Agefiph : un nouvel ambassadeur aux petits oignons !

Le 11 mars 2011 était dévoilé le nom du nouvel ambassadeur qui portera les engagements de l'Agefiph en faveur des travailleurs handicapés, lors de la campagne 2011 : Grégory Cuilleron*. La recette du succès avec Pierre Blanc, directeur de l'Agefip

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* Ce jeune Lyonnais de 30 ans, ayant une agénésie du bras gauche et diplômé d'une licence de management, a longtemps travaillé dans la communication. Sa passion pour la gastronomie l'a propulsé jeune star de la cuisine amateur dans différentes émissions télévisées.

Handicap.fr
: Avez-vous hésité entre plusieurs ambassadeurs ?
Pierre Blanc
: Non. Mais la question s'est posée de continuer ou non avec Jamel Debbouze qui avait été notre ambassadeur lors de la précédente campagne. Il avait rempli sa mission en faisant émerger la mission de l'Agefiph du « bruit médiatique ». Le problème avec les personnalités qui sortent du lot, c'est que les personnes handicapées n'adhèrent pas à ces modèles. Jamel est une exception, et l'assimilation à l'ensemble des personnes handicapées reste limitée.

H
: C'est donc ce qui vous a poussé à choisir, comme nouvel ambassadeur, Grégory Cuilleron, un « travailleur ordinaire » ?
PB : Oui, en effet. Grégory a un métier que beaucoup peuvent exercer, c'est un jeune qui réussit et qui envoie donc un message très fort, il a une volonté de fer et se sent particulièrement solidaire du projet de l'Agefiph. Nous voulions mettre en avant une figure qui représente une valeur forte en termes de métier. La campagne avec Jamel devait marquer les esprits ; celle avec Grégory entérine le dialogue. Les retours sont très bons, et le choix de ce nouvel ambassadeur est unanimement partagé.

H : Avez-vous déjà songé à solliciter Mimi Mathy qui a une image très favorable auprès du grand public ?
PB : Nous l'avons déjà évoqué mais ce sont les agences de com que nous mettons en concurrence qui nous proposent tel scénario ou telle personnalité.

H : Serait-il envisageable qu'un de vos ambassadeurs soit un jour une personne handicapée mentale ?

PB : Bien sûr. Nous n'avons aucun souci avec cela. Lors de notre campagne 2007-08, apparaissait d'ailleurs le visage d'une jeune femme trisomique. Nous avons également pensé au comédien du film Le Huitième jour, Pascal Duquesne.

H
: Quel est votre nouveau slogan et quel est son message ?
PB
: « Ici, nous sommes là, et c'est normal ? » Avec quelques déclinaisons sur les affiches : « Nous sommes 630 000 personnes handicapées dans les entreprises, et c'est normal ! ». Le message parle de lui-même !

H
: Quel est le bilan de la campagne précédente avec Jamel Debbouze ?
PB
: 50 millions de contacts TV, 13 millions de pages vues sur Internet, 7,5 millions de contacts presse. Avec un résultat significatif : +10,3 % de personnes handicapées dans les entreprises contribuantes à l'Agefiph, + 19 % d'insertions et de maintiens par rapport à 2009 et 93 % des entreprises à quota zéro qui ont engagé une action en faveur du handicap, créant 6 500 emplois.

H
: Jamel et Grégory ont deux handicaps assez similaires (impossibilité de se servir d'un de leur bras). Ce hasard, si c'en est un, n'est-il pas un peu réducteur pour véhiculer l'image des personnes handicapées ?
PB
: C'est en effet un hasard. On nous avait également proposé Dominique Farrugia qui a une sclérose en plaques.

H
: Oui mais, dans son cas également, le handicap est assez discret. Devait-il être « acceptable » par le grand public ?
PB
: Vraiment pas ! Nous n'avons nullement la volonté de minimiser ou de dissimuler le handicap. Nous choisissons simplement des personnes qui ont une certaine notoriété pour que le grand public puisse être interpelé afin, au fil de nos initiatives, de faire évoluer les représentations et les comportements face aux personnes handicapées au travail.

H
: Que pensez-vous des campagnes de pub de Simyo, Krys et L'Oréal qui choisissent des égéries porteuses de handicap ?
PB
: Je trouve cela extraordinaire. Il n'y a rien de plus efficace pour l'intégration des personnes handicapées qu'elles puissent être valorisées comme n'importe qui d'autre. Dans l'audiovisuel, par exemple, où les quotas de diversité sont très travaillés, il n'y a rien de mieux qu'une personne handicapée qui campe le rôle d'un truand, enfin exposée et visible !

H
: Quand verra-t-on la nouvelle campagne de l'Agefiph ?
PB
: A partir du 14 mars. Plus de 500 passages en télé et 12 000 lieux d'affichage sont prévus.

H
: A combien se monte-t-elle?
PB
: 1.9 millions d'euros.

H
: Ca paraît énorme !
PB
: Non, pas vraiment ! Il faut savoir que l'Agefiph a un budget de 585 millions d'euros. En France, on a toujours des scrupules avec les budgets de communication. Or cette campagne n'a pas pour objectif de faire la pub de l'Agefiph, c'est un outil puissant au service de notre action. Et franchement, a-t-on le choix ? Qui, à part nous, évoque les questions de l'intégration professionnelle des travailleurs handicapés ? Je trouverais en effet plus légitime que l'Etat, au nom de la loi de 2005, prenne l'initiative de communiquer sur le sujet et fasse la promotion de ces questions. Mais il n'y a que l'Agefiph qui s'y colle !

H
: L'Agefiph atteint-t-elle son quota légal de 6% ?
PB
: Bien sûr ! Et c'est la moindre des choses. Nous sommes à 9 %, et c'est un seuil que nous entendons maintenir.

H
: Grégory a-t-il déjà cuisiné pour vous ?
PB
: Non, pas encore, mais il va bientôt ouvrir un restaurant près de Lyon, et nous comptons évidemment y aller.

Propos recueillis par Emmanuelle Dal'Secco


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