Des élèves de CP se rapprochent d'enfants handicapés mentaux par le

Dany, 7 ans, sort les ronds de couleurs de la boite et les tend à Alexandre. Celui-ci regarde, attend, s'en saisit et les dispose dans le désordre.

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Par Lucile MALANDAIN
Paris, 19 mai 2005


'Non ! Pas comme ça !'. Dany reprend les éléments et les arrange. Elève de CP, il ne quitte pas de la matinée son camarade autiste.
Comme Alexandre, 11 ans, ou Tracy, 13 ans, ils sont onze enfants handicapés mentaux, venus jeudi de leur Institut médico-éducatif (IME) jouer avec 27 élèves de cours préparatoire (CP) de l'école élémentaire du 105 rue Lemercier, dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Cette rencontre a été organisée entre les deux établissements voisins dans le cadre d'une opération nationale de sensibilisation des élèves de CP et des enseignants initiée par l'Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei), qui fédère 750 associations.
Installés autour de différentes tables, les enfants dessinent, construisent et assemblent, ensemble, les petits spontanément attentifs à faciliter les jeux des grands. Emmanuel est trisomique. Il ne parle pas. Mathieu s'inquiète. "Maîtresse, il peut faire ce qu'il veut avec la pâte à modeler ?" "Tu vas lui apprendre", répond Françoise Goninet qui court de table en table, tandis qu'Emmanuelle Séjourné, éducatrice spécialisée, surveille les tentatives d'Emmanuel de manger la pâte.
"Ca les éveille un peu, pour certains, ils s'intéressent davantage que quand c'est nous qui les faisons travailler", explique cette jeune femme, qui s'occupe de l'éveil des enfants handicapés à l'IME. Elle s'extasie devant la patience et l'affection de Dany pour Alexandre, lorsque le petit garçon lui montre le pochoir réalisé seul par le petit autiste.
"On a beaucoup de mal à les mêler à d'autres enfants, quand on les emmène au square, ils restent toujours dans leur coin", ajoute-t-elle.
Pour ne pas effrayer les enfants, la matinée a été préparée des deux côtés. Les élèves de CP ont étudié avec leur professeure une édition spéciale du Petit Quotidien consacré au handicap mental. "On a beaucoup discuté autour de la différence", assure Mme Goninet.
La classe a ensuite pris un premier contact avec les petits handicapés à l'IME. "Il y a beaucoup de monde, beaucoup de bruit, ils ne sont pas dans leur cadre habituel et ça fait beaucoup de stress: il fallait éviter qu'ils soient trop paumés aujourd'hui", raconte Emmanuelle Séjourné à propos des petits handicapés.
Et de fait, les deux univers semblent se moquer des réticences de la société. "On joue ensemble, ça change", affirme en souriant Tracy, qui est trisomique. A côté d'elle, Andréa, 6 ans, trouve qu'"elle joue bien". Toutes deux veulent "recommencer" l'expérience.
"L'institutrice souhaite renouveler cette matinée de jeux une fois par mois mais il faut aussi que les CP restent partants", nuance Annie Widory, la directrice de l'école élémentaire.

lum/bp/ide

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