Film L'œil du tigre : Laurence, aveugle, nous met KO

Pour son 1er long-métrage, Raphaël Pfeiffer montre une image positive du handicap à travers l'histoire de Laurence, aveugle. Un film touchant qui traite avant tout d'une femme forte, drôle et authentique. En salle le 19 décembre 2018.

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Laurence vit au cœur de la Mayenne avec son mari agriculteur et ses deux garçons. Son rêve : devenir championne de Viet Vo Dao, un art martial vietnamien. Mais ce n'est pas une mince affaire, surtout quand on n'a jamais fait de sport, qu'on aime faire la fête et qu'on a perdu la vue il y a plus de quinze ans... Une histoire vraie à découvrir au cinéma dans le docu-fiction L'œil du tigre.

Vivre intensément

Au premier abord, le spectateur pourrait croire que Laurence Dubois est une personne comme les autres... Mais, après quelques minutes, il ne peut que constater son erreur de « diagnostic ». Laurence est une combattante, dans la vie comme à l'écran. C'est cette force qui la caractérise et non son handicap. Elle ne « joue » pas, elle se présente telle quelle est dans la vie de tous les jours, naturelle, spontanée. Elle crie, danse, pleure, rit fort, insulte... Sans tabou, sans masque, sans retenue. Sa volonté, sa rage de vaincre, ses espoirs de devenir championne de France, sa tendresse envers ses enfants, son affection pour son mari, ses soirées alcoolisées... Ce docu « ne porte ni sur le handicap, ni sur le sport, affirme Raphaël Pfeiffer, le réalisateur. C'est un film sur une femme exceptionnelle, qui a eu une vie très difficile, a traversé beaucoup d'épreuves et qui, parce qu'elle est rayonnante, est une source d'inspiration permanente. »

Immersif mais pas dramatique

Dans ce premier long-métrage, Raphaël Pfeiffer envoie tout valser. Il se fiche des « codes conventionnels » et montre au spectateur une autre vision du handicap. Une vision touchante et non larmoyante, drôle mais pas moqueuse, pleine de sensibilité mais loin du pathos ; en bref, une approche immersive mais pas dramatique. Un scénario sur-mesure pour sa muse ! La motivation du réalisateur ? « Un ami me l'a présentée, et faire un film avec elle s'est imposé comme une évidence », répond-il simplement. A l'origine, il pensait faire un portrait d'une dizaine de minutes. « Il y avait chez elle quelque chose de fascinant, notamment dans son rapport à sa famille. Cela touchait à des thèmes qui dépassaient le quotidien d'une personne en situation de handicap. Il fallait creuser, rester, filmer. »

La positive attitude

Laurence est née avec un glaucome rendant ses yeux très fragiles. Elle savait dès le début à quoi s'attendre... A 17 ans, elle perd son premier œil et, à 33 ans, se retrouve dans l'obscurité totale. Elle est triste mais, comme à son habitude, tente de positiver : elle peut enfin faire le sport qu'on lui avait interdit à cause de sa fragilité oculaire. « Oui, elle est en situation de handicap, cela fait partie intégrante de ce qu'elle est. Elle a, par moments, besoin d'assistance, tout en refusant une position de victime : elle est fière de ne pas utiliser de canne chez elle. Son handicap l'a poussée à être exigeante avec elle-même mais elle n'est pas réduite à ça. C'est quelqu'un qui a un caillou dans sa botte mais que cela pousse à courir plus vite que les autres. »

Le sport : une thérapie

Les professionnels de santé sont unanimes : le sport, c'est bon pour la santé, y compris pour les personnes handicapées ! Solution pour se défouler, outil thérapeutique... Ses bienfaits sont nombreux, Laurence en est convaincue. « Grâce au Vovinam Viet Vo Dao, elle obtient une reconnaissance qui lui permet de surmonter des moments difficiles. Parce qu'il lui arrive de ressentir de la tristesse à propos de son handicap, même si elle vit globalement bien avec, confie le réalisateur Raphaël Pfeiffer. Le sport est également vecteur de socialisation et peut favoriser la confiance en soi. « La perception des autres a évolué. Elle a d'abord suscité la curiosité : une femme non voyante qui s'entraîne dans un dojo, ce n'est pas courant. Aujourd'hui, elle est une porte-parole des questions liées au handicap au sein des instances de son sport. »

Les covoit' solidaires

Pour suivre les aventures de Laurence, rendez-vous dans les salles obscures le 19 décembre 2018. A l'occasion de la sortie du film, Laurence s'associe avec BlaBlaCar pour organiser des « covoit' solidaires », les 22 et 23 décembre afin d'inciter le plus grand nombre à emmener bénévolement les personnes à mobilité réduite au cinéma. Cette initiative a lieu dans toute la France. Pour participer, il suffit de proposer son trajet sur le site www.loeildutigre-lefilm.com. Enfin, la fondation Visio a financé la mise en audiodescription du film afin qu'un maximum de personnes déficientes visuelles ou aveugles puissent découvrir cette histoire vraie.

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Cassandre Rogeret, journaliste Handicap.fr"
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