Tour de France voile, les skippers handi-valides classés 19è

L'équipage handi-valide de la Fondation FDJ est arrivé à Nice le 29 juillet 2016 ; les marins ont terminé la course sans leur co-équipier Damien Seguin, de l'association Des Pieds et des mains. Retour sur trois semaines d'aventures très intenses.

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Températures caniculaires, brise estivale, ciel sans nuage... C'est sous un soleil de plomb que les trimarans du Tour de France à la voile sont arrivés dans la cité azuréenne le 29 juillet 2016, pour la dernière étape de la compétition. L'équipage handi-valide soutenu par la Fondation FDJ (Française des jeux) et par l'association Des Pieds et des mains - qui lutte pour l'inclusion du handicap dans le sport- participait à la course pour la deuxième année consécutive. Il est arrivé en 19è position du classement. « Nous sommes un peu restés sur notre faim en termes de performance mais pour le reste, c'est une très belle expérience », confie le porteur du projet Damien Seguin, qui visait, ambitieux, le top 10. En 2016, le skipper handicapé-  il est né sans main gauche - vit ce Tour de France « en pointillés ». Il n'a pas pu participer au départ le 8 juillet 2016 à Dunkerque et s'est arrêté à Gruissan, après six étapes, pour récupérer d'une blessure. Surtout, il se prépare pour les Jeux paralympiques qui démarrent le 7 septembre 2016 à Rio.

Une arrivée dans l'émotion

Deux semaines seulement après l'attentat qui a tué 84 personnes sur la Promenade des Anglais, le contexte de l'arrivée de ce Tour 2016  est particulier. Si l'événement sportif est maintenu, le village d'animation n'est pas installé. Avant de prendre l'eau pour les dernières épreuves, les marins ont rendu hommage aux victimes lors d'une marche, puis déposé un bouquet de roses blanches dans le parc Albert Ier, devant le kiosque à musique, qui fait office de mémorial.

Eric Flageul, la belle rencontre de 2016

Lors des 4 premières étapes, Eric Flageul, second skipper handicapé participant au Tour, rejoint l'équipage FDJ (composé de Pierre Le Clainche, Mathieu Renault, Antoine Joubert et Mathieu Bourdais). Mathieu Renault, insatiable marin qui compte 19 Tours de France à son actif, estime avoir beaucoup appris à ses côtés. A Dunkerque, pour la première étape, ils doivent prendre leurs marques, s'adapter ensemble. « Nous avions beaucoup de mauvais éléments pour nous dès le départ ; les conditions n'étaient pas bonnes, explique Mathieu. Eric avait eu l'habitude des bateaux monocoque. Il est très grand, ce qui n'est pas un avantage sur notre trimaran. Il était donc handicapé par son bras mais aussi par sa taille. Nous avons tous dû nous adapter, faire face à l'imprévu, changer de tactique parfois. » Pour le skipper, naviguer avec une personne handicapée est une première. « J'ai remarqué qu'on ne parle jamais vraiment du handicap. On parle de handisport, on évite même le mot. Avec Eric, sur le bateau, rien que pour la pratique, il fallait en parler franchement », raconte Mathieu. Faire son lacet, enfiler sa tenue pour naviguer, tenir une corde avec une seule main sans pouvoir changer de côté… Ces gestes qui ne sont pas les mêmes en situation de handicap surprennent et suscitent souvent l'admiration chez les co-équipiers. « Cela transforme notre regard lorsqu'on le voit faire au quotidien  », ajoute-t-il.

Deux graines de skippers handicapés

En parallèle à la course, des baptêmes d'initiation à la voile étaient organisés à Roscoff, à Baden, à Hyères et à Marseille (lire article en lien ci-dessous). Mathieu Laperche et Ange Margaron, deux jeunes espoirs handicapés, encadraient les participants lors de navigations sur des petits Weta adaptés. En situation de handicap moteur, ils ont bluffé bon nombre d'entre eux. « A la fin des séances, certains restent ébahis en remarquant le niveau de leurs formateurs malgré leur handicap », s'enthousiasme Tiffen Seguin, chargée des projets de l'association Des pieds et des mains, mariée à Damien. Repérés en 2015, les deux skippers sont formés pour aller loin. « L'objectif est de les faire participer au Tour en 2017. C'est très ambitieux, nous verrons s'ils atteignent le niveau suffisant mais ils ont un réel potentiel », estime Damien.

Les « successeurs » de Damien Seguin ?

Pour ces jeunes, le challenge est de taille mais motivant. Il donne l'occasion de s'affirmer, de se donner des responsabilités tout en s'amusant. De gagner en confiance et de s'exprimer plus facilement : « Au début du Tour, Mathieu n'osait pas beaucoup prendre la parole, il parlait à peine. Après la 4è étape, il prenait le micro, s'exprimait avec beaucoup plus d'aisance !  C'est une évolution incroyable », remarque Tiffen. En 2016, les baptêmes ont rencontré un grand succès ; 120 personnes ont pu en profiter. Pour Damien, qui oscille entre le handisport et la pratique sportive valide (il est sorti 8è de la Route du Rhum) le projet d'équipage handi-valide est une histoire qui doit durer. « Lorsque Damien ne fera plus de voile paralympique, il pourra être remplacé à son tour par des navigateurs handivalides. Ange et Mathieu pourraient reprendre le flambeau, entraîner à leur tour d'autres skippers qui les remplaceront, explique Tiffen Seguin. C'est aussi ça, notre projet. Maintenir l'inclusion du handicap dans la durée ». Un projet à la hauteur des ambitions du navigateur, qui tient parfaitement la barre lorsqu'il s'agit, partout autour de lui, de changer le regard…

©  Aimée Le Goff

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"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Aimée Le Goff, journaliste Handicap.fr"
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