien plus souvent qu'entre joueurs handicapés. C'est l'un des avantages du ping-pong : on peut s'opposer à eux sans grande adaptation. Les valides jouent à 1m50 de la table et nous contre elle. Je participe à 14 matchs de championnats valides par an.

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: Comment expliquez-vous le dynamisme du ping-pong handisport français ?
CD : L'éclosion s'est faite après la victoire de Jean-Philippe Gassien aux JO de Barcelone. Comme je le disais, c'est un sport qu'on peut pratiquer avec les valides, facile à mettre en œuvre. On a toujours eu une équipe de France assez solide qui crée une émulation dans les jeunes générations.

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: Vous avez été reçu à l'Elysée à votre retour de Pékin ?
CD : Oui et quand on me propose d'aller à l'Elysée, je ne refuse pas, d'autant que je trouve que le handisport est plutôt bien traité depuis quelques années. Savez-vous que le combat de Jean-François Lamour a porté ses fruits puisqu'on a ramené les primes des médaillés paralympiques au même niveau que celles des valides. Vous voulez un chiffre ? A Sydney, j'avais touché 1000 euros ; à Pékin, j'en ai reçu 50 000 !

Interview réalisée par Emmanuelle Dal'Secco

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