Entreprises adaptées : les femmes à l'honneur le 12 février

Pour la 1ère fois, une journée est dédiée aux femmes en entreprises adaptées le 12 février 2015. Elles offrent leur talent à des métiers qui se féminisent. Sébastien Citerne, DG de l'Unea, parlent d'elles "parce qu'elles le valent bien!".

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Handicap.fr : C'est une première en France. Le 12 février 2015, l'Unea organise une journée « Égalité hommes/femmes, les bonnes pratiques en entreprises adaptées ». Comment vous est venue cette idée ?
SC : Nous avions discuté avec des dirigeantes d'entreprises adaptées (EA) qui souhaitaient avoir un espace d'expression pour parler entre elles de leurs problématiques et de celles de leurs employées. Après avoir échangé avec ce petit groupe, nous nous sommes dit qu'il était intéressant de se pencher sur cette question, d'aller à la rencontre de parcours singuliers et donc de créer un évènement pour partager les bonnes pratiques de l'égalité femme/homme, sous l'angle des entreprises adaptées.

H.fr : Pour mémoire, rappelez-nous ce qu'est une entreprise adaptée ou EA.
SC :
La loi de 2005 a positionné l'EA dans le milieu ordinaire de travail. Elle doit employer dans ses effectifs 80% de personnes en situation de handicap. Grâce à l'accompagnement spécifique qu'elle propose à ses salariés, elle favorise la réalisation de leur projet professionnel en vue de la valorisation de leurs compétences, de leur promotion et de leur mobilité au sein de la structure elle-même ou vers d'autres entreprises.

H.fr : Quel est l'objectif de cette rencontre « femmes » ouverte à tous ?
SC : Tout d'abord, je tiens à préciser qu'elle est organisée par Handiréseau et se tiendra à Levallois-Perret (92). Elle s'adresse aux salariées, aux dirigeants et dirigeantes, ainsi qu'au personnel d'encadrement et à l'ensemble des salariés des EA, en situation de handicap ou non. Sa marraine, Catherine Barba, est une pionnière du e-commerce et marraine de l'association « Nos quartiers ont du talent ». Notre objectif est de mettre en valeur, par le biais de Trophées, neuf salariées dont les exemples pourraient permettre à d'autres de penser que tout est possible. Ils distingueront des femmes au parcours exceptionnel, d'autres qui font preuve d'innovation dans la production ou dans le bien-être de leurs collègues et enfin des employées qui se sont parfaitement adaptées à un nouveau métier.

H.fr : Lorsqu'on pense « emploi adapté », on pense le plus souvent « masculin »… A tort ou à raison ?
SC : Disons que, jusqu'en 2008, les postes en EA étaient à plus de 70% occupés par des hommes. Cela s'explique par la nature des activités proposées alors, principalement de la sous-traitance industrielle. Son fonds de commerce, c'était le câblage, l'industrie automobile ou l'électroménager mais aussi le conditionnement ainsi que les travaux paysagers. Des métiers physiques plutôt adaptés aux hommes. Et puis, à la faveur de la loi handicap de 2005 qui a étendu le champ du handicap au polyhandicap et aux maladies psychiques (nous en accueillons de plus en plus qui tentent de se reconstruire), mais aussi de la crise dans l'industrie, le secteur a dû s'adapter et s'ouvrir à de nouvelles activités dans le tertiaire, comme la blanchisserie, la restauration, la propreté, les travaux administratifs, la numérisation, la saisie informatique… Des tâches moins contraignantes physiquement et réputées plus accessibles aux femmes. Aujourd'hui, on compte environ 60% d'hommes pour 40% de femmes. La tendance est manifeste : les EA se féminisent !

H.fr : Y-a-t-il des secteurs où elles sont encore absentes ?
SC : Le jardinage par exemple ; c'est une population masculine à 90%. C'est un secteur rude, contraignant, avec des chantiers en extérieur, des horaires moins flexibles. Ce n'est pas le genre de métier auquel les femmes aspirent en général…

H.fr : Mais pourquoi faire une distinction de sexe ? Les femmes ont-elles besoin que l'on s'occupe plus particulièrement d'elles ?
SC : Nous ne revendiquons pas, pour les entreprises adaptées, des spécificités particulières sur le thème de l'égalité femme/homme mais sommes cependant convaincus que le secteur gagnerait à échanger davantage sur les enjeux de cette égalité professionnelle dans l'entreprise. Depuis 2012, comme toutes les entreprises d'au moins 50 salariés, elles doivent avoir mis en place un plan d'action dans ce domaine qui vise à lutter contre les discriminations, les inégalités de salaire, à promouvoir le déroulement de carrière.

H.fr : Vous deviez vous assurer que les EA avaient agi dans ce domaine et vous avez mené votre enquête…
SC : Oui elle a été menée en septembre 2014 en collaboration avec l'ORSE (Observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises), à la demande de l'Unea, auprès de l'ensemble des entreprises adaptées du territoire. Ses conclusions seront révélées à l'occasion de notre journée du 12 février 2015.

H.fr : Constate-t-on, comme trop souvent ailleurs, des différences de salaire pour un même poste ou des réticences en termes de promotion ?
SC : Les EA ont vocation à employer des personnes qui sont déjà discriminées par leur handicap alors ce n'est pas vraiment notre état d'esprit de discriminer sur la différence, en l'occurrence le sexe. A poste égal, c'est donc salaire égal. Et, en matière d'évolution de carrière, les femmes sont tout autant promues à des postes supérieurs. Faut-il rappeler que la raison d'être d'une EA, c'est justement de mettre l'humain au cœur de son activité ?

H.fr : Être femme et handicapée dans l'emploi est-ce la double peine ? On sait qu'elles sont d'ordinaire plus pénalisées sur le marché de l'emploi, en particulier en temps de crise…
SC :
Je ne vois pas de différence avec les hommes. Dans les EA, l'accès à l'emploi est très dépendant de la mobilité. Il n'y en a que 730 en France et les zones rurales ne sont pas toutes couvertes. Les travailleurs handicapés sont donc parfois obligés de parcourir de longues distances pour trouver du travail. Les femmes seraient-elles plus pénalisées par ce problème ? Je ne pense pas.

H.fr : Peut-être lorsqu'elles ont une famille et doivent accorder du temps à leurs enfants…
SC :
Vous savez, les hommes aussi s'occupent de leurs enfants. Mais il est vrai que le modèle des EA permet une certaine souplesse en termes d'horaires, et notamment par le biais de temps partiels, qui a certainement tendance à favoriser les femmes qui souhaitent ne pas dégrader leur vie de famille.

H.fr : Il n'existe donc pas de politique RH (ressources humaines) de l'Unea plus spécialement dédiées aux femmes ?
SC : Non. La spécificité des EA est qu'elles sont naturellement attentives aux demandes de leurs employés, qu'ils soient femmes ou hommes. Il n'y a donc pas de discrimination positive ou négative.

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Journée du 12 février 2015, de 9h à 18h, auditorium Lagardère Active, 149/151 rue Anatole France, 92300 Levallois-Perret. Métro Pont de Levallois (ligne 3).
Entrée gratuite – Pour participer à la journée de débats et d'ateliers, inscription obligatoire avant le 5 février 2015 par mail : femmes-en-ea@handireseau.fr

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* UNEA : Union nationale des entreprises adaptées

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