Fillette autiste maltraitée : ses parents aux assises

Serena a été cachée par ses parents durant deux ans et retrouvée en 2013 dans le coffre d'une voiture. Selon certains experts, elle serait atteinte de troubles autistiques. Pour ces faits criminels, ses parents risquent 20 ans de prison.

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C'est un rapport d'expertise, cité le 12 juillet 2016 par le parquet de Brive-la-Gaillarde, en Corrèze, qui l'affirme. Serena, la fillette qui avait été cachée par ses parents et finalement retrouvée en octobre 2013 dans le coffre d'une voiture, souffre d'autisme causé par les privations qu'elle a subies durant deux ans. Les faits reprochés aux parents de l'enfant, mis en examen, sont donc désormais passibles de réclusion criminelle devant une cour d'assises, indique dans un communiqué Laurent Czernik, procureur de la République de Brive. La découverte de la petite fille, sale, nue, déshydratée et en carence manifeste de soins, le 25 octobre 2013 dans le coffre d'une voiture que sa mère déposait chez un garagiste à Terrasson (Dordogne), avait suscité l'émoi en France et soulevé de nombreuses questions sur cette dissimulation exceptionnelle.

« J'ai essayé de la maintenir en vie »

Sa mère, Rose, mariée et élevant normalement trois autres enfants, avait expliqué peu après lors d'un entretien télévisé comment elle avait donné naissance, seule, chez elle, le 24 novembre 2011 à l'aube, à la fillette. Cette mère de famille, qui résidait à Brignac (Corrèze), un petit village situé à une vingtaine de kilomètres de Brive, assurait n'avoir pu parler de cette naissance, qu'elle avait donc gardée secrète, y compris pour son mari selon elle. « C'est un bébé qui a vécu dans ma maison, dans une pièce où personne n'allait, avait-elle affirmé. Pour moi, je ne l'ai jamais maltraitée, je ne pouvais pas m'en occuper comme je me suis occupée de mes trois premiers enfants, mais j'ai essayé de la maintenir en vie ». Son avocate avait rapidement évoqué la thèse d'un déni de grossesse.

Un syndrome autistique irréversible ?

Les deux parents avaient été mis en examen pour privation de soins par ascendant, violence habituelle sur mineur et dissimulation. Des délits passibles au plus de dix ans de prison devant un tribunal correctionnel. Mais un nouveau rapport d'expertise reçu le 26 mai 2016 par la juge d'instruction établit un « lien de causalité » entre l'isolement imposé au bébé durant les premiers mois et « un syndrome autistique vraisemblablement irréversible » diagnostiqué chez l'enfant. Lorsqu'ils ont examiné Serena, les experts ont relevé que « la sphère de la communication et notamment de la communication verbale était gravement altérée. Le langage comportait des sons sommaires qui n'étaient pas adressés à autrui sauf, à des moments privilégiés, à son assistante maternelle, précise le procureur de Brive. Il pouvait être considéré que les conditions dans lesquelles elle avait été enfermée dans l'obscurité et sans contact avec les personnes environnantes avaient entraîné une désorganisation précoce des récepteurs, et que, passé ce stade, les altérations prenaient un caractère définitif ».

Riposte des asso : on ne devient pas autiste

Sur le plan du développement physique, les experts ont noté que la fillette, bien qu'âgée de 4 ans au moment de l'examen, présentait un « développement réel de 3 ans sur le plan postural et de 18 mois pour les coordinations ». D'après ce constat, Serena souffrira donc d'une « incapacité permanente qui sera certainement importante » mais encore impossible à évaluer définitivement. Des séquelles qui résultent de la maltraitance psychologique et émotionnelle qu'elle a subie, même s'il n'y a pas eu de violences physiques à son encontre. « Les faits reprochés aux personnes mises en examen peuvent donc désormais être qualifiés de violences habituelles sur mineure de 15 ans ayant entraîné une infirmité permanente, faits de nature criminelle passibles de 20 ans de réclusion et qui seraient alors jugés devant une cour d'assises », explique Laurent Czernik, qui a demandé le dessaisissement au profit du pôle de l'instruction criminelle du tribunal de Limoges.

Cette affaire suscite un vif émoi au sein des associations de personnes autistes qui affirment que l'on nait autiste et qu'on ne le devient pas suite à des actes de maltraitance. Et rappellent avec détermination qu'il ne faut pas confondre des symptômes de type autistique et un autisme !

© Tropical studio / Fotolia

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